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Critique d'album

Radio Moscow


Magical Dirt


(30/06/2014 - Alive - Blues-rock psychédélique - Genre : Rock)
Produit par

1- So Alone / 2- Rancho Tehama Airport / 3- Death of a Queen / 4- Sweet Lil Thing / 5- These Days / 6- Bridges / 7- Gypsy Fast Woman / 8- Got the Time / 9- Before It Burns / 10- Stinging
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le revival hendrixien à son apogée, et le meilleur album de Parker Griggs."
Nicolas, le 03/09/2014
( mots)

Ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et croyez-nous, la peau de Parker Griggs est sacrément dure. On le croyait à bout de souffle, à court d’idée, en pleine phase de radotage et d’enfermement alors qu’il nous livrait, il y a trois ans, une grande évasion de Leslie Magnafuzz qui nous avait sérieusement déçus en raison de ses délires psychédélico-réverbérisés. Autant dire que le premier contact avec la pochette de Magical Dirt, avec son gigantesque champignon (hallucinogène) régnant sans partage sur une vallée jaune citron, n’avait vraiment rien de rassurant. Et pourtant, qu’on ne s’y trompe pas : Radio Moscow signe ici un superbe manifeste hendrixien, peut-être même son meilleur album à ce jour.

Manifeste hendrixien, car oui, le gaucher de Seattle inspire de plus en plus le droitier de Story City. Si le premier disque de la radio moscovite rappelait tout autant le grand Jimi que les autres power trios à la mode à la fin des années 60, Jeff Beck Group, Cream et Blue Cheers, ce quatrième album semble prendre directement la relève du Voodoo Child, notamment dans ses émoluments posthumes. On le sait, l’une des plus grandes qualités de Jimi Hendrix a toujours été d’instaurer dans ses titres, au sein de sa propre personne, un dialogue permanent entre voix, riffs et solos, et autant dire que Parker Griggs semble avoir enfin trouvé cet équilibre. Magical Dirt est son album le plus direct, le plus énergique, le plus mélodique, le plus cohérent, le moins autiste également. Comme si le chevelu avait cessé de s’arc-bouter sur ses propres fantasmes, de jouer pour son seul plaisir et selon ses aspirations propres et qu’il s’était décidé à exprimer, à communiquer et à transmettre. Ici, on ne reste plus simplement distant et admiratif d’un artiste qui se fait plaisir, on communie complètement à la matière proposée. Autant dire qu’avec un disque pareil, le revival late 60’s risque encore de séduire et d’en convertir quelques uns.

D’autant que Griggs a préféré délaisser l’opacité et la lourdeur du son pour se concentrer sur l’allant et l’énergie. A ce titre, l’entame réalisée à toute berzingue et en tricotage de manche sur "So Alone" séduit immédiatement par son groove et la célérité de ses doigtés. On dirait que l’homme plénipotentiaire de Radio Moscow, si cela était encore possible, a fait des progrès à la guitare. Quoi qu’il en soit, la technique déployée ici a de quoi laisser pantois. Idem quand le tempo s’accélère davantage et que les crochets du gauche et du droit s’enchaînent ("Rancho Tehama Airport"), même si, là aussi, Griggs a l’intelligence de laisser le morceau respirer le temps de quelques ponts. On parlait d’Hendrix, et on ne sait d’ailleurs plus trop si on doit évoquer "Room Full Of Mirrors" ou un succédané des Red Hots version chaussette sur la teub pour illustrer "Death of a Queen", parfait mélange entre hommage appuyé et détournement d’héritage. La comparaison prend même une dimension assez grisante quand l’homme à la manoeuvre emprunte au vocable du génie black ("Gypsy Fast Woman", un nom hendrixien en diable qui cache un titre tout en fuzz, triturations de voix, torrents électriques et effets d’échos en pagaille). Parker sait faire pulser sa musique ("These Days" avec ses riffs énervés et trépidants) ou se laisser gagner par le swing lorsque la wah-wah l’exige ("Got The Time", hyper sexy et groovy). Une fois de plus, la basse est le parent pauvre du groupe, et Anthony Meier, cinquième (!!!) gratteur de quatre cordes en quatre albums et onze ans d’existence, n’a que peu l’occasion de s’exprimer entre les prodiges omniprésents de la guitare et la batterie façon Mitch Mitchell du sorcier Griggs, au point même que le riff de bassiste entendu sur "Before It Burns" se voit systématiquement doublé par la stratocaster (à signaler également sur ce morceau un long pont psyché aux couleurs orientales très joliment tressées). Finalement, c’est encore dans ses morceaux lents et/ou acoustiques que le moscovite se différencie le plus de Jimi. Si "Stinging", en conclusion, aurait mérité peut-être un peu moins d’aboiements rèches dans le micro, on ne boudera pas son plaisir à l’écoute des slides grisants de "Bridges" ou de la pause blues offerte par le tranquille "Sweet Lil Thing".

A ce niveau là, c’est vraiment bonnard. Magical Dirt est un album d’une solidité à toute épreuve, d’une technicité prodigieuse (rares sont les guitaristes à pouvoir trousser des soli aussi improbables), d’un intérêt élevé et constant, et la preuve par A + B que lorsque l’on en a les moyens, on peut tutoyer le répertoire blues psyché de Jimi Hendrix sans se vautrer dans le ridicule. Et ridicule, ce dernier album de Radio Moscow ne l’est nullement, bien au contraire. Les anciens convertis pousseront un ouf de soulagement après un troisième opus décevant, quant aux autres, on ne saurait trouver les mots pour qu’ils aillent jeter une oreille à cette crasse magique qui risque d’en faire triper plus d’un, et pour un bon moment. Hats Off, Parker Griggs.

 

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