The Black Belles
The Black Belles
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1- Leave You with a Letter / 2- In a Cage / 3- Wishing Well / 4- Honky Tonk Horror / 5- The Wrong Door / 6- Breathing Down My Neck / 7- The Tease / 8- Howl at the Moon / 9- Pushing Up Daisies / 10- Not Tonight / 11- Hey Velda
Au risque de paraître quelque peu désobligeant avec The Black Belles, pour évoquer le premier album de ces quatre demoiselles il faut avant tout parler de l'inévitable Jack White. Puisque les Whites Stripes ne sont plus qu'un souvenir et que les Raconteurs ou les Dead Weather ne sont pas encore de saison, il fallait bien que le boulimique de Nashville trouve quelques occupations. Et c'est avec son label Third Man qu'il s'affaire à recycler ses dons de faiseur au lieu de s'aventurer créateur. Si Karen Elson n'est plus quotidiennement son égérie et que Wanda Jackson n'a plus l'âge de nous émoustiller davantage, les Black Belles ont eu, à leur tour, l'avantage d'avoir Jack White comme metteur en scène. Et sous la lanterne de Monsieur Jack, il faut bien reconnaître que leur look gothico-country-rock colle parfaitement à l'image que l'on peut se faire d'aguichantes sorcières qui hanteraient nos nuits.
Mais avant même de s'aventurer à écouter sa nouvelle découverte (il a également produit et mixé l'album) on peut légitimement se poser une question : ce quatuor féminin aurait-il vu le jour sans Jack White ? Si la chanteuse-guitariste Olivia Jean se défend de faire partie d'un groupe préfabriqué en racontant qu'elle et ses amies se sont trouvées sur la toile et que leur goût pour les robes et les chapeaux noirs les a définitivement rapprochées, la vérité se fait jour sans tarder. A l'image de leur esthétique, la patte de Jack est beaucoup trop pregnante dans leur garage-rock 60's pour qu'elles apparaissent complètement libres. Elles semblent engoncées, voire trop influencées. C'est immédiatement perceptible avec le morceau "In a Cage" qui n'est qu'un sous "Icky Thump" et si "Wishing Well" fait entendre quelques intentions plus personnelles, elles restent vaines. Il faut même attendre le premier single "Honky Tonk Horror" pour vibrer. Il est de loin le titre le plus travaillé, à défaut d'être complètement original, puisqu'il a les allures d'un morceau des White Stripes, des Raconteurs et des Dead Weather réunis. La musique tient donc la route, mais la voix d'Olivia Jean manque sensiblement d'assurance et de puissance. Elle en devient presque lassante. Alors que la surfante "Wrong Door" semble conduire dans une impasse, la fin de l'album, avec "Pushing Up Daisies" (toujours aussi Dead Weather) et la ballade organ(isée) "Not Tonight", laisse cependant quelques espoirs.
De quoi leur laisser le bénéfice du doute ? Si la cohésion prenait véritablement forme au sein du groupe, la destinée de ces Black Belles pourrait avoir quelques chances de durer. Mais encore faudrait-il qu'elles aient un talent personnel pour ne pas totalement subir les influences de leur mentor. D'ailleurs, c'est peut-être en cela que réside la plus grande déception de cet album. Le génie de Jack White n'est plus à démontrer mais il semble qu'il soit ici à court d'idées. On ose croire que cette vérité du moment ne soit qu'un faux-semblant car pour The Black Belles, comme pour lui, la suite devra être beaucoup plus audacieuse s'ils veulent véritablement réussir leur opération séduction.