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Critique d'album

The Libertines


All Quiet On The Eastern Esplanade


(05/04/2024 - EMI - Power Garage Pop - Genre : Rock)
Produit par Dimitri Tikovoï

1- Run Run Run / 2- Mustangs / 3- I Have A Friend / 4- Marry Old England / 5- Man With The Melody / 6- Oh Shit / 7- Night Of The Hunter / 8- Baron's Claw / 9- Shiver / 10- Be Young / 11- Songs They Never Played On The Radio
Note de 4/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Concessions amicales"
Julien, le 14/04/2024
( mots)

Un album publié sous le ciel de l'apaisement serait une bonne synthèse du contexte qui accompagne la sortie du quatrième album de The Libertines, All Quiet On The Eastern Esplanade. Une sérénité émanant du couple Barât-Doherty qui a enfin trouvé plénitude et pacifisme, bien loin des tumultes égocentrés de leurs jeunes années. Si l'âge, et la maturité qui en découle, est un des facteurs de cette fraternité renaissante ; la genèse, elle, est venue de la désintoxication de Peter Doherty après sa cure effectuée en Thaïlande. Une reconstruction physique et mentale du dandy anglais qui s'est faite entourée par ses trois compères venus l'accompagner dans ce processus, duquel aboutissait le troisième disque, publié après dix années de silence, Anthem For Doomed Youth. De cette sincère amitié retrouvée naîtra l'hôtel Albion Rooms, comme un sanctuaire dédié aux gloires passées et à venir du quatuor. Un projet qui s'est concrétisé en parallèle de probantes réalisations menées en marge de The Libertines. Let It Reign voyait Carl Barât exceller, avec ses Jackals, dans un répertoire rock pur et brut quand Doherty brillait dans les aspirations baroques avec The Fantasy Life of Poetry and Crimes paru en 2022.
C'est là toute l'ironie, un brin tragique, du disque qui nous intéresse aujourd'hui. Ce que The Libertines a gagné en liant humain et affectif, le groupe l'a perdu en alchimie artistique. Jamais Carl Barât et Peter Doherty n'ont paru si éloignés sur le plan musical.
Deux univers irréconciliables qui doivent cohabiter le temps d'un album.


Ainsi All Quiet On The Eastern Esplanade transpire la concession. La plus flagrante d'entre elle vient du morceau "Baron's Claw" qui, à l'écoute de son ambiance piano-bar, aurait eu fière allure sur l'un des projets, en solo, de Doherty. A l'opposé, la réponse ne s'est pas faite attendre, avec "Oh Shit" qui pourrait s'avancer avec une belle gueule de nouveau single pour Carl Barat and the Jackals. Rien d'étonnant donc à ce que ces deux titres éludent le mariage vocal de ses auteurs.
S'il serait injuste de parler de "mauvaises" compositions, cette impression qui voit se mêler agrément et fragmentation dans la ligne artistique vient éroder l'essence originelle du son de The Libertines. Seule la piste "I Have A Friend" porte en elle ce punk poussiéreux, brillant par ses approximations titubantes maintenues en équilibre par le souffle conjugué de ses leaders se partageant le même micro. 


Pour le reste, la quatrième production des britanniques voit leur musique écorchée, nerveuse, être substituée par des compositions surproduites où les chœurs et les cordes s'avèrent omniprésents ("Merry Old England", "Songs They Never Play On The Radio"). Un parti pris dans la production, bien dommageable, qui fait dans la surenchère à l'image d'un "Shiver" à l'orchestration abusive. Comme si le producteur français, Dimitri Tikovoï, s'était trouvé désemparé par la nette progression technique du chant de Doherty. Un esthétisme qui nous éloigne de ces compositions mélancoliques. Celles-là même que l'on pouvait, autrefois, toucher du doigt par leur approche minimaliste qui laissait émaner cette fragilité dépouillée. Dès lors, on se satisfera d'un "Night Of The Hunter", contenant une intégration intelligente du "Lac des Cygnes", sur lequel l'harmonie vocale de Doherty et Barât permet de retrouver des saveurs romantiques.
Une rupture avec la racine musicale qui sera un peu plus appuyée avec l'intégration du piano comme l'un des protagonistes principaux de cet opus. Un choix qui rajoute un surplus de confusion à ce All Quiet On The Eastern Esplanade, souligné par un "Man With The Melody" déconcertant qui voit le batteur Gary Powell s'emparer du chant sur le premier couplet avant que le morceau ne s'enfonce dans un marasme orchestral bien terne et difficilement rattachable à la musique de The Libertines


Le dernier opus des quatre "lads" d'Albion est un disque étrange qui satisfera difficilement les adeptes de la première heure.
All Quiet On The Eastern Esplanade est un album multipliant les contradictions générées par d'amicales concessions faites par deux artistes qui évoluent dans des sphères musicales radicalement éloignées. Pris sous un angle positif, ce disque confirme l'évolution technique de Peter Doherty et la pertinence de Carl Barât dans le rock à guitares. Ainsi, "Run Run Run", surement le meilleur titre de All Quiet On The Eastern Esplanade, nous pousse à réclamer un nouvel album de … Carl Barat and the Jackals.


A écouter : "Run Run Run" ; "I Have A Friend" ; "Night Of The Hunter"

Commentaires
MathildeAR, le 18/04/2024 à 08:53
très bonne chronique, tout à fait d'accord avec toi !