The Men
New York City
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1- Hard Livin' / 2- Peace Of Mind / 3- Echo / 4- God Bless The USA / 5- Eye / 6- Eternal Recurrence / 7- Round The Corner / 8- Through The Night / 9- Anyway I Find You / 10- River Flows
L’histoire de The Men, et non celle de l’humanité, commence il y a une grosse quinzaine d’années, à New York. Des membres fondateurs ne restent aujourd’hui que les guitaristes chanteurs Mark Perro et Nick Chiericozzi, à qui se sont petit à petit ajoutés une section rythmique stable, à savoir Rich Samis derrière les fûts et Kevin Faulkner à la quatre cordes.
Force est de constater que le titre de ce nouvel opus, le neuvième pour les prolifiques rockeurs de Brooklyn, fleure bon le retour aux sources. Non pas que les musiciens se soient particulièrement éloignés de leur garage punk teinté de noise rock des débuts, mais ce New York City fait office d’exercice de synthèse des productions passées.
Les premiers albums des bonshommes se caractérisaient par leur style abrasif et leur production sommaire. L’inspiration Buzzcocks, ou Fugazi, est présente, tout comme celle de groupes plus contemporains. Certains morceaux de Open Your Heart, premier véritable succès critique du groupe, évoquent ainsi les Hives version crado. On retrouve cet état d’esprit d’urgence sur des morceaux comme "Echo", "Round the Corner" ou le moins accessible "Eye", sur lesquels la case post-production semble avoir été carrément mise de côté. La voix de Perro est brute et l’aspect “démo” rend l’écoute pas toujours évidente, ni agréable (en particulier sur "Eye"). Historiquement, des albums de rock se sont distingués par leur production et la coloration qu’apportait celle-ci aux compositions. D’un côté du spectre, le vrai-faux do it yourself du premier Strokes, de l’autre, le mur du son cocaïné du Be Here Now d’Oasis, fossoyeur en chef de l’ère dorée de la Britpop.
Cela dit, The Men ont également prouvé qu’ils avaient de la ressource et plus de variété qu’on ne pourrait le déceler à la première écoute. Les deux dernières galettes du groupe, Drift et surtout Mercy en 2020, avaient déjà démontré leur capacité à proposer des compositions plus apaisées et plus cérébrales. En bon album composite, New York City regorge également d’exemples appuyant ce propos. La basse virevoltante de "Through the Night" propose un punk dansant aux faux airs de Parquets Courts, même si la performance vocale se rapproche davantage des égosillements de Pelle Almqvist des Hives mentionnés plus haut. Le constat s’applique également au réjouissant "God Bless the USA".
L'enchaînement parfait entre "Hard Livin’" et "Peace of Mind" font de ces deux titres un monstre à deux têtes qui domine le reste du disque. Une nouvelle preuve que les musiciens sont loin d’être des barbares hardcore, en tout cas pas seulement.
Des influences shoegaze font également irruption, en particulier sur l’excellent "Eternal Reccurence", et ce sont les Australiens de Rolling Blackouts Coastal Fever qui viennent assez rapidement à l’esprit. "I want to be free" / "Je veux être libre", claironne le frontman sur le refrain. Le message, à défaut d’être particulièrement subtil, est bien passé. The Men se permet tout ou presque et ne compte pas s’en excuser.
Le riff crunchy et la slide guitare d’"Anyway I Find You" en font une perle quasi pop diablement entraînante et entêtante. Le groupe se permet de rajouter des harmonies sur les ponts et le refrain sans jamais perdre en authenticité.
Jusqu’au dernier morceau, le bluesy "River Flows", l’auditeur n’est pas au bout de ses surprises. Le chant est ici répétitif, monotone, pendant plus de six minutes, tandis que la partie instrumentale, guitare en tête, monte en puissance et se déchaîne en fin de titre et d’album. La constance de la rivière contrebalancée par la fureur du torrent.
Sur Open Your Heart, le titre "Candy" voyait The Men singer les Stones avec un hommage plus qu’appuyé à "Dead Flowers". Onze ans plus tard, on retrouve le groupe avec un album varié, abouti et affirmant un style et une personnalité originale. Un peu comme si The Boys étaient devenus des Hommes.
A écouter : "Anyway I Find You", "Hard Livin'", "Eternal Reccurence"