The Riven
Peace and Conflict
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Le single d’août 2020 ("Windbreaker"/ "Moving On") puis leur tournée européenne de 2022 l’avaient démontré : The Riven voulait évoluer. Leur premier opus, plus qu’honorable, ne manquait pas de charme tout en les plaçant à la remorque de Blues Pills : même nationalité, même type de formation avec chanteuse charismatique, même iconographie, même style inspiré des 1960’s tout en redoublant de saturation … S’il voulait prendre une autre dimension et sortir de l’ombre, le combo devait en effet revoir sa formule, et l’excellent Peace and Conflict vient à point nommé pour nous permettre d’apprécier sa mue.
La pochette annonçait déjà la couleur, signant la fin des dorures psychédéliques inspirées des cartes de tarot du premier opus. Sobre, efficace, on y perçoit une mise en scène de flammes en mouvement qui évoque sans détour une approche plus énergique. En effet, "On Time" électrise immédiatement l’auditeur de son hard-rock direct, endurci par un chant rauque, des interventions mélodiques à la guitare et un solo qui décoiffe. Dans la même veine, le très attachant et enthousiasmant "Fly Free" aux lignes de chant tubesques. Autre évolution, le côté très épique et mélodique, un peu à la Hällas, qu’on retrouve sur "Peace and Conflict", avec ses synthés, son solo en twin-guitars, son rythme lancinant rendant le tout plus lourd et sa performance vocale de haut-vol. Dans une moindre mesure, "The Taker" relève du même registre même si l’écriture est moins alambiquée que celle du titre éponyme.
Tout en voulant se montrer plus rentre-dedans, The Riven n’abandonne aucune ambition dans la composition. Ainsi, "La Puerta del Tiempo" est un intermède en forme de fantaisie flamenca agréable qui évoque "Recuerdos de la Alhambra", ainsi qu’une introduction au mid-tempo éthéré "Sorceress of the Sky", remarquable par sa montée instrumentale orientalisante inspirée par Blackmore et son final acoustique qui fait le lien avec le "porte du temps" hispanisante. Plus loin dans l’album, on retrouve la guitare acoustique dans un tout autre univers, avec une ballade folk intitulée "Sundown" où le chant est aussi habité que puissant.
Quelques titres évoquent tout de même l’esthétique du premier opus, comme "On Top of Evil", aux effluves de "No Quarter" (Led Zeppelin), pièce typiquement stoner et ce jusqu’à la transition à la basse pour accélérer la partie soliste et le final, et le long "Death" aux guitares lourdes renforcées d’effets et aux passages planants. Il y avait de quoi garder cette coloration toujours appréciable quand elle très bien réalisée.
D’espoir en 2019, The Riven est passé au statut de révélation en 2022, avec un deuxième album extrêmement convaincant. Il faut en vouloir pour se démarquer au sein de la scène suédoise pléthorique, et le combo y parvient en ayant su faire évoluer avec pertinence son esthétique. Le groupe est désormais incontournable quand il s’agit d’évoquer les jeunes pousses scandinaves.
A écouter : "On Time", "Peace and Conflict", "On Top of Evil", "Fly Free"