The Veils
Sun Gangs
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1- Sit Down by the Fire / 2- Sun Gangs / 3- The Letter / 4- Killed by the Boom / 5- It Hits Deep / 6- Three Sisters / 7- The House she Lived in / 8- Scarecrow / 9- Larkspur / 10- Begin Again
Finn Andrews et son gang sont de retour avec un troisième album, déjà, et de quoi balancer entre l'envie et une certaine peur... En effet, comment le toujours jeune homme à la sublime voix d'ange écorché peut-il s'émanciper du succès critique de Nux Vomica ? Après cette oeuvre presque parfaite, le présent de The Veils va-t-il s'élever encore ou ne pas réussir à atteindre les sommets escomptés ? Sun Gangs est-il une belle riposte ou une simple réplique ?
D'entrée, le compte est rondement fait, dix morceaux sont à découvrir. Le soleil est annoncé dans le titre, mais la pochette illustre bien ce dont la figure de proue des Veils va nous insuffler. Le fils caché de Nick Cave n'est pas là pour s'amuser, en veine il ne décochera qu'un ou deux sourires. La preuve, dès "Sit Down by the Fire", l'auditeur est convié à une ballade pour gens malheureux, pianotée et chantée en choeur. Où, quand tout va mal, on peut, malgré tout, se consoler en admirant le feu devenir cendres. Avec le titre éponyme de l'album, qui est une suite involontaire à "Under the Folding Branches", la voix et le ton, ralenti, se font encore plus graves : "Where I am going you can't save me". A l'ombre de ses mots, un rayon de lumière va poindre avec "The Letter" et l'envoi d'une ritournelle pop digne de tutoyer les premières places des charts anglo-saxons. Juste le temps d'une courte récréation, dynamitée de suite par le récit de la mort d'un vagabond sans nom, "Killed by the Boom", accompagné d'un mur de guitares, d'une batterie frénétique et d'un hammond halluciné. Le tout rappelant avec force et rage l'époque Tender Prey de Nick Cave & The Bad Seeds. Touché et remué profondément, "It hit Deeps" vient alors à point pour détendre l'atmosphère "avec une musique pour faire l'amour", d'après son auteur. Pas le temps de s'alanguir, les mandolines de "Three Sisters" ne sont là que pour habiller d'accents celtes un titre survolté et comparable à "Kicking Bird" du dernier Woven Hand. Retour à l'inévitable touche pop du groupe avec "The House she Lived in", même si son air détaché par un piano staccato apparaît tout à coup un peu trop léger. Il est aussitôt contrebalancé par "Scarecrow", où la voix nue et l'atmosphère profondément triste l'alourdissent sans déplaisir. Le moment est alors propice pour faire place au morceau de bravoure de l'album : "Larkspur". Une ample divagation musicale, vocale et vocable (plus de 8 minutes) sur l'écriture et le don de soi jusqu'à l'extrême. Elle sonne comme une expiration idéale en nous rappelant le grandiose "The End" de The Doors. Hélas, "Begin Again", malgré son titre prometteur et un duo chant-piano vient perturber inutilement cette fin rêvée.
Les Veils ont avant tout confectionné un album volontairement morcelé en rassemblant toutes leurs aspirations artistiques. De l'amour à la mort, de la pop guillerette au rock le plus désespéré, ces morceaux de vies n'en sont pas épargnés. Et si la grandeur de Nux Vomica n'est pas égalée dans son unité, Sun Gangs n'est donc pas qu'une simple réplique et mérite, une nouvelle fois, que l'on tende l'oreille vers Finn et ses acolytes.