
Trasavallan Presidentti
Lambertland
Produit par
1- Lounge / 2- Lambertland / 3- Celebration of the Saved Nine / 4- The Bargain / 5- Dance / 6- Last Quarters


1973, festival de Reading, rendez-vous incontournable du rock et du jazz-fusion en Angleterre. Le 25 août, aux côtés de Magma et des Faces qui sont en tête d’affiche, Trasavallan Presidentti ("président de la République"), groupe finlandais, expose son set. C’est un des rares groupes du pays à avoir réussi son exportation, même si la volonté était clairement affichée : en 1972 sur Lanbertland, ils choisissent l’anglais comme langue avec un nouveau chanteur, Eero Raittinen, dont l’accent est assez marqué (notamment sur les "r").
Avec Wigwam, ils sont représentatifs des choix de la scène progressive finlandaise : une esthétique très marquée par le jazz-fusion et la scène de Canterbury. La première partie de l’album est la plus jazzy. "Lounge", premier titre de l’album, est caractéristique de leur musique : les ruptures rythmiques, le son de la basse, le solo saxophone presque free, même la façon de chanter, on se croirait chez Soft Machine. Le planant "Lambertland" donne dans une deuxième partie très cotonneuse pour un jazz d’ambiance, alors que "Celebration of the Saved Nine" est plus éclaté, même si la mélodie n’est pas complètement abandonnée.
Il y a aussi quelque chose de zappaïen dans les quelques expérimentations et effusions qui parsèment l’album. "The Bargain" illustre peut-être ceci, quand Raittinen part en duel avec le saxophone : cela prouve que les critiques sur son chant son exagérées.
Les deux derniers titres sont un peu à part dans Lambertland. "Dance", avec une forte présence de la flûte et de la guitare (assez magistrale dans ses envolées solistes et ses riffs), est plus éloignée du jazz, plus rock, avec un air de Focus. La virtuosité de Tolonen à la six-cordes n’y est pas pour rien, puisque le cœur du titre est un long chorus.
Il y a enfin "Last Quarter", ovni magique, qui pourra satisfaire les plus allergiques à l’esthétique fusion. A la première écoute, on est emporté par la mélodie dont on peine à rapporter les émotions qu’elle véhicule (mélancolie ou bonheur pastoral ?). Associé à la flûte et aux notes étendues du chant, ce titre est une sorte d’hymne hippie mâtinée de rock progressif et de relents jazz, évidemment (toute une partie du deuxième mouvement pour ce qui est de la rythmique et du piano). Un titre mémorable et intemporel (quoiqu’ancré dans son époque), auquel on revient souvent.
Lambertland est souvent considéré comme le meilleur album du groupe, il est en tout cas très bon. Les amateurs de curiosités nordiques, comme ceux qui aiment la scène canterburyenne ou jazz-fusion liée au rock progressif, seront servis.