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Billet Albumrock

Billet pour la journée des droits de la femme


Mathilde, le 08/03/2023

Aujourd'hui c'est pas la sainte Mathilde (mais c'est dans moins d'une semaine, faut se la noter quand même) mais je ne peux omettre d'ajouter un petit mot en cette journée internationale des droits des femmes. Etant la seule rédactrice du collectif Albumrock, et même si y a pas qu'un jour pour l'ouvrir, bon ben c'est le jour. Je réitère ici mon expérience de vie/ de Manoeuvre car en un an ces anecdotes n'ont évidemment pas changé. Je vous raconte un peu plus ma vie, et mon point de vue.

Je suis critique rock au sein d'Albumrock depuis 2011 et bien qu'il y ait eu quelques femmes à la rédaction, l'égalité n'a jamais été atteinte, et aujourd'hui je suis la seule girl. Jamais je n'ai décelé de volonté de la part de mes collègues d'aller contre la présence féminine, bien au contraire, seulement les femmes ne viennent pas, ne s'y voient pas? Aimer le rock en tant que femme, et se permettre de le critiquer ? Pour qui nous prenons-nous ? (rire) (grinçant)

Mes consoeurs sont certainement un peu non binaires comme moi, ce fameux qualificatif apparu récemment, tout comme le pronom "iel" rentré dans le Robert fin 2021. En fait, on est tous non binaires. Après on veut le voir ou pas. Mon éducation et personnalités n'ont jamais mis le doute là-dessus, j'ai jamais dû "être femme" via les fringues, la façon de parler, mes choix... Pour ça, je pense être chanceuse sans le savoir. Chanceuse jusqu'à ma trentaine, car pas du tout emmerdée à propos de mon genre dans ma jeunesse....

Oui, on parle beaucoup des problèmes d'harcèlement au collège-lycée mais ce ne fut pas mon cas. Mon mètre 80 était entouré d'autre tiges fille(s) ou garçon(s), ça aide sûrement d'habiter dans le Nord aussi (quand on entend ce que Clara Luciani a pris (cher) à Martigues). Les problèmes sont apparus pour moi à la trentaine, alors que je sortais un peu plus de mon métier libéral qui ne connait pas de machine à café, ni de collègues relous car ils n'existent pas (ou peu).  Etre une femme de trente ans sans enfant, femme qui l'ouvre parce qu'elle trouve ça naturel, et qu'elle a toujours été sa propre patronne (en tous points, sans le vouloir ni le chercher): eh bien ça ne plait vraiment pas à tout le monde. L'effet miroir et tout ça.

Outch sur le terrain de volley, quand toute honte bue, dans une équipe exclusivement masculine, tu sors tes bras (tatoués) et ton service (qui passe le filet). Les gars en mâle d'ego ont su me faire sentir discriminée. trente-cinq piges et ça ne m'était jamais arrivé. Comme quoi, tous les parcours inégalitaires sont différents, mais ils existent bien au bout d'un moment. Malheureusement. Du coup le féminisme, la posture de prendre effectivement partie (et de faire partie) du combat (ç'en est vraiment un) et du sujet est venu à moi. La ville a été alertée pour le désagrément sportif occasionné, on sait que dans le sport il y a besoin d'une sacrée prévention.

Lire des bouquins à ce sujet (je ne peux que recommander la suédoise Liv Strömquist, et dieu qu'on aime les suédois sur Albumrock, et dans le rock en général) n'a fait qu'enfoncer le clou (ou remuer le couteau dans la plaie, au choix). Pour mes consoeurs proches aussi, j'ai vu des trucs moches. Et je pense qu'on est carrément jugeantes entre nous, ce qui n'aide pas. C'est comme s'il fallait être un peu "bitchy" pour être femme (râleuse-emmerdeuse-enjôleuse). Ou alors on doit se montrer carrément effacée, se forcer à afficher un méga sourire face à une méga blague sexiste qui est méga longue aussi.

Le problème avec les phénomènes relous ou toxiques, c'est qu'ils se cachent dans les détails, et partout (même dans le libéral, ça va sans dire). Il suffit d'une réflexion, d'une répétition sociale (mais aussi des proches) pour que le conditionnement se mette en place insidieusement, et qu'on se refuse à faire telle ou telle chose. C'est illogique quand on y pense. Illusoire, carrément. Et ça enferme. Et du jour au lendemain, on s'imagine ne pas pouvoir être critique rock. Et on peut pas dire qu'on soit aidées par les bonhommes du milieu déjà en place.

J'avais un (seul) bouquin écrit par un certain Philippe Manoeuvre (salut l'ami si tu nous lis!) que je suis allée faire dédicacer alors qu'il présentait un (autre) bouquin. Lorsque je lui ai tendu l'ouvrage pour qu'il y signe ce qu'il peut y voir à travers ses lunettes, le monsieur m'a dit de sa voix de porte mal huilée "Ouah mais Mathilde une fille de ton âge qui aime le rock, incroyable, mais c'est toi la star aujourd'hui !!". J'aurais pu être flattée, mais je me suis sentie amère. Du Nord. 

La morale inchangée de l'histoire, c'est qu'on a besoin de plus de collectifs qui font du bruit tel Women on Stage. Que la place doit, de droit, être laissée pour tout le monde pour tous types d'activités. Qu'on laisse les femmes s'exprimer (les hommes ont factuellement tendance à monopoliser le temps de parole lors de débats), c'est simple et pourtant si difficile à banaliser. Seules les femmes peuvent être féministes (puisque ça ne concerne que leurs droits à elles) par contre que les hommes se rallient à la cause, ça serait pas de refus. Seulement pour ça, il faut qu'ils laissent quelques avantages. Pas de quoi avoir mal.

Alors si vous aimez le rock, et l'écrire, femmes, rejoignez-nous!

www.morewomenonstage

Commentaires
MathildeAR, le 09/03/2023 à 18:44
Merci pour vos retours, je comprends que la cause est/ doit être partagée par les hommes, mais j'estime que comme factuellement (at the end of the day comme on dit) c'est les femmes qui trinquent des discriminations, le terme feministe s'appliquent à elles reste car cela reste leur combat à elle, car ça les concerne entièrement, elles. Même si collatéralement des hommes bien heureusement se sentent aussi touchés/ et supportifs. Mais il est de bon sens que les hommes vont dans le sens féministe, pas besoin d'invitation ! Enfin, la route est longue mais au moins elle est ouverte. Keep on rocking !
FrancoisAR, le 09/03/2023 à 08:07
Je me suis demandé si la Suède allait enfin pointer son nez ... cinquième paragraphe ouf !! Très bon billet !
JulienL, le 08/03/2023 à 21:31
Merci et bravo pour ce billet. Je suis plus mesuré sur le fait que seules les femmes puissent être féministes. Je suis parfois un peu utopiste mais la lutte pour la diversité et l'égalité de toutes et tous est un idéal qui, je pense, nous concerne toutes et tous et devrait nous rassembler. Tout comme la musique d'ailleurs! A ce propos j'ai le sentiment que les choses commencent à bouger : le rock reste un milieu de mâle blanc, mais j'ai pu découvrir de (très) bons groupes où les femmes ne sont pas là pour faire de la figuration. Je citerai The Pretty Reckless (vu au Zénith en Novembre), Baroness, où Gina Gleason fait bien mieux que la figuration, ou Nandi Bushell que j'ai découvert dans ses duels avec Dave Grohl. Les lignes bougent, à nous aussi de laisser leur place aux femmes, et à la diversité en général.
DanielAR, le 08/03/2023 à 16:57
Je ne peux qu'abonder dans ce sens. J'éprouve par ailleurs beaucoup de peine à comprendre pourquoi, en 2023, il faut encore consacrer une (seule) journée sur 365 (ou 366) pour rappeler que la moitié (voire plus de la moitié) des humain.e.s. ont "aussi" des droits. Seul (petit) point de désaccord avec Mathilde : par extrême conviction personnelle, je pense que le combat féministe ne concerne pas que les femmes mais qu'il concerne aussi les hommes qui souhaitent s'investir et militer. En tant qu'être, je ne me sentirai jamais "libre" (ou "accompli" ou "égal") tant que la moitié de "mon" monde ne le sera pas. Ca vaut pour tous les actes du "quotidien". Ca vaut évidemment aussi pour le rock. Merci pour le texte et pour tout ce qu'il exprime !
SpiritOfSummer, le 08/03/2023 à 16:54
Merci pour ce billet ! Il y a encore tant à faire malheureusement…