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Compte-rendu de concert

Cypress Hill


Date : 30/10/2014
Salle : Best Buy Theater (New York)
Première partie :
Alan, le 05/11/2014
( mots)

Carnet de voyage, chapitre 3. Ce mois-ci, Starbucks se targuait de proposer de nouveau une de ses boissons star en édition limitée : le Pumpkin Spice Latte. Cette immonde mixture mêlant l’amertume de la cannelle à l’arôme du potiron au sein d’un expresso dont les Américains raffolent pourtant. Vomitif au possible, ce latte reste révélateur de la frénésie locale autour de Jack-o'-Lantern : cucurbitacées oranges fièrement exposées sur les étals, boutiques de maquillage et de déguisements prises d’assaut, friandises abondamment présentes dans les foyers en vue des trick or treats… Pik-a-boo ! Halloween is back ! L’occasion pour Cypress Hill de réinvestir Times Square pour son traditionnel concert d’Halloween, et ce pour la dix-huitième année consécutive ! Retour donc sur ce Haunted Hill édition 2014.

Happy Halloweed !

Pierres tombales jonchant la scène, citrouilles et crânes posés près des platines, marionnettes de La Mort et de Lucifer pendues dans le fond, un joint à la bouche. Le décor, même s’il reste assez cheap, se veut amusant et attrayant. C’est donc dans ce cadre halloweenesque que défilera une pléthore de guests qui constitueront la (longue) première partie du show. Ont ainsi foulé successivement la scène Vinnie Paz, leader des groupes Jedi Mind Tricks et Army of the Pharaohs ; Immortal Technique, activiste urbain ayant grandi dans les rues de Harlem ; et La Coka Nostra, collectif regroupant entre autres Danny Boy et DJ Lethal, ancien DJ de Limp Bizkit.

Paz est donc le premier à se présenter face à un public constitué (au hasard) d’un groupe de bonnes soeurs, de Batman, d’un bougre en zentaï vert fluo ou encore d’un punk en blouse blanche. À peine les lumières de la salle s’éteignent-elles que démarre la symphonie des briquets, inévitablement accompagnée des senteurs vertes de l’herbe de Provence aussi appelée marijuana. Rapidement, les vapeurs se dispersent et se transforment en un voile épais qui recouvre toute la salle, prouvant de ce fait que, comme aime le rappeler Sen Dog, "aucune machine à fumée n'est utilisée lors d’un concert de Cypress".

Immortal Technique fut celui qui marqua le plus les esprits, vociférant avec hargne ses vers au discours conscient et engagé et prenant le temps de rappeler au public les causes pour lesquelles il milite. Suivit un set beaucoup moins saisissant de la part de La Coka Nostra, marqué néanmoins par une intervention de Vinnie Paz sur un morceau, et surtout par la réunion sur scène de Non Phixion, groupe underground de New York qui avait cessé d’opérer en 2008. C'est après presque deux heures (!) de set que les guests quittent la scène et que le rideau se ferme...

Welcome to the Haunted Hill

C’est après une vingtaine de minutes que le rideau s’ouvre de nouveau, laissant s’échapper une masse gargantuesque de fumée dans la salle. Il y avait peut-être des machines, après tout. La silhouette de DJ Muggs, qui a fraîchement réintégré l’effectif et est de retour à la production, est la première à se détacher du voile fumeux de la scène, suivie de celle d’Eric Bobo. Chacun prend place, et la voix de Sen Dog retentit alors. "Get 'Em Up" démarre, et Dog et B-Real font leur entrée tout en déclamant l’un après l’autre leurs parties respectives avec ferveur et dynamisme. La voix nasale de B-Real répond au ton rauque de Sen Dog, jusqu’à ce que les deux se mêlent sur le refrain de "Hand on the Pump" pour un effet encore plus saisissant.

C’est un set sous forme de best of qui se déroule peu à peu, avec des titres emblématiques du répertoire de Cypress tels que "Tequila Sunrise", "A to the K", "Insane in the Brain" ou encore "How I Could Just Kill a Man" qui se termine avec hargne sur la version de Rage Against the Machine. Suite à "Light It Up", Muggs et Bobo démarrent une battle instrumentale à laquelle se joindront Sen Dog et B-Real par la suite : alors que l’un dégaine ses drumfills les plus époustouflants, l’autre répond avec un scratching incisif et assassin. Après plusieurs minutes de joute, le set reprend de plus belle avec un "I Wanna Get High" durant lequel B-Real fumera allègrement un joint entre deux rimes.

Le public reste captivé par la présence du groupe avec toujours autant de ferveur, et ce malgré l’état second des deux parties. "Are you feelin' high? 'Cause I’m completely fucked up right now." déclarera même B-Real avant d’entamer "Hits From the Bong" et d’envoyer un joint voler dans le public. Les deux emcees tiendront la foule en haleine jusqu’au bout, avant de conclure sur un "(Rock) Superstar" explosif et qui rassasiera même les plus affamés. Remerciements, félicitations, puis fin du show. Pas de rappel de la part de Cypress. Dommage, mais pas si grave compte tenu du set exhaustif délivré en amont.

Avec une ambiance survoltée dans un décor spooky, le Haunted Hill 2014 a donc tenu ses promesses : décrit par beaucoup comme l'un des immanquables de la semaine d’Halloween sur New York, il s’avéra être une excellente mise en bouche de ce que pouvait représenter le 31 octobre sur le sol américain. Avec presque quatre heures de hip hop abrasif et féroce, la soirée valait clairement le déplacement, avec ou sans déguisement. Pour ma part, j’ai attendu le jour J pour me barbouiller de noir et de blanc et revêtir ma plus belle perruque avant de déambuler dans les rues. Sans Pumpkin Spice Latte, ça va de soi.

Setlist : 1. Get 'Em Up - 2. Hand on the Pump - 3. Tequila Sunrise - 4. How I Could Just Kill a Man - 5. Light It Up - 6. Battle: Drums & Turntables Solos - 7. I Wanna Get High - 8. I Ain't Goin' Out Like That - 9. Insane in the Brain - 10. When the Shit Goes Down - 11. Lick a Shot - 12. Cock the Hammer - 13. 3 Lil' Putos - 14. Hits From the Bong - 15. What Go Around Come Around, Kid - 16. A to the K - 17. Hand on the Glock - 18. Break 'Em Off Some - 19. Dr. Greenthumb - 20. K.U.S.H. - 21. (Rock) Superstar

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