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Compte-rendu de concert

Pixies


Date : 02/06/2010
Salle : Zénith (Nantes)
Première partie :
Nicolas, le 14/06/2010
( mots)
Ca y est, le jour J tant attendu est enfin arrivé. Alors que la foule se presse aux abords du Zénith de Saint Herblain près de Nantes, c'est un mélange d'excitation et d'appréhension qui assaillent votre serviteur tandis que le service de sécurité effectue ses fouilles réglementaires. Excitation, car il serait vain de nier l'immense plaisir de voir enfin les lutins de Boston en chair et en os. Rendez-vous compte : les Pixies, le groupe mythique ayant quasiment inventé à lui tout seul le rock alternatif, le quatuor sans qui le rock 90's n'aurait jamais existé, la bande ayant eu le plus d'influences sur des cadors comme Nirvana ou encore The Smashing Pumpkins, et plus encore : les idoles d'une jeunesse vaguement évanouie. Nostalgie, quand tu nous tiens... d'un autre côté, l'appréhension ressentie en parallèle s'avère tenace et sincère. Car en effet : les quadras ont ils toujours autant la niake ? Sauront-ils encore, à leur âge, mettre le feu à une telle assemblée ? Et que faut-il penser des récents propos de Black Francis, qui affirmait gaillardement en interview que la tournée actuelle des lutins était principalement un bon moyen pour garnir son compte en banque ?

Un petit quart d'heure de retard au compteur, et c'est à peine si l'on parvient à écouter les Bombay Bicycle Club qui officient en première partie. Autant dire que l'échantillon de rock soft offert par les anglais est aussi vite entendu qu'il est oublié : début du set à 20h, fin du set à 20h20 pétantes (soit à peine 5 minutes de show écouté), nous n'aurons pas droit à une seule seconde de plus. A peine le temps d'aller attraper une bière au comptoir qu'il nous faut déjà nous frayer un chemin jusqu'au pied de la scène afin de jouir comme il se doit de la prestation à venir. Le public se révèle pour l'occasion relativement uniforme, à forte majorité masculine, et fait la part belle aux jeunes adultes entre 20 et 40 ans. Pas de midinettes en chaleur ni de vieux croûtons en quête d'une seconde jeunesse, c'est déjà ça de pris. Pour autant, l'installation du matériel semble tout bonnement interminable, et c'est donc un public remonté comme une pendule qui finit par faire un véritable triomphe aux mythes vivants qui s'installent enfin sur scène en toute simplicité. Pas le temps de dire ouf que l'intro est lancée : lumière ambrée en arrière fond, fumée opaque laissant apparaître quatre ombres majestueuses, l'instrumental "Cecilia Ann" prend immédiatement aux tripes et plante un décors de western suffocant et grandiose. Puis c'est "Rock Music" qui laisse son intro toute en tension contenue exploser en un climax torrentiel pulvérisé par les hurlements maniaques de Black Francis. En une fraction de seconde, les derniers doutes qui nous avaient assaillis s'évaporent comme neige sous le cagnard du Mexique : les lutins de Boston ne sont certainement pas venus à Nantes en touristes, loin s'en faut. Et ça ne fait que commencer.

La première impression laissée par le groupe confirme le sentiment que l'on éprouve à l'écoute de sa discographie : les Pixies résultent bel et bien de la conjonction de quatre personnalités fortes, différentes et complémentaires, et dont l'attitude scénique varie diablement selon les individus. Bien sûr, Black Francis attire à lui l'essentiel des regards et s'impose sans aucune ambiguïté comme le patron des lieux, réalisant au passage une prestation impeccable sur le plan vocal tant dans les parties chantées que vociférées. Malgré un contact avec le public réduit au minimum syndical (sourires discrets, inclinaisons de tête), le gros chauve impressionne par sa concentration et son implication vis à vis de son oeuvre, faisant preuve  d'un charisme à toute épreuve et assaisonnant ses vocalises de riffs volumineux et enfiévrés. Cantonnée un peu plus à droite de la scène, Kim Deal se révèle au contraire à l'exact opposé de son frontman : d'un naturel avenant et relax, arborant un large sourire à tout instant, elle ne quitte pas l'assemblée des yeux une seule seconde et se permet même de rire aux éclats à de nombreuses reprises en plein morceau devant quelques altercations joviales au sein des premiers rangs. La cool girl n'a pas volé son surnom, c'est le moins qu'on puisse dire ! Il est même surprenant de noter un tel détachement dans ses expressions de visage alors que le reste de son corps traduit une crispation énergique dopant un jeu de basse étonnamment puissant : raide comme une trique, jambe écartée, bras cramponnés à sa quatre corde, la dame propose un jeu instrumental en totale opposition avec son contact scénique, et il faut vraiment le voir pour le croire. A l'extrême gauche de la scène, on retrouve un Joey Santiago d'une méticulosité inouïe, constamment à l'affût dans une attitude féline consciencieuse, tourné face à Black et guettant chaque ébauche de riff du chauve débonnaire pour canarder l'auditoire de ses lignes de guitares imprévisibles comme autant de rafales de mitraillettes s'échappant du manche de sa Gibson. Enfin, significativement décalé sur la droite (donc plus proche de Deal, ce qui semble logique pour une paire rythmique), David Lovering fait un peu office de l'enfant du groupe, prenant visiblement un plaisir primaire et communicatif à maltraiter ses fûts de ses frappes impérieuses dans une posture bien inhabituelle chez un batteur, buste légèrement penché et avant-bras repliés au niveau des épaules. Avec les Pixies, le show n'est pas uniquement auditif, et c'est un vrai régal d'observer alternativement chaque membre donner le meilleur de lui-même et transcender les individualités respectives, même si le mouvement corporel ne semble pas être l'une de leurs priorités les plus urgentes.

La setlist est absolument parfaite et aborde successivement les quatre albums et l'EP des lutins de façon à peu près homogène (Trompe Le Monde étant tout de même brièvement survolé). Nous n'avons donc pas droit au fameux set du Doolittle Tour tout récent qui reprenait en intégralité le fameux deuxième album du groupe. Étonnamment, les sensations ressenties à l'écoutes des titres interprétés en concert sont assez différentes selon l'album dont ils sont extraits. Et étonnamment, une fois encore, ce sont les morceaux de Bossanova qui passent le mieux en live, la grande richesse mélodique du disque et des ornementations de guitare se retrouvant sublimée par la scène. C'est donc un vrai plaisir de redécouvrir des perles comme "Velouria", "Dig For Fire" ou le remuant "Alison" qui parvient à mettre l'assemblée dans tous ses états en quelques secondes malgré son extrême brièveté. Car les morceaux des Pixies sont très courts, et leur enchainement ventre à terre donne à l'ensemble de la prestation une impression de densité extrême. Pour autant, ce sont véritablement les titres de Trompe Le Monde comme "Planet Of Sound" ou bien sûr "Alec Eiffel" qui se révèlent les plus énergiques et sur lesquels le public développe ses pogos les plus démentiels. La vraie surprise vient des morceaux du duo Come On Pilgrim - Surfer Rosa, presque méconnaissables dans leur rendu scénique : il faut souvent pas loin d'une vingtaine de secondes pour reconnaître les "Bone Machine", "Break My Body" ou autre "River Euphrates" alors que l'impression éprouvée face à ces pépites originelles s'avère bien plus favorable que dans leur version studio. Preuve en est que, quelque part, Steve Albini a indubitablement manqué quelque chose d'essentiel dans le son des Pixies lorsqu'il a produit Surfer Rosa. Quant aux hits de Doolittle, les "Debaser", les "Monkey Gone To Heaven" et les "Gouge Away", ils se révèlent ici égaux à eux-même dans l'excellence. A signaler dans le lot deux reprises assez difficiles à identifier, "Winterlong" de Neil Young et "Head On" de The Jesus And Mary Chain issu du déglingué Trompe Le Monde.

Mais ce qui frappe le plus dans la prestation des Pixies ce soir, c'est la bonne humeur des quatre protagonistes. Étonnant, là encore, quand on connaît leur passé et l'inimité légendaire entre Black et Deal. Rien de tout ça ici : l'ambiance se révèle bon enfant tout du long de la soirée, et si Kim Deal s'essaye avec un succès mitigé au français bricolé à la dernière minute en présentant de temps à autres les morceaux à venir, elle finit surtout par provoquer l'hilarité de ses collègues et de Black Francis qui n'hésite pas à lui balancer une bonne vanne bien sentie au milieu du set. Les quatre bostoniens semblent également particulièrement réceptifs à l'accueil du public breton, Kim prenant souvent ses collègues à parti en leur proposant des "on est vraiment dans une ville cool ici, vous ne trouvez pas ?". Mieux : on a même droit en guise de conclusion au fameux "Gigantic", seul morceau des lutins composé et interprété par Deal et qui avait été exclu de tous les lives du groupes des années durant à l'époque de la guerre entre le chauve et la cool girl. Preuve que la hache de guerre est définitivement enterrée entre les deux partis ? Le morceau déclenche bien évidemment un tonnerre de contentement qui fera revenir sur scène les lutins pour un petit rappel ponctué de l'immanquable "Where Is My Mind" et du très décalé "Here Comes Your Man". Avant de partir, les Pixies restent de longues minutes sur scène et remercient avec ferveur une assistance qui leur est entièrement dévouée et qui en a pris pour son grade pour au moins dix ans. C'est ainsi que s'achève un concert tout bonnement monumental, aussi bien qu'une véritable leçon de rock à l'attention de la majorité des groupes contemporains qui osent se produire en public. Croisons les doigts pour que ces quatre vétérans du rock alternatif n'arrêtent pas de sitôt d'enflammer les scènes du monde entier.

Setlist
  • Cecilia Ann
  • Rock Music
  • Bone Machine
  • Monkey Gone to Heaven
  • Gouge Away
  • Hey
  • Velouria
  • Dig for Fire
  • Allison
  • Debaser
  • Planet Of Sound
  • Winterlong (Neil Young cover)
  • Alec Eiffel
  • Caribou
  • River Euphrates
  • Cactus
  • Is She Weird
  • Break My Body
  • The Sad Punk
  • Head On (The Jesus and Mary Chain cover)
  • Wave of Mutilation
  • Tame
  • Isla de Encanta
  • Broken Face
  • Nimrod's Son
  • Gigantic
  •  

    Rappel

  • Where Is My Mind?
  • Here Comes Your Man
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