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Compte-rendu de concert

Southside Johnny & Asbury Jukes


Date : 13/07/2024
Salle : Tivoli Vredenburg (Utrecht)
Première partie :

Etre deux heures, rien que deux heures durant, beaux et cons à la fois

 
Daniel, le 23/07/2024
( mots)

Quand ça se joue à une voix près…

Autant débuter par le sujet qui aurait pu fâcher si le public présent n’avait pas été essentiellement composé de fan indulgents : Southside Johnny n’était (vraiment) pas en voix le 13 juillet 2024 à Utrecht.

L’homme du New-Jersey se contentera d’un bref commentaire durant le concert, déplorant le climat humide et froid des Pays-Bas. Contraste saisissant après une étape en Italie (Ferrara) où la température estivale flirtait avec les 36 degrés (97 degrés fahrenheit, pour être précis)…

Mais, soutenu par ses fidèles Jukes et par une audience capable de chanter (avec des bonheurs divers) tous les titres en version chorale, le bonhomme va néanmoins assurer un set dynamique et joyeux. Une prestation réconfortante, solaire et respectueuse d’un héritage musical soul / rhythm’n’blues né d’un improbable mariage entre Sam Cooke et Aretha Franklin.

Être ou ne pas être

Southside Johnny pourrait être considéré comme le plus grand des veinards. Il peut compter depuis toujours sur l’amitié indéfectible de Bruce Springsteen, sur la complicité dévouée de Little Steven et sur l’admiration sans borne de John Bongiovi (alias Jon Bon Jovi). Le genre d’environnement qui aurait dû faire des miracles. Mais bon…

Aujourd’hui chanteur résident du Stone Pony (913 Ocean Avenue, Asbury Park - NJ 07712), un petit club musical du New-Jersey, John Lyon anime les barbecues, les fêtes paroissiales et les rares jeux de plage de son littoral déshérité. Seul luxe de sa vie : une fois par an, il s’offre l’avion, entouré de ses plus fidèles musiciens, pour honorer quelques dates européennes (qui se comptent sur les doigts d’une main).

A la rencontre rituelle d’un noyau de fans incroyablement dévoués et toujours prêts à l’accueillir comme un vieux pote trop souvent absent.

Encyclopédie didactique du Lyon

Asbury : station balnéaire déchue, chantée (non sans ironie) par le Boss. Asbury Park est un repaire pour les musiciens (un peu pirates) qui maîtrisent "le" répertoire (voir "Répertoire").

Asbury Jukes : dans leur configuration actuelle (batterie, basse, claviers, guitare, saxophone, trombone, trompette), les Asbury Jukes sont fidèles à leur "patron" depuis dix ans, même si chacun d’entre eux joue dans d’autres groupes, histoire de faire bouillir la marmite. Ces types sont probablement les derniers hobos (homeless boys) authentiques de notre univers.

Juke : musicien qui gagne sa maigre croûte en roulant sa bosse de bar en bar et en tapant l’incruste parmi les groupes qui auraient encore un mètre carré de scène à partager (en jouant un peu des coudes).

Lyon (John) : chanteur du new-Jersey qui présente la particularité unique d’être devenu un has been magnifique sans jamais avoir "été". Comme s’il avait sauté une étape, passant directement de l’anonymat à l’anonymat sans connaître la moindre gloire ni le moindre hit. Malgré une trentaine albums invendus au compteur. Être né à Neptune présageait probablement d’un naufrage. A 75 ans, John Lyon n’a ni femme, ni enfant, ni voiture, ni logement personnel. Une authentique légende sans une thune en poche…

Répertoire : quelques dizaines de classiques soul et rhythm’n’blues qui se déclinent soir après soir dans toutes les tonalités imaginables. Le répertoire est maîtrisé lorsque les Jukes (voir "Juke") peuvent, sur un simple claquement de doigts, partir dans des improvisations délirantes, transformant chaque titre en une tranche de vie, joyeuse ou triste, plus vraie que nature.

Southside Johnny : surnom et nom d’artiste du chanteur John Lyon.

C’est nous qu’on est l’orchestre

La soul et le rhythm’n’blues ont souvent véhiculé des messages socio-politiques douloureux et révoltés de la communauté afro-américaine. Mais le genre n’en reste pas moins festif. Loin de commettre une appropriation culturelle, les Asbury Jukes lui rendent joyeusement et respectueusement hommage. Au même titre que, par exemple, Dan Akroyd et John Belushi.

A des années-lumière des shows millimétrés actuels, un concert de Southside Johnny est un merveilleux bordel. Le chanteur change la set-list en réaction à une remarque qui fuse du public. Il désigne par surprise un soliste au beau milieu d’un titre puis se ravise et en choisit un autre. Il se promène autour et alentours de la scène, commandant les manœuvres musicales d’un petit geste du bras. Il dialogue avec la salle, réconforte son guitariste qui cafouille son câblage et s’amuse fréquemment de ses propres délires.

Habilement partagé entre 10 reprises et 11 titres originaux, le set extrêmement emballant joue sur les émotions positives, alternant les titres mid tempo et des frénésies rythmiques (qui culminent sur "I Woke Up This Morning", lorsque tous les musiciens se réunissent autour de la batterie pour une communion percussive du plus excitant effet).

Au début de sa carrière, les critiques ont reproché à Southside Johnny de manquer de charisme. Il est vrai que l’homme ne fait rien pour se présenter sous un jour meilleur. Identique à la ville et en concert. Simplement honnête. Tant avec lui-même, qu’avec ses musiciens, son répertoire et son public.

Les titres attendus que sont "Walk Away Renée", "Talk To Me", "The Fever" ou "I Don’t Want To Go Home" enflamment l’assistance qui en connaît chaque intonation et en réclame encore et encore.

Allez, dégage, Renée
Je ne t’accompagnerai plus jamais chez toi
Et la pluie qui éclabousse mes yeux fatigués
Ressemble fort à des larmes

Parle moi
Jusqu’au bout de la nuit
J’ai touché ma paie
Je ne te demande pas la Lune
Je te demande simplement
De me parler

Si le chanteur est aphone, c’est le public qui finit sans voix. Après 120 minutes d’une performance cérémonielle intense. Finalement, que dit ce mélange soul / rhythm’n’blues, sinon "J’veux de l’amour" (amour charnel, fraternel, filial, universel, heureux ou malheureux, selon les humeurs) ?

Avec la lumière qui revient pour éclairer la salle, une petite ritournelle se met à me hanter…
 
Être deux heures, deux heures seulement
Être deux heures, deux heures quelquefois
Être deux heures, rien que deux heures durant
Beau, beau, beau
Beau et con à la fois

Ca doit être l’effet magique du cirque de Asbury…

See You Next Time !

Set-List

Love On The Working Side (Little Steven)
This Time Baby’s Gone For Good
Next To You
Don’t Waste My Time
Passion Street
Woke Up This Morning
Walk Away Renée (The Left Bank)
Talk to Me (Bruce Sprinsgteen)
Some Things Just Don’t Change
All the Way Home (Bruce Springtseen)
Without Love (Aretha Franklin)
All Night Long
Trapped Again
This Time It’s For Real
Better Days
Broke Down Piece Man (Sam & Dave)
Lookin’ For A Love (The Valentinos)
The Fever (Bruce Springsteen)
Hearts Of Stone (Bruce Springsteen)
I Dont’t Want To Go Home

Encore

Having A Party (Sam Cooke)

 
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