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Compte-rendu de concert

The Pretty Reckless


Date : 03/10/2016
Salle : Divan du Monde (Paris)
Première partie :

Trop court et mal rythmé, le tour de chauffe de The Pretty Reckless avant son changement de dimension prévu pour 2017 permet quand même de se rendre compte en live de la dimension prise par Taylor Momsen et ses musiciens depuis quelques années. De phénomène jeune à l'image très travaillée, The Pretty Reckless a gagné en consistance, pour mériter aujourd'hui d'être pris au sérieux.

Erwan, le 05/10/2016
( mots)

Parfois impopulaire, accompagné d’une image très marketée autour de sa chanteuse et égérie Taylor Momsen, The Pretty Reckless est un phénomène qu’il est impossible aujourd’hui de laisser de côté en se contentant d’y voir un phénomène adolescent. Alors que le troisième album du groupe est sur le point de paraître, Momsen et sa bande étaient de passage à Paris, l’occasion pour nous d’aller admirer l’ultime figure féminine du rock alternatif FM américain en pleine action.

Passons malheureusement une nouvelle fois rapidement sur la première partie, dont les deux derniers morceaux seront la seule image que nous nous ferons de Heaven's Basement. Le quatuor dégage à notre arrivée une belle énergie, portée par un chanteur à la voix atypique et une complicité apparente. La proximité de leurs morceaux avec ce que propose The Pretty Reckless est évidente, et les fans apprécient. En espérant recroiser leur route dans des circonstances où nous aurons plus de temps pour faire vraiment connaissance.

Alors que Ben Phillips (guitare), Mark Damon (basse) et Jamie Perkins (batterie) s’installent sur scène, la réussite du travail de communication du groupe autour de la personnalité de Taylor Momsen saute aux yeux. La plupart des fans réclament leur idole et son nom est plus scandé que celui du groupe. La diva arrive, s’empare du micro et commence à danser pendant que Phillips et Perkins teasent un premier morceau qui sera finalement "Since You’re Gone". Let’s rock, lady Momsen.

The Pretty Reckless n’a finalement que deux albums à son actif et un panel de chansons un peu restreint pour composer un répertoire live avec à caser les singles, nouveaux comme anciens, et les petites ballades nécessaires à la satisfaction de tout le monde, le tout en passant d’un set de première partie à un set de tête d’affiche. Ouvrir avec "Since You’re Gone" est quand même à l’intérieur de ces choix contraints, un choix plaisant et payant. Les Américains vont faire la part belle à leur premier album qu’ils n’ont finalement pas exploité tant que cela récemment, avec ses indispensables "My Medicine" et "Make Me Wanna Die", mais aussi "Goin’ Down" que le groupe n’avait pas joué en 2014, et surtout "Just Tonight", sa ballade la plus saisissante, interprétée pour la première fois dans la tournée de cette année.

La musique de The Pretty Reckless est conçue pour être percutante avec des riffs heavy très rapides, mélange de phases mélodiques et de rythmiques saccadées, et les tubes du groupe fonctionnent à merveille dans l’intimité du Divan du Monde. A la guitare Ben Phillips se lâche sur les solos, pourtant pas forcément mis en valeur dans la musique du groupe. Malgré un usage abusif des harmoniques et de la wah-wah, Phillips pose quelques phrases techniquement solides (sur "Heaven Knows" notamment) et démontre la rapidité de sa main droite. Ses secondes voix sont légèrement plus hautes que ce dont on se rappelle du dernier album mais sa complicité avec Momsen et Perkins, et sa sympathie au micro quand il prend le temps de remercier tous les techniciens du soir, en font un personnage agréable.

Mais si ces temps morts pendant lequel Phillips et Momsen prennent le temps de remercier chaque membre de l’équipe technique restent sympas sur le principe, ils sont aussi là pour combler de trop longs temps morts entre les morceaux. C’est le premier, mais pas le principal, reproche qu’on peut faire au groupe, qui prend vraiment son temps pour enchaîner.

Taylor Momsen quant à elle est complètement à la hauteur de sa réputation de phénomène. Son charme est un atout dont elle joue à merveille, évidemment, mais la réduire à une fille mignonne qui pousse la chansonnette (image dont elle avait du mal à se détacher après avoir mis fin à sa carrière de comédienne teenage) serait insultant. Taylor Momsen a une voix. Et quelle voix. Sans forcer, à seulement 23 ans, la gamine met une raclée à toutes les voix féminines du rock au sens le plus large, usant certes à la corde une attitude clichée de rebelle façon Avril Lavigne, mais en ayant dans ses tripes toute la sincérité et le cachet nécessaire pour être crédible. Car derrière une certaine dose de second degré, de jeu d’image, de provocation, Taylor Momsen est quelqu’un qui aime le metal brut et qui ne feint finalement rien à travers son attitude pourtant factice. Taylor danse, rit, s’amuse, puis pète un câble en singeant la démence, véritable diable ébouriffé de laquelle se dégage un plaisir évident et contagieux. Avec un registre de voix capable de passer du rauque/relent de tabac froid au cri perçant sans perdre aucune justesse, et ce talent pour ne pas seulement réciter, mais interpréter, incarner ses chansons, elle est amenée à prendre une place plus importante dans la décennie à venir.

A deux reprises, Momsen prend la guitare pour s’accompagner sur "My Medicine" et sur "Take Me Down" en rappel. Sans démontrer une vraie habilité, peut-être simplement pour exhiber une telecaster custom punisher franchement stylée, mais sans doute aussi pour retrouver l’esprit de ses premières compos qu’elle composait elle-même avant de vouloir orienter le groupe vers un son plus lourd. On devine d’ailleurs avec les deux nouveaux morceaux (déjà sortis en single), et surtout "Take Me Down", que c’est un peu cet esprit que le groupe a cherché à retrouver avec son nouvel album.

Mais quand vient justement l’heure du rappel, un sentiment de trop peu nous envahit. Regard sur la montre, seulement une heure de concert ? Il est là le principal reproche qu’on aurait à faire aux Pretty Reckless ce lundi soir. S’il est clair que ce concert pré-album au Divan du Monde est l’étape d’une tournée de rodage avant celle de 2017 où le groupe va prendre pleinement son rôle de tête d’affiche, on aurait bien repris au moins 20 minutes de show. C’est sans doute un bon signe qu’on en redemande après une heure. Mais la venue du groupe en France est si rare que les fans français méritent bien un petit rab.

Au final, on sort du Divan du Monde un peu frustré, mais convaincu par la prestation solide du quatuor porté par le charisme de Momsen. On ne peut rien contre les amateurs de rock qui rejettent par principe cette branche alternative américaine, souvent très produite et calibrée FM (même si dans la structure et la longueur des morceaux, The Pretty Reckless n’est clairement pas le groupe le plus calibré). Mais on ne peut que constater les choses : The Pretty Reckless amène autant dans ses concerts son public jeune, féminin, aux tendances gothiques, que des puristes quarantenaires aux t-shirts aussi variés que leurs goûts au sein de la sphère metal. The Pretty Reckless ne se détachera pas de son image mais dans les faits, en est déjà loin.

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