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Compte-rendu de concert

Trivium


Date : 10/08/2015
Salle : Z7 Konzertfabrik (Pratteln)
Première partie : Black Tusk

Au Z7, Trivium attise les braises de l'enfer jusqu'aux limites de l'incandescence, enflammant une salle quasi-comble. Pour autant, l'incendie vocal, et plus généralement sonore, a été évité de justesse...

Etienne, le 13/08/2015
( mots)

Avec des apparitions éparses et concentrées exclusivement sur la capitale depuis 2007 (et un passage à la Laiterie de Strasbourg tiens, tiens), Trivium est un groupe majeur et massivement rare dans les salles de l'Hexagone. Bien sûr, le groupe s'est produit au Hellfest par trois fois (en même temps c'est à se demander quel groupe de métal majeur n'y a jamais mis les pieds ?) mais boude largement la province et ses salles pourtant attractives et plébiscitées par bon nombre de formations métal (Transbordeur, Bikini, Laiterie, Coop. de Mai). Il a donc fallu passer frontière et douanes pour se rendre en banlieue de Bâle, à Pratteln plus exactement, afin d'entonner les refrains d'"In Waves" et de secouer la tête au son des riffs de "Throes of Perdition".

C'est par une scène cocasse et un poil surréaliste que commence cette soirée pour le moins intense. En se déplaçant vers l'entrée, un petit attroupement de quelques personnes se forme devant une grille où, surprise, Matt Heafy et Billy Graziedei (le chanteur de Biohazard) s'adonnent à la pratique d'un art martial ressemblant fortement au judo. On se tient à quelques mètres à peine du leader de Trivium qui s'affère à peniblement chevaucher, bloquer et étrangler son adversaire du jour. C'est un spectacle plutôt étrange auquel on assiste, un peu malgré nous il faut bien l'admettre, comme un mélange de satisfaction d'observer cette figure de la scène métal dans son environnement quotidien et de gêne occasionnée par l'impression intrusive que représentent tous ces yeux braqués sur les deux hommes. Certains attendront le repli du tatami pour espérer une photo ou un autographe, les autres se dirigeront tranquillement dans ce grand hall aux allures industrielles de la Konzertfabrik de Pratteln.

Une fois n'est pas coutume, l'exercice de la première partie a été assuré par deux formations aux profils bien distincts: Black Tusk et Biohazard. Le premier n'est pas inconnu au bataillon puisque ce sont ces mêmes chevelus qui avaient ouvert pour Black Label Society en février 2015 à la Laiterie de Strasbourg. Plombé par un son épouvantable où la guitare était écrasée par une batterie surpuissante, le groupe de Savannah (Géorgie) n'avait pas du tout (mais alors pas du tout) convaincu. Ce concert de Trivium était donc pour eux l'occasion de se rattraper auprès d'un public de connaisseurs et de délivrer leur heavy puissant et barré, ne reniant pas un certain penchant pour des phrasés très mastodoniens. Hélas, rien n'y fait et quand ça veut pas... Même si l'équilibre musical entre chacun des trois instruments est correctement respecté, le chant, si tant est qu'on puisse appelé ça "chant", fait immanquablement décrocher l'auditeur au bout d'un quart de secondes. Comme un grondement incessant ni growlé, ni hurlé, mais poussif et ô combien désagréable, les vocalises sont le mal de ce groupe qui passe pourtant par quelques moments de grâce musicale sur un pont ou une intro. Dommage. Une petite demie-heure et les roadies emballent le matos de Black Tusk pour laisser place à Biohazard.

Vient alors le tour de Biohazard, pionnier du mouvement hardcore de la scène new-yorkaise des années 90 et dont l'influence sur toute la vague nu metal est indéniable. Le concert au Z7 en est la preuve indiscutable: batterie lourde, phrasés syncopés et power chords stridents empruntés au punk, les américains dynamitent la salle et un public monté sur ressorts. S'ouvrant sur deux morceaux emblématiques du groupe ("Shades of Grey" et "Urban Discipline"), le concert verra Billy Grazeidei galérer avec son ampli et au passage copieusement insulter l'ingénieur du son qui passait par là. Mais qu'importe le groupe enchainera onze titres dont une reprise de Bad Religion et au vu des mouvements de foules formées, le public semble largement en phase avec la musique des new-yorkais. Le propos constetataire presque révolutionnaire du groupe n'est franchement que peu intelligible et tout le monde s'en moque. Biohazard s'éclate, saute, court, crie, le chanteur va déclencher lui-même les circles pits dans la fosse, bref, c'est la fête au Z7 et on aurait bien tort de s'en priver. En toute franchise, les morceaux, très répétitifs, lassent assez vite mais l'énergie du groupe est suffisament communicative pour faire de cette première partie un bon moment de rock. C'est suffisament rare pour être souligné, et applaudi.

Avant la prestation de Trivium, ces premières parties très contrastées dans leurs réussites ont soulevé une interrogation grinçante: comment le son allait-il rendre compte de la puissance dégagée par le combo d'Orlando sur ces efforts studio ? In Waves, le chef d'oeuvre du groupe et cela s'avèrera plus que justifié après le concert, est un modèle de production tant l'équilibre fin des guitares, la lourdeur du duo basse / batterie et la gutturalité des hurlements de Heafy et Beaulieu est transmise à merveille à l'auditeur. Sonner de la sorte en live semble impossible, et Biohazard, malgré une bonne prestation, a vu le sonomètre s'affoler et dépasser allègrement les 105 dB. Reste à savoir si l'ingénieur du son, qui semble très occupé à vapoter, aura la décence de ne pas plomber la prestation du groupe. Rien n'est moins sûr...

Grosse alerte dès l'entame du concert: la voix de Heafy couvre tous les instruments ou presque. C'est la panique à la table de mixage et le vapoteur fou s'active à tripoter ses potars dans tous les sens afin de trouver un réglage plus fin. Autant se l'avouer, les trois premiers titres de ce show ont tout bonnement été massacrés: variations de 92 à 108 dB le temps d'une seule chanson (!), basse inexistante, batterie sans aucun claquant, bref, un amateurisme particulièrement dommageable qui entâche un début de concert louable dans ses intentions. Le groupe n'a en effet pas lésiné sur les effets de scène en dressant une immense image d'un lugubre château d'extrême-Orient derrière une batterie surélevée par des colonnes factices d'un bel effet. Résultats des courses, on peine à distinguer une cohérence dans ces trois premiers morceaux : "Silence in the Snow", déjà affreusement mauvais en studio, est une entame catastrophique et Trivium semble paumé, sans retours, Matt Heafy chantant faux du début à la fin. Une telle dissonance est particulièrement pénible et portera préjudice aux deux excellentes chansons suivantes que sont 'Down from the Sky" et "Becoming the Dragon".

Heureusement, l'ingénieur du son rétablit enfin des balances correctes dès l'entame de "Strife", seul morceau potable du dernier Vengeance Falls. Aucune comparaison possible avec ce début de set car dès que le groupe a les cartes en main, Trivium est terrassant de puissance. Le chant d'Heafy retrouve de la constance, les guitares se soutiennent à merveille pour entonner le riff monstrueux du titre et même les back vocals juvéniles de Paolo Gregoletto s'accordent au chant clair viril de Matt Heafy. Enfin, on prend plaisir à se délecter des phrasés heavy chantants de Beaulieu et les solos mettent tout le monde d'accord: le concert peut enfin commencer. Il était largement temps...

Trivium est un groupe bourré de qualités techniques et mélodiques qui font de chaque chanson un moment intense où la fougue des mélodies entêtantes se joint à l'effarement suscité par un jeu de guitare d'une limpide difficulté. La performance des quatre américains est affolante sur scène tant le placement chirurgicale de chaque note est impeccable et Heafy et Beaulieu se paie même le luxe d'user de leurs cordes vocales en même temps que leur doigté aérien s'exécute. Sur chaque chanson évidemment. Un bémol cependant concernant le nouveau venu, le batteur Mat Madiro, qui semble bien trop appliqué pendant ce show, et rien ne transparait de son jeu mécanique, raide et rigide, faisant regretter les blastbeats bien sentis de Nick Augusto ("In Waves", "Black"). Néanmoins chacun appréciera les interventions (en langue locale et en français) de Matt Heafy qui donne de sa personne et fait de ce concert un moment fort de communion avec son public, qui pas rancunier pour un sou lui pardonnera ses faussetés et son chant clair fragile.

Toutes ces considérations diverses n'entament aucunement la qualité de l'interprétation du groupe: les chansons d'In Waves sont magnifiées et d'une violence incroyable. Dommage que seuls "Black", "Built to Fall" et la chanson éponyme (qui concluera en force le set) soient les seuls représentants de ce si grand album. Le groupe met clairement l'accent sur ces opus les plus plébiscités par le public (Ascendancy, Shogun et In Waves donc) et s'assure une setlist solide avec des morceaux cultes comme "Pull Harder on the Strings of your Martyr" ou "Throes of Perdition", ce dernier restant le morceau le plus marquant du concert où les notes étouffées de l'introduction soutenues par une cymbale subtilement effleurée s'effacent sous les liés ravageurs des guitares. Quant à l'enchaînement entre les hurlements de Beaulieu et le lyrisme suave de Heafy, il est aussi fluide que le solo est incisif. Il est à noter que Heafy est fidèle à ses récentes déclarations et a complètement abandonné le chant hurlé durant le show, laissant la gouaille vocale de Beaulieu s'en charger. Le guitariste assure l'essentiel mais manque de coffre et sa tessiture vocale aux graves sans chaleur ne lui permet pas de se substituer totalement à Heafy dans le rendu.

Le groupe expérimente, en plus du mauvais "Silence in the Snow", un nouveau titre "Blind Leading the Blind". Sans être marquant ni très original, le titre présente une introduction toute en puissance et un pont syncopé énergique qui donne suffisament de corps à la chanson pour être pleinement appréciée par l'assemblée. Signe alarmant malgré tout, au vu du ton très heavy/thrash des deux nouvelles chansons et de l'abandon complet du chant hurlé, l'album s'annonce comme un "Vengeance Falls bis" et ce n'est clairement pas de bonne augure... A suivre donc.

Si l'on oublie un interprétation poussive d'"Anthem" et un début de set plombé par un ingénieur du son aussi qualifié que Corey Taylor en leçons de modestie (allez hop c'est gratuit), Trivium reste un excellent groupe de scène qui brille par un panel très complet de chansons efficaces et particulièrement techniques. La prestation est très impressionnante et on ressort lessivé de cette déferlente sonore maitrisée, particulièrement riche en riffs de guitares géniaux et en refrains au lyrisme berçant. Le groupe est en plus beaucoup trop rare dans cette configuration intimiste pour se permettre des critiques acerbes sur une fausse note ou deux. Avec un show d'1h30 et une setlist qui a tout d'un best of, Trivium délivre une prestation généreuse et pleine d'envie. Le groupe tournera cet automne avec Tremonti aux Etats-Unis. Y'en a qu'ont de la chance quand même...

Setlist: 01. Snofall / 02. Silence in the Snow / 03. Down From the Sky / 04. Becoming the Dragon / 05. Strife / 06. Like Light to the Flies / 07. Built to Fall / 08. Pull Harder on the Strings of Your Martyr / 09. Into the Mouth of Hell We March / 10. Thores of Perdition / 11. Anthem (We Are The Fire) / 12. Black / 13. A Gunshot to the Head of Trepidation / 14. Blind Leading the Blind / 15. Dying in Your Arms Rappel: 16. In Waves

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