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Critique d'album

Foo Fighters


The Colour and the Shape (10th Anniversary Edition)


(09/07/2007 - Capitol - Rock alternatif - Genre : Rock)
Produit par Gil Norton

1- Doll / 2- Monkey Wrench / 3- Hey, Johnny Park ! / 4- My Poor Brain / 5- Wind Up / 6- Up in Arms / 7- My Hero / 8- See You / 9- Enough Space / 10- February Stars / 11- Everlong / 12- Walking After You / 13- New Way Home / 14- Requiem / 15- Drive Me Wild / 16- Down in the Park / 17- Baker Street / 18- Dear Lover / 19- The Colour and the Shape
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"La réédition du meilleur album de Foo Fighters, agrémenté de bonus."
Maxime, le 27/09/2007
( mots)

Cette réédition de The Colour And The Shape ne doit rien au hasard et encore moins aux impératifs commerciaux (la chose étant sortie en catimini). Elle célèbre un anniversaire, celui de la sortie du second opus d’un des pontes du rock US contemporain bien évidemment, mais surtout celui de la naissance de ce dernier, tout simplement. L’aventure Nirvana ayant stoppé brutalement en 1994, Dave Grohl, déjà hyperactif, s’est empressé de réunir les quelques démos qu’il fixait sur bande seul ou avec des amis (sous le pseudonyme Late!) entre deux crises toxiques du Christ grunge pour former le premier disque de Foo Fighters. L’appellation groupe s’avère un tantinet excessive puisque Grohl l’a enregistré seul, passant derrière la batterie, enfourchant guitare et basse, occupant micro et console de son, comme un petit lutin impatient d’embrayer sur un nouveau projet afin d’évacuer ce passif trop lourd d’ancien activiste du plus grand groupe de rock des années 90. Le résultat, sorti dans l’urgence (un an à peine après le suicide de Cobain), sonnait comme une démo de luxe. Grohl le renie d’ailleurs explicitement au grand dam des fans : "Reconnaissons-le, il était très uniforme, presque unidimensionnel". Cet album sert en fait davantage de prétexte pour tourner, former la cohésion de son nouveau combo (réunissant l’ex Nirvana Pat Smear à la guitare et la section rythmique de Sunny Real Estate) et en creuser la patte sonore.

Grohl n’est pas dupe. Il voit lors de ses premiers sets les rangées de fans au T-Shirt floqué du nom de Nirvana, il sait qu’avec les compos grésillantes de son premier opus il passe pour le pis-aller idéal de son ancienne formation. Voilà pourquoi c’est véritablement avec son second disque qu’il s’affranchira de son passé et que commencera réellement l’aventure des Foo Fighters. Pour cet album, Grohl veut donc tout ce dont le précédent manquait : des titres variés, une production ambitieuse, un groupe soudé et concerné. Après avoir bouclé la musique du film The Touch, le quatuor fraîchement formé s’enferme en studio en novembre 1996 afin d’enfanter ses nouveaux titres. Mais l’ambiance s’avère rapidement crispante. Les séances s’étalent, le frontman s’avérant être un maniaque du détail. Lassé d'être convoqué toutes les semaines pour boucler une énième prise, Pat Smear commence à ruminer son départ. Mais c'est William Goldsmith qui pose bientôt problème. Cogneur d'exception, Dave Grohl a de plus en plus de mal à déléguer son poste à son nouveau vacataire, se rendant rapidement compte qu'il n'atteindra jamais son niveau. Anxieux, il réenregistre toutes ses parties dans son dos avant de lui demander, benoitement, de rester dans le groupe quand sa recrue apprend que sa batterie a été complètement effacée du mix. Ulcéré, Goldsmith claque la porte.

A l’heure de fixer définitivement les morceaux, Grohl fait mine d’hésiter entre Steve Lillywhite (U2, XTC , The Rolling Stones) et les Dust Brothers (Beastie Boys, Beck), mais il sait pertinemment quel producteur il désire pour mettre son nouveau bébé sur orbite. Cette personne est Gil Norton. Grohl est certes entré en musique par la case heavy-metal (scène à laquelle il rendra hommage avec son projet Probot) mais il y a un disque qui fait figure pour lui de Saint-Graal : Trompe le monde, le dernier méfait des Pixies. C’est très clairement l’horizon à atteindre, le truc ultime à dépasser. Le chevalin ex-grunge ne tarit pas déloges à son sujet : "Je vénère tous les albums des Pixies. Mais là où ils ont atteint leur sommet, c’est avec Trompe le monde. Le son est clean, tu entends tout ce qui se passe, en même temps, c’est le son le plus vrillé, le plus tordu qu’on ait entendu. C’est à la fois une vision nouvelle et une espèce de catalogue de tout ce qu’ils avaient été auparavant. Chaque fois que je le réécoute, j’en reste pétrifié, notamment à cause de Gil."

Avec Norton, le groupe forge ainsi le parfait écrin susceptible de faire paraître ses treize nouvelles compositions sous leur meilleur jour. Et The Colour And The Shape est à l’image de sa genèse : la confrontation de la fougue du grunge et de la science tordue des Pixies. Il en ressort un album à part dans la discographie des Foo. Il ne retrouve certes pas l’excellence et le grain de folie du quatuor de Boston, mais s’avère tout à fait conforme à ses intentions de départ : varié, dense, mélodique et énergique à la fois. Plus tranchant que le précédent, le disque n’a cependant pas cet espèce de son pour rock de stade qui sera la marque de fabrique de ses successeurs. On peut très aisément voir en cet opus la déclaration d’émancipation de Dave Grohl. Ça commence comme une petite comptine ("Doll"), où le chanteur déclame d’une petite voix "I’ve never been so scared" pour s’achever sur un torrent de guitares sur la dernière plage ("New Way Home") avec comme martèlement un définitif "I’m not scared !" scandé à l’infini, hurlé à la cantonade. Comme une progressive montée en puissance. Avec cet acte de naissance, Foo Fighters scelle son destin : être le Cheap Trick des années 90-2000, proposer des titres mélodiques mais bétonnés aux guitares ayant passé la surmultipliée, affinant une formule power-pop bien rodée pour lui faire connaître un degré d’efficacité maximale.

Norton s’emploie à colorer les atmosphères, entrelacer les couches de riffs, fondre les titres les uns dans les autres, dresser un tracklisting à l'enchainement bien rodé, alterner le feu et la glace, comme en témoigne ce "Monkey Wrench" brutalement balancé à fond les ballons dans les enceintes après une entame des plus paisibles. Premier single envoyé en reconnaissance, le titre reste le prototype d’un hit à la mode Foo Fighters : des guitares éructantes, un refrain sur lequel les foules se complaisent à s’époumoner, un rouleau compresseur qui annonce les futurs "Breakout", "All My Life" et autres "DOA". Le disque reste très clairement le plus fascinant sur sa première moitié, véritable démonstration de binaire jonglant avec bonheur entre murs de guitares et tricotages biscornus soigneusement tamisés en arrière-plan. L’ombre des Pixies plane sur le schizophrénique "Up In Arms" ou le furibond "Enough Space", les Foo Fighters se chargeant d’arrondir les angles, de passer un délicieux glacis FM sur ces triturations soniques. "Hey Johnny Park!" est un vrai bonheur, une chanson idéale à fredonner sous la douche, plombée par son corollaire perturbé "My Poor Brain", alternant murmures et gouffres décibéliques avant de tout emporter sur son passage par un déluge de riffs victorieux et vindicatifs. Les réjouissances poursuivent de plus belle avec un martial "Wind Up" ballotant un Grohl électrisé. "See You" montre déjà que le groupe peut sans problème débrancher le jus et rester plus que pertinent.

A force de se pousser dans ses derniers retranchements, les Foo Fighters se heurtent bien vite à leurs limites. Leur travail d’équilibriste bat parfois de l’aile et le naturel se met à revenir à la vitesse TGV. L’album serait parfait s’il ne se perdait pas par moment dans un rock héroïque des plus solennels et lourdauds, à l’image de "My Hero" avec ses cognements de fûts à la We aaaaaaaaaaaaare the champions my friiiiiiiiiiiiiiend. Cela perturbe surtout cette belle machine passé la dixième plage avec un "February Stars" pesant et aussi subtil qu’un défilé de rhinocéros dans un magasin de porcelaine. Le très bon "Everlong" (bénéficiant d’un excellent clip signé Michel Gondry qui préfigure pas mal de trouvailles développées plus tard dans La science des rêves) fait illusion, mais un longuet "Walking After You" (dont on préférera l’arrangement adopté pour la B.O. du film X-Files) gâche quelque peu une possible remise sur rails. Heureusement, les Foo ont toujours soigné leur sortie et signent un "New Way Home" du feu de dieu, avec ses différentes pièces à tiroir, et retrouvent l’efficience qu’ils avaient perdu quelques plages auparavant.

Le disque remplit parfaitement son contrat et la renommée du groupe s'étend progressivement. On écoute les Foo Fighters en oubliant que l’ancien batteur de Nirvana joue dedans. Un miracle. Quels ex-membres d’un groupe culte peuvent en dire autant ? Certainement pas Kris Novoselic qui connaîtra avec Sweet 75 puis Eyes Adrift une carrière musicale des plus ternes avant de se reconvertir en politique. The Colour And The Shape reste l’un des albums les plus appréciés des fans, et le groupe n’aura de cesse d’en extraire quelques titres en concert, en dépit d’un répertoire des plus conséquents. Malgré ses imperfections, le disque chatouille dans ses moments les plus inspirés les orteils des meilleurs albums power-pop des années 90, le Blue Album de Weezer et le 1977 de Ash en tête. La presse n’en finit pas de se creuser les méninges pour expliciter le titre le l’opus, certifiant que cet album a plus de couleur et de forme que le précédent. La réalité est plus prosaïque : le titre provient d’une blague autour d’un foutu stylo que baladait sans cesse un membre du staff, justifiant son attachement par le fait qu’il en aime la couleur et la forme. Et le groupe d’en faire une running joke qu’il se rebalance à longueur de journée (genre : "Nate, pourquoi aimes-tu ce hamburger ? - Parce que j’en aime la couleur et la forme Dave !" qu’ils sont fous ces Foo).

Alors, cette édition anniversaire tend plutôt à marquer le coup que de jouer la carte de l’anthologie sérieuse. Figurent en sus de l’album quelques faces B et autres titres inédits (dont "The Colour And The Shape", brûlot grunge des plus violents), 6 titres en tout, qui garnissaient les singles "Monkey Wrench", "Everlong" ainsi que le copieux maxi japonais "My Hero". Mais beaucoup de chansons composées à l’époque manquent à l’appel, sachant que pour compiler l’intégralité des titres inédits du combo, il faudrait pas moins de trois CD (au bas mot) remplis ras la gueule. Bref, cette réédition vaut surtout pour sa valeur commémorative. Et qu’apprend-on ? Qu’après le double album In Your Honor qui fermait la première époque du quatuor, les Foo Fighters retrouvent leur producteur Gil Norton, dix ans après leur dernière collaboration, pour enregistrer le disque qui devrait sceller un nouveau cycle et qui sort ces jours-ci. C’est dire si The Colour And The Shape n’a pas fini de hanter la carrière de ce groupe que rien ne semble devoir arrêter.

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