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Critique d'album

Karma To Burn


Mountain Mama's


(17/08/2007 - Metal Mind/Roadrunner Records - Stoner Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Ma Petite Mort / 2- Bobbi, Bobbi, Bobbi - I'm Not God / 3- Patty Hearst's Closet Mantra / 4- MT. Penetrator / 5- Eight / 6- Appalachian Woman / 7- Twenty Four Hours / 8- Six-Gun Sucker Punch / 9- Thirteen / 10- (Waltz Of The) Playboy Pallbearers / 11- Twin Sisters And Half A Bottle Of Bourbon / 12- Six / 13- Twenty Eight* / 14- Thirty Four* / 15- Nine* / 16- Twenty* / 17- Six* / 1- Twenty / 2- Twenty Eight / 3- Thirty / 4- Thirty One / 5- Twenty Nine / 6- Thirty Two / 7- Twenty Five / 8- Twenty Six / 9- One / 10- Three / 11- Seven / 12- Eight / 13- Thirty* / 14- Thirty Three* / 15- Thirty Two* / 16- Twenty* / 17- Twenty Nine* / 18- Thirty One* / 1- Nineteen / 2- Thirty Eight / 3- Thirty Four / 4- Thirty Seven / 5- Thirty Nine / 6- Thirty Six / 7- Thirty Three / 8- Thirty Five / 9- Five / 10- Forty / 11- One* / 12- Three* / 13- Twenty Two* / 14- Seven* / 15- Eight* / 16- Six*
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L'anthologie infernale d'une des machines à riffs les plus cultes du stoner US."
Maxime, le 20/07/2009
( mots)

La mode des reformations qui berce continuellement l’univers du rock ces dernières années n’a pas épargné le microcosme du stoner. Alors que les amateurs ne cessent de se lamenter devant la perspective, sans cesse rejetée par Josh Homme, de (re)voir un jour Kyuss sur les planches, c’est à la surprise générale que Karma To Burn a ressurgi de ses cendres en février dernier, mettant fin à un split de plus de huit ans. La nouvelle est d’importance, car pour les initiés, la simple mention des initiales KTB suffit à déclencher à la commissure de leurs lèvres une écume concupiscente, au même titre que les amateurs de burgers de poulet pané salivent devant la moindre enseigne KFC. Cet évènement fait suite à un coffret sorti en 2007 reprenant l’intégralité de leur répertoire (soit trois albums), remasterisé en 24 bits stéréo-digital de la mort qui tue (un peu inutile, vu l’excellente facture des masters originaux), enrichi de bonus et tiré à 2000 exemplaires (les albums sont depuis ressortis à l’unité, également en tirage limité). Et bien que le groupe désavoue cette édition, sortie sans leur accord et pour laquelle ils n’ont pas encore vus l'ombre d’un peso, c’est sur ce bien bel objet Marise que nous nous penchons aujourd’hui, et évoquons par là-même et en un coup un copieux sujet.

A dire vrai, aucun groupe, ni dans le stoner, ni ailleurs, ne ressemble à Karma To Burn. Basiquement, ça reste ce bon vieux hard rock sabbathien défenestré avec une vigueur toute sudiste. Ce qui reste assez singulier, c’est la manière dont le power trio va le pratiquer. Comme les Ramones le firent en leur temps avec la pop song, il va retirer du hard tout le superflu pour n’en garder que la substantifique moelle. Pas de chanteur, pas de solo (plutôt un enchaînement dévastateur de power chords), pas de titres (les morceaux sont simplement dotés d’un numéro, suivant l’ordre dans lequel ils ont été composés), pas de décorum ni de slogan, ne reste qu’une unité indivisible : le riff, le riff, et encore le riff ! Tout, dans l’énergie que le groupe déploie, ne vise qu’à accompagner la cascade brutale, entêtante, désespérée, inébranlable, d’une poignée de satanés accords qu’il faudra imprimer de toute sa force, de tout son poids, au poing, à la massue, à coup de briques, dans le cortex de l’auditeur. Les musicologues se sont en leur temps penchés sur la techno, constatant qu’elle importait dans le champ populaire la pratique de l’écoute acousmatique originellement issue des expérimentations en matière de musique électro-acoustique, dégagée de l’origine du son, pour ne se focaliser que sur ses modulations au sein de la structure rythmique du morceau. KTB forge une expérience similaire dans le domaine du hard, refusant de la conceptualiser comme a pu le faire le krautrock en son temps pour en faire une force rationnalisée, cataclysmique dans ses effets, têtue dans son dénigrement de toute esbroufe technique. La pièce centrale de ce grand barnum reste donc William Mecum, riffeur en chef. Ecouter Karma To Burn, c’est observer Mecum forger son riff, le faire rougeoyer à la forge de la batterie, le polir au groove de la basse et nous le balancer bouillant et saignant au visage. 10 ans à l’avance, le groupe annonçait la déferlante de combos instrumentaux qui secoue actuellement l’underground heavy rock américain. Mais à la différence de sa progéniture, il ne passe par aucun artifice psychédélique ni construction progressive pour imposer son propos (les titres s’aventurent rarement au-delà des 4 minutes 30). Pas de murs de Marshall et de capuches à la Sunn O))) ni de projections kaléidoscopiques à la Earthless. Juste ce bon vieux goddamn riff.

Et pourtant, les musiciens n’ont jamais conceptualisé l’esthétique de la bête qu’ils ont enfantés. Originaires de Virginie occidentale, les Karma To Burn se définissent, en forçant volontiers le trait, comme d’authentiques bouseux mal dégrossis, des rednecks écoutant en boucle Lynyrd Skynyrd dans leur van miteux. L’alcool et la poudre se mêlent évidemment à l’affaire, terribles muses des rockeurs qui précipiteront la chute du groupe en 2001 avec le même fracas qui fit abattre les Twin Towers la même année. KTB regroupe à l’origine (au début des années 90) Mecum, Richard Mullins (basse), Jim Davison (guitare) et Nathan Limbaugh (batterie), une bande de potes jammant sous substances diverses en dehors de leurs groupes respectifs. L’étiolement de leurs combos originaires les pousse à s’investir plus sérieusement dans le projet pour enregistrer une démo qui parvient par voies détournés aux oreilles de Roadrunner. Le label néerlandais est impressionné par le potentiel de ces instrumentaux et s’empresse de les signer en 1995. Il pense avoir à faire à une ébauche de titres attendant de se voir portés par un chanteur, alors qu’il vient en fait d’acquérir un groupe fondamentalement instrumental, et qui entend bien le rester. On frappe alors du poing sur la table : l’album ne sortira pas tant que les musiciens ne se dégoteront pas un vocaliste. Le disque dort ainsi dans un placard pendant deux ans. Frustrés, les compères se résignent et commencent à auditionner. C’est alors qu’on assiste à un rencontre historique. Le combo croise sur sa route John Garcia, à l’époque encore actif au sein de Kyuss. La troupe se tape quelques bœufs, une collaboration se profile, rapidement avortée. Du côté de KTB, on invoque une incompatibilité d’humeur entre le coyote attaché mordicus à son désert natal et une bande sudiste peu encline à y déménager. Garcia évoque quant à lui un deal proposé par sa maison de disques Elektra (8 titres chantés par le maestro sur l’album, pas un de plus) qui n’aurait pas convaincu les intéressés. On ne saura pas le fin mot de l’histoire, et peu importe. Pourtant, les deux forces en présence projetteront à nouveau de s’accoupler sous le mystérieux projet Nino Brown quelques années plus tard. On n’entend rapidement plus parler de l’affaire.

Lassé, le groupe se résout alors à engager l’obscur Jason Jarosz. Farouches partisans du quinzième degré, les musiciens le décrivent alors comme une espèce de Tom Waits. A l’écoute de sa prestation, il est clair qu’ils n’en pensaient pas le moindre mot, tant le chant de JJ est terne, sans relief, guttural sans en avoir le coffre. Ils ont pris Jarosz comme ils auraient pu enrôler le roadie ou le chauffeur du fourgon, n’importe qui, juste pouvoir sortir enfin ce fichu album. On les soupçonnerait presque de l’avoir fait exprès, pour que jamais la voix ne prenne le pas sur l’infernal tintamarre qu’ils déversent de leurs amplis. Le tracklisting final aligne ainsi 9 titres chantés sur un total de 12. Il est facile de les repérer : ils disposent d’un véritable titre au lieu du numéro de série habituel. Annoncé comme un compromis mou, ce premier effort reste pourtant un must du genre, un road trip infernal dans les profondeurs rurales d’une Amérique en perdition derrière laquelle surnagent les processions du KKK ("Patty’s Hearst’s Closet Mantra"), les copulations incestueuses ("MT. Penetrator"), les marécages bourbeux ("Appalachian Woman") et les bagarres se réglant à coup de chevrotine ("Twin Sisters And Half A Bottle Of Bourbon"). Mecum fait couiner sa Les Paul sur l’entame de "Ma Petite Mort" avant de déverser un rock poisseux et vicieux, la violence latente suintant de chaque note pour l’album le plus sombre et lubrique du groupe. Même défiguré par les râles peu inspirés de JJ, ce premier effort s’impose comme la BO idéale d’un remake de Delivrance délocalisé en Louisiane. Si certains titres plombent un peu l’ensemble ("Twenty Four Hours", "Waltz Of The Playboy Pallbearers"), KTB se fait fort de reprendre la main sur ses instrumentaux où il donne sa pleine démesure ("Eight", "Thirteen", affûtés comme des lames de couteaux rouillés).   

Libéré des désidératas de Roadrunner qui a désormais compris qu’il ne pourra jamais se faire le moindre blé avec ces types et stabilisé par l’arrivée de Rob Oswald derrière les fûts, le groupe est mûr pour livrer son chef d’œuvre. Wild, Wonderful Purgatory présente Karma To Burn tel qu’il aurait toujours dû être : un impitoyable déferlement de riffs volumineux dont la puissance colossale n’a d’égal que le plaisir qu’elle procure. A l’image de sa pochette (une cow-girl hilare brandissant un american flag), le disque est une chevauchée de Walkyries hystériques lancées au triple galop depuis les profondeurs du continent à l’assaut du drapeau hard tombé en berne. L’album alpague vertement l’auditeur sur une gerbe de guitares hélicoïdales avec "Twenty", l’une des pièces majeures de leur répertoire. Ça pue le Vietnam, la boue jusqu’aux aisselles, les rivières de sang à perte de vue et la mort qui rôde partout. "Serre-moi fort, Johnny !" – "Ferme ta gueule et crève, bleu-bite !" Le groupe décanille par jets continus sa plus belle collection de riffs. Le rodéo infernal de "Twenty Eight", le définitif "Twenty Nine" (véritable charge de confédérés lancés contre les troupes d’Abraham Lincoln), les breaks de "Thirty Two" et "Twenty Six" sont des instruments à transformer les cervicales en hochet. Grinçant dans les dead notes, bouillonnant sur les trombes de power chords querelleuses, la machine KTB y turbine à pleins pistons, remuant dans la vase comme un Moby Dick courroucé. "Thirty" tonne sous un ciel électrique, et ce sont tous les hillbillies qui viennent réclamer leur babeurre. Redoutable et sans merci, le trio est ici au sommet de son art.

Sorti deux ans plus tard et dans la ligne directe de son prédécesseur, Almost Heathen exulte, sous sa pochette cabalistique, la même bestialité primaire. Explorant les ambiances malsaines mises à jour sur Wild, Wonderful Purgatory, cette troisième réalisation, bien que ne bénéficiant plus de l’effet de surprise de ce dernier, aligne toutefois quelques classiques, ne serait-ce que le "Nineteen" introductif et le brelan infernal ouvrant l’album, propres à faire décoller le cul de leur chaise à n’importe quel grabataire chichiteux. Dans la même veine, "Five" est un missile à l’impact balistique ravageur. Au paroxysme de sa puissance, Karma To Burn pouvait alors tout s’offrir, comme un nouvel opus bénéficiant des services de plusieurs vocalistes de choix. Furent évoqués à l’époque les noms de Burton Bell (Fear Factory), Pepper Keenan (Corrosion Of Conformity, Down) ou encore Neil Fallon (Clutch). Un projet qui rejoindra bien vite ses prédécesseurs au cimetière, tandis que miné par l’héroïne et la coke, le groupe se délite peu de temps après la parution de son troisième effort.

L’histoire reprend donc aujourd’hui. Bien que ses différents éléments restent impliqués dans leurs combos respectifs (Rob Oswald chez Nebula, Mullins pour Year Long Disaster), le groupe écrit de nouveaux morceaux en vue d’un nouvel album dont la sortie est fixée pour l’année prochaine. Pour le néophyte désirant une prise de contact immédiate comme pour l’amateur avide de réviser, plusieurs options sont possibles : l’intégrale avec cette anthologie dont il faudra rapidement s’arracher les exemplaires restants, un album pris au hasard, ou encore le double live/best of Chasing The Dragon qui sort ces jours-ci. Reste pour profiter à plein de l’expérience les versions vinyle de Wild, Wonderful Purgatory et de Almost Heathen (limitées à 400 copies) qui viennent de débouler sur le bien aimé All That’s Heavy. Vous avez le choix des armes. Et pour reprendre la conclusion de la bio accompagnant le premier opus des terreurs sudistes : Enjoy. Now fuck off and die.

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