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Critique d'album

Neil Young


Harvest


(01/02/1972 - - Monster of rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Harvest / 2- A Man Needs A Maid / 3- Heart Of Gold / 4- Are You Ready For The Country? / 5- Old Man / 6- There's A World / 7- Alabama / 8- The Needle And The Damage Done / 9- Words (Between The Lines Of Age) / 10- Out On The Weekend
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Chaque fois que j’entends Heart Of Gold, je suis contrarié. Je me dis : c’est moi qui aurais dû chanter ça ! – Bob Dylan. Musicalement, Harvest représente une harmonie des contraires. – Docteur Futurity "
Daniel, le 19/03/2022
( mots)

Né à Toronto en 1945, Neil Percival Young est un Canadien pur jus. En 1966, lorsqu’il débarque aux Etats-Unis à la recherche du fascinant Stephen Stills (1), il n’est pas paralysé par le poids des traditions musicales du patrimoine américain (2). Il peut puiser partout et ailleurs sans jamais éprouver le sentiment de commettre un crime de lèse-majesté. Un peu de folk, un peu de country outlaw, un peu de blues, une pincée de rock, un peu d’orchestration classique, une voix haut perché et décalée, des chœurs, …


Il suffit de consulter la recette de la Poutine (un plat canadien emblématique et indigeste) pour comprendre que le chevelu de Toronto peut, comme tous les natifs de son pays, être enclin à mélanger tout et n’importe quoi sans se préoccuper des estomacs fragiles ni des coincés du cul.


A ce titre, dans la logique de ses compatriotes du Band, Neil Young a probablement déterminé les contours ultimes de l’Americana sans savoir que le terme ne serait inventé que quatre lustres plus tard. 


Même si l’étiquette "rock" ne lui convient pas vraiment, Harvest relève du pur miracle et est simplement le plus grand album paru en 1972. Simultanément numéro 1 aux Etats-Unis et en Angleterre. Quinte flush royale !


Harvest est pourtant un disque qui semble fait de bric et de broc, ce qui ne l’empêche pas de former un ensemble cohérent et harmonieux avec ses gradations lyriques, ses moments plus roots, une ambiance live, de l’électricité saturée et quelques orchestrations ampoulées à la mode classique européenne.


Cinquante années de patine ont rendu Harvest plus beau et plus excitant que jamais. Parce qu’en conciliant tous les inconciliables, l’opus incarne un moment charnière dans la musique "Nord-Américaine" (au sens géographique et continental du terme).


Au début de 1971, Neil Young ne compte que vingt-six printemps mais c’est déjà un homme fatigué par cinq années passées dans les tourmentes du grand Rock’n’Roll Circus. Buffalo Springfield, carrière solo, Woodtsock (3) avec Crosby, Stills & Nash, Crazy Horse… Ca fait beaucoup pour un seul bonhomme. D’autant plus que le Canadien connaît quelques addictions et souffre énormément des conséquences de la poliomyélite qui l’a paralysé durant son enfance. Il doit porter un corset et éprouve toutes les peines du monde à tenir une guitare électrique en bandoulière. Il enregistrera Harvest assis et jouera essentiellement d’instruments électro-acoustiques. 


L’enregistrement spontané de l’album a été largement documenté. Le 6 février 1971, Neil Young se trouve à Nashville pour participer au Johnny Cash Show. Il y rencontre, parmi d’autres, Linda Rondstadt, James Taylor et le producteur Elliott Mazer, le propriétaire des studios Quadrafonix. 


Dès le 7 février 1971, un groupe – The Stray Gators (Kenny Buttrey / batterie, Tim Drummond / basse, Ben Keith / guitare steel) – est créé de toutes pièces. Comme le dimanche est un jour férié pour les musiciens, les locaux de Quadrafonix sont déserts. C’est Elliott Mazer qui bat le rappel. Et la légende (qui est trop belle) raconte que Tim Drummond passait simplement là par hasard. James Taylor emprunte le banjo à six cordes de Neil Young et Linda Rondstadt place sa voix unique sur quelques mélodies. 


Tandis que les Stray Gators font tourner leurs rythmiques dans un style laid back proche de celui du Band, les premières pistes de Harvest sont enregistrées au cœur de la nuit.


Les titres plus nerveux qui comportent des parties de guitares électriques, sont captés ultérieurement au Broken Arrow Ranch de Neil Young, en Californie. Le rendu Lo-Fi du son est imputable à un bricolage maison d’Eliott Mazer qui fait que tous les micros "repassent" les uns dans les autres, ce qui donne l’impression que l’enregistrement a été réalisé dans une grange faite de poutres et de planches. C’est précisément le cas. Le pont aux ânes parfait pour les apprentis ingénieurs du son.


Pour compléter l’ouvrage, Neil Young intercale une courte prestation live (le fabuleux "The Needle And The Damage Done") et confie la production de deux titres ("A Man Needs A Maid" et "There’s A World") au taciturne Jack Nitzsche, son pote depuis longtemps (4). Les deux plages, pompeuses à souhait (le London Symphony Orchestra en fait toujours des tonnes), se trouvent intercalées dans une production à la limite du bricolage sonique. Comme deux clous dans un sabot. Et pourtant l’album reste mystérieusement et sublimement cohérent.


Harvest sort le 1er février 1972. C’est un triomphe commercial.


Neil Young passera la suite de son existence à expliquer (souvent avec un humour désabusé) que Harvest restera son meilleur album parce qu’il ne pourra jamais retrouver les mêmes conditions pour enregistrer une œuvre équivalente. Il n’y aura plus jamais les mêmes amitiés, les mêmes amours, les mêmes rencontres, les mêmes instruments ni les mêmes conditions atmosphériques…


Si les deux premiers trimestres de 1972 valent tous les honneurs au Canadien solitaire, les mois suivants vont lui imposer des douleurs dont on ne guérit jamais. Le 8 septembre, son premier fils Zeke nait polyhandicapé. Le 18 novembre, son ami, le guitariste Dany Whitten meurt de ses addictions après avoir été viré du Crazy Horse avec, en poche, un billet d’avion (aller simple en classe économique) pour Los Angeles et, pour l’entièreté de son œuvre, une indemnité misérable de cinquante dollars (5).


Est-ce que c’est l’homme qui construit son destin ou est-ce le destin qui construit l’homme ? C’est peut-être la plus belle question posée par Neil Young depuis plus de quarante albums. Et, forcément, la vérité doit se trouver quelque part dans une de ses fabuleuses compositions. 


Chacun.e veillera à se forger sa propre vérité.


(1) qu’il avait rencontré en 1964 au hasard d’un concert dans un bar en Ontario.


(2) l’"étranger" (au sens du "legal alien" chanté par Sting) n’a pas à supporter le poids d’un héritage culturel qui accumule les règles non écrites et qui bride l’imagination. Par exemple, il faut probablement être canadien pour jouer de la country avec un banjo à six cordes. Pour un Américain natif, le banjo à six cordes est une hérésie. Comme souffler dans un violon. Mais nous savons tous que le Monsieur Jourdain de Molière n’était jamais meilleur que lorsqu’il pratiquait la prose "sans le savoir". 


(3) il refusera d’apparaître sur les images du long métrage, expliquant qu’il jouait et chantait pour le public présent et non pour les caméras. 


(4) en fait, l’extravagant Jack Nitzsche est le pote de tout qui veut. Entre autres merveilles absolues, Jack a assemblé le wall of sound de "River Deep, Moutain High" pour Phil Spector, pianoté avec les Rolling Stones sur "You can’t Always Get What You Want"), composé la musique du film "Vol au-dessus d’un nid de coucou", et promené ses stocks d’amphétamines dans le monde rock entier.


(5) torturé par sa culpabilité, Neil Young consacrera l’album désespéré Tonight’s The Night (1975) à l’errance et à la disparition du guitariste (puis celle de son roadie Bruce Berry).

Note de 5.0/5 pour cet album
Lulu, le 29/07/2005

Harvest est le quatrième album solo de Neil Young et sans aucun doute, son chef d'oeuvre. Sous cette épaisse pochette cartonnée, se cachent dix perles immortelles, dix merveilles de pop-folk teinté de country. Ayant fait ses premières armes dans Buffalo Springfield puis avec ses amis Crosby, Stills et Nash, Neil Young adore cette musique de l'Amérique profonde, des cow-boys, du sable chaud et des feux de camp et met toute son énergie dans cet album. Mais en cette année 1972, il a une déficience musculaire qui l'empêche de tenir sa guitare et rejoint son groupe The Stray Gators qui l'aide à concrétiser ce projet. Au ton très acoustique, Harvest est une vraie moisson de plaisirs : la guitare sèche se mélange à la pédale Steel et aux superbes solos d'harmonica sur "Out Of The Week End", le piano d' "Harvest" accompagne délicatement la magnifique harmonie vocale de cette triste histoire de promesse non tenue, "A Man Needs A Maid" se voit propulser aux firmaments de la beauté grâce à des arrangements joués par l'orchestre philharmonique de Londres, "Heart of Gold" est le seul morceau de Neil Young qui arrivera numéro un dans les charts américains. C'est une chanson typiquement country qui mérite son énorme succès commercial. L'harmonica, la guitare Steel et les ch?urs féminins rendent cette chanson éternelle. "Are You Ready For The Country ?" continue la magie en accélérant un peu le tempo mais en gardant la même recette de chanson de cow-boys dirigée par un piano plus présent. Et toujours cette pédale Steel qui n'arrête jamais d'occuper tout l'espace de manière la plus sensuelle et la plus juste possible. "Old Man" est très influencée par un jeu de guitare folk très en vogue en ce début 70 et les ch?urs sur le refrain font encore mouche. "There's A World" s'apparente plus à une musique de film, chantée toujours à la manière country par un Neil Young très inspiré. La fin de l'album se veut plus rock et énervé avec un "Alabama" plus électrique, une basse mise en valeur et toujours un refrain des plus efficaces. La très douce et acoustique "The Needle and The Damage Done" est une courte chanson de protestation contre la drogue. Enfin, "Words" clôt l'album avec son riff entêtant, presque obsessionnel. Harvest est un album immortel, magique et qui s'infiltre par tous les pores de votre peau pour ne plus jamais vous lâcher. Une incroyable aventure qui s'écoute sous la chaleur d'une longue route de vacances ou seul dans le noir avec le sentiment de voir quelque chose de changer dans sa vie, sans savoir vraiment quoi. Une musique profonde, imagée et country. Un voyage indispensable à Nashville, terre sainte des cow-boys et des sudistes.

Commentaires
Marcoswestcoast, le 05/08/2022 à 00:55
Gravé à jamais dans ma mémoire
Rebus, le 21/03/2022 à 16:43
Mon premier album du Loner. C'est une très belle entrée en matière pour découvrir l'oeuvre (parfois bien tourmentée - Cf "Tonight's the Night") du Canadien. Par la suite, j'ai une préférence plus marquée pour son album "On the Beach" qui est beaucoup moins accessible et plus tourmenté. Harvest reste cependant un sommet dans la très longue carrière de Neil Young.
Yuls, le 17/10/2020 à 17:15
Une claque écoutée en boucle et qui marque durablement. Peu d'album avec cet effet, Grant lee buffalo m'a aussi fait çà...
Arbitre, le 25/09/2020 à 06:49
Très bon album, qui sent bon la nature, musicalement parlant. Ca oscille globalement entre folksong et country, avec des textes variés. "Old man" et "Out on the weekend" sont à mon avis les piliers de l'album. "Man needs a maid" est une petite perle musicale, comparable à un "Let it be" ou un "The long and winding road". Difficile d'entrer dans l'univers de Neil Young, rapport à sa voix particulière, mais une fois accoutumé, c'est de la musique chaleureuse, le genre de chaleur qu'on peut ressentir, assis dans une auberge, après une lampée de vin chaud, alors que dehors il y a une tempête de neige.
Jeffairsound, le 21/08/2020 à 19:56
Je suis rentré dans l'univers de Neil avec cet album (c'était en 1975) pour ne plus en sortir. Aujourd'hui j'en ai 61 et je suis un inconditionnel du loner,je touche tout ce qui bouge autour de son oeuvre albums, concerts, films, reportages, documentaires,à ne pas manquer Journey, film magnifique où de retour aux sources, il évoque sa jeunesse à Toronto, entrecoupés de performances seul avec ses guitares et un son à couper le souffle