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Critique d'album

Nine Inch Nails


Year Zero


(16/04/2007 - Interscope - Métal Indu - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Hyperpower ! / 2- The Beginnig of the End / 3- Survivalism / 4- The Good Soldier / 5- Vessel / 6- Me, I'm Not / 7- Capital G / 8- My Violent Heart / 9- The Warning / 10- God Given / 11- Meet Your Master / 12- The Greater Good / 13- The Great Destroyer / 14- Another Version of the Truth / 15- In This Twilight / 16- Zero-Sum
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Trent Reznor nous offre une nouvelle pièce maitresse de rock industriel."
Nicolas, le 25/10/2007
( mots)

Dire que Year Zero a été accueilli avec une certaine méfiance par les accros au rock sous adrénaline relève de l'évidence, et pour cause. Après avoir accompli coup sur coup deux chefs d'oeuvres absolus de rock industriel, à savoir The Downward Spiral et The Fragile, Trent Reznor a subitement disparu de la circulation musicale peu après 2002 pour suivre entre autres une cure de désintoxication bien méritée. Silence radio donc, puis en 2005 coup de théatre : Reznor est clean, et Nine Inch Nails revient avec un nouvelle réalisation... à la tonalité pop assez surprenante. A croire que le charismatique leader de NIN ne peut libérer sa puissance créatrice qu'en proie à la dépression ou sous l'emprise de l'héroïne. Alors quand a été annoncée la venue d'un album pour 2007, soit 2 petites années seulement après cette étonnante "erreur de parcours", on a craint le pire.

Mais Trent Reznor n'est pas le premier venu, loin s'en faut, et cet album va achever de le démontrer avec maestria. Même délivré de ses démons, l'homme reste un être tourmenté, à fleur de peau, entier, sensible, engagé. Et l'un des derniers grands génies de la musique rock contemporaine, assurément. Avec Year Zero, il effectue un virage à 180 ° vers une musique à nouveau sans concession, allant encore plus loin dans le jusqu'au-boutisme sonore qui le caractérisait précédemment. Nul doute que de nombreuses personnes seront débordées par l'incroyable complexité auditive de cet opus, et de fait qu'elles seront tentées de lâcher bêtement l'affaire. Quant aux autres, les plus persévérants, les fans inconditionnels, ou les curieux insatiables, ils peuvent se préparer à une pérégrination des plus édifiantes.

Car même si on n'apprécie pas forcément la musique de Nine Inch Nails , il y a quelque chose qu'on ne peut lui ôter : son stupéfiant pouvoir de fascination. Délaissant sa vieille obsession de l'autodestruction, Reznor rabat ses angoisses sur l'oppression des peuples par la tyrannie politique. Bienvenue donc dans cette année zéro, point de départ d'une dictature totalitaire ayant écrasé les Etats-Unis sous un joug martial et mécanique dans un avenir pas si lointain. "Hyperpower" donne illico le ton : la batterie lourde marche au pas, les ordres sont scandés, les manifestants grondent, la guitare vrombit, puis la révolte est réprimée dans un torrent sonore époustouflant qui mêle hurlements d'horreur, rafales d'armes automatiques et crissements de blindés. En moins de 2 minutes, Reznor assomme littéralement l'auditeur sans avoir prononcé le moindre mot. Cette force évocatrice démente qui le caractérise marque ainsi tout le CD, le transformant en bande originale d'un futur qu'on aimerait ne jamais avoir à connaître. Pas de répit pour les survivants, Reznor frappe ensuite un très gros coup avec "The Beginning Of The End", dont le titre se passe de commentaires, faisant office de générique initial. La ligne de basse rythme avec brio un titre sobre, efficace et fichtrement accrocheur, avant d'enchaîner sur un "Survivalism" électro-rock sous tension, murmuré en apnée sur le couplet et vomi brutalement sur le refrain, avec une ligne de guitares oscillantes-angoissantes contrastant avec de subtils bidouillages en arrière-fond. Arrive ensuite un titre somptueux, "The Good Soldier", un pur Trip Hop à la basse grinçante et aux claviers cristallins, planant sur un air étonnamment beau et simple. Un répit particulièrement réconfortant. Déjà, la profondeur sonore des pistes et les différents degrés d'écoute ont de quoi impressionner, et ce n'est que le début.

Vous pensiez avoir fait le plus difficile ? Détrompez-vous, car c'est ensuite que les affaires commencent à se corser sérieusement. "Vessel" pulvérise littéralement toutes les bases musicales connues de l’homme civilisé en nous transportant dans un monde d'engrenages, de pistons et de concasseurs martelant inlassablement une rythmique tribale, survolée par une bordée de perceuses, de visseuses et de vibreurs déchaînant leur fureur de façon chaotique, tandis que Reznor se complait dans une absence quasi-totale de ligne mélodique. Affirmer que ce titre est expérimental relève de la douce blague tant on est loin du compte ! "Me I'm Not" est du même tenant, avec une rythmique de base rappelant un Massive Attack lourd et sombre, soulevant des traits musicaux distillés toujours au compte-goutte. Ca ne s'arrange pas par la suite pour notre encéphale même si, dans sa bonté, le sorcier à la manoeuvre a bien voulu consentir à alterner successivement des morceaux déroutants et des pièces, comment dire, plus "conventionnelles". Le coeur de l'album va donc se battre entre le très balancé "Capital G", bourrin et viril, et un "Violent Heart" susurré calmement puis soudainement vociféré avec rage. A ce propos d'ailleurs, il est assez frappant de constater à quel point Trent Reznor a mûri en ce qui concerne l'utilisation de sa voix. Auparavant brute et furieuse, elle se fait désormais plus feutrée, plus ronde, mais également plus incisive, rendant son jeu vocal particulièrement attrayant.

Chaque titre est d'une richesse phénoménale, regorgeant de surprises au détour des notes, comme ces guitares déglinguées mais harmonieuses sur "The Warning", ce phrasé énervé et épileptique sur "God Given", ou ces beats destructeurs et virils sur "Meet Your Master". Puis arrive le morceau le plus étonnant de la liste, "The Greater Good", trip halluciné au sein d'une jungle métallique, grouillante et étouffante, avec un curieux contraste entre les textures synthétiques et les sonorités organiques symbolisées par un xylophone et une harpe. "The Great Destroyer" tranche violemment avec les effets précédents par sa puissance mélodique imparable, mais là encore Reznor s'amuse à perdre volontairement le contrôle de sa chanson et finit par l'atomiser sous un déluge de scratchs anarchiques. C'est le coup de grâce qui nous fait définitivement chavirer, mais une chaloupe est immédiatement mise à notre portée sous la forme d'"Another Version Of The Truth", instrumental dépouillé interprété par un piano subtilement dissonant. C'est terminé. Le générique de fin, "In This Twilight", revient en terrain plus balisé, avec un air chargé d'émotion et de douleur sur fond de percus scratchy et de guitares acérées et ronflantes à souhait : le clou de l'album, sans aucun doute. En bonus, "Zero Sum" clôt magistralement le déroulement des cast and crew, avec ses rythmiques finement ciselées, son superbe piano et ses choeurs solennels.

 Nine Inch Nails sera donc parfaitement présent dans ce troisième millénaire, pour ceux qui en doutaient encore. Par sa puissance visionnaire, sa capacité à générer des émotions variées et violentes, sa maîtrise technique hors pair et son inventivité à toute épreuve, Year Zero est bel et bien une nouvelle pièce maîtresse du rock industriel. De surcroît, après ce délectable opus, il va falloir vous préparer à prendre de nouveau rendez-vous avec ce génie de l'électro-rock qu'est Trent Reznor. Des rumeurs persistantes laissent en effet entendre que Year Zero ferait partie d'un diptyque qui devrait trouver sa conclusion pas plus tard que l'an prochain. Certainement hors label, probablement exclusivement on line, et possiblement distribué selon la "Méthode Radiohead". Mais c'est déjà une toute autre histoire...

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