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Critique d'album

Radio Moscow


Brain Cycles


(14/04/2009 - Alive Records/Differ-Ant - Blues-rock psychédélique - Genre : Rock)
Produit par

1- Just Don't Know / 2- Broke Down / 3- The Escape / 4- No Good Women / 5- Brain Cycles / 6- 250 Miles / 7- Hold On Me / 8- Black Boot / 9- City Lights / 10- No Jane
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Radio Moscow continue de braquer sa guitare fuzz sur l'ère Woodstock. Jouissif."
Maxime, le 15/06/2009
( mots)

Alors que l’on va fêter les 40 ans de Woodstock en août prochain, une complainte s’élève à la marge du circuit rock : "peut-être fallait-il en rester là, les gars". Constat rétrograde, mais diablement enthousiasmant quand il est porté à bout de bras par Parker Griggs, jeune prodige guitaristique à la vingtaine à peine sonnée. Radio Moscow, son bébé, lançait l’ouverture du débat en trombes à la force d’un premier album de garage-blues psychédélique en surchauffe, bénéficiant des bons soins de Dan Auerbach. Désormais libéré de la tutelle de la moitié chantante des Black Keys, Griggs s’est cloîtré dans son bunker où il creuse encore un peu plus son sillon rétro avec l’autorité d’un commandatore solitaire (l’homme s’occupe de la guitare, du chant, de la batterie et de la production), ne souffrant que le renfort de la basse de Zach Anderson. Ce deuxième effort échappe à la formule lapidaire "Jimi Hendrix meets The Black Keys" à laquelle on aurait pu un peu trop rapidement réduire son prédécesseur. Ivre de liberté et de puissance, le natif de l’Iowa a aligné ses pédales d’effets en rang de bataille, monté les potards de son ampli, durci son blues et bétonné son groove.

On traque ce groupe sur les planches depuis deux ans, et à les voir lors de leur dernier concert parisien à la Mécanique Ondulatoire, ou plus récemment au Mix-Up festival, le doute n’est plus permis : ces types-là boxent définitivement dans la catégorie Blue Cheer, soit fringances flower power ratiboisées au high volume rock. Quiconque a assisté à l’un de leurs shows a sans doute éprouvé cette impression de déjà-vu face à ces corps ployés sous l’électricité qu’ils déchargent, le visage dissimulé derrière un rideau de cheveux crêpés. Dicky Peterson and Randy Holden rule, dude ! Tu l'as dit fiston. Radio Moscow affirme par là-même sa véritable nature, celle d’un groupe de hard rock préhistorique à la charnière des sixties et des seventies, soit les premiers travaux d’un Grand Funk Railroad ou d’un Mountain. Le blues rural d’antan a pratiquement fondu, le chant s’est fortement tamisé (les mélodies se font rares, et ne servent qu’à appuyer les continuelles salves de riffs), les compositions se sont allongées, la guitare a assis un règne désormais sans partage.

Brain Cycles est donc avant tout un disque de musicien qui passe les 45 minutes de son existence à vanter, explorer et épuiser les possibles de ce que peut produire une Stratocaster lorsqu’elle est confiée à des doigts experts. Le tour de force de l'album est de parvenir à recréer l’illusion d’assister aux ébats d’un power-trio en complète harmonie alors qu’il n’est principalement le fruit d’un seul et même artisan. L’ensemble est d’une fluidité remarquable et d’une admirable cohésion, que ce soient les roulements de batterie relançant sans cesse les ruades de la guitare ("I Just Don’t Know", "No Jane"), les martèlements têtus de la section rythmique ("City Lights"), la fuzz qui plante son drapeau dans les moindres recoins avec une omnipotence dictatoriale ("The Escape", "Brain Cycles"), quand ce n’est pas la wah-wah qui vient violemment réclamer son tribut ("Hold On Me"). Dans ses moments les plus acides, l’album sonne comme un Nebula plus rustique ("Broke Down"), ce qui est un immense compliment.

La seule anicroche réside dans le caractère parfois très monomaniaque de Parker Griggs qui donne l’impression de cocher chaque case du cahier des charges de tout bon disque de rock psychédélique old school : la voix grésillant d’un baffle à l’autre, l’instrumental au bottleneck ("Black Boot"), le solo de batterie über-maousse à la "Rat Salad"/"Moby Dick" qui crible le phénoménal "No Good Woman", sommet du disque et final pyrotechnique de leurs prestations live. Mais le bonhomme poursuit ses obsessions vintage avec une telle candeur, un tel appétit, un tel plaisir de jeu que cet aspect rigoriste, un peu monacal sur les bords, se révèle au final hautement jubilatoire. Alors, oui, il est certain que les partisans de l’évolution permanente risquent de s’étrangler d’indignation face à tel manifeste si abruptement analogique. Mais on peut facilement rétorquer que le rock, de toute son histoire, n’a fait que dialoguer avec ce qui l’a précédé. Et là, force est de reconnaître que dans le créneau très spécifique dans lequel Radio Moscow a choisi de se placer, il n’y a tout simplement pas mieux à l’heure actuelle.

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