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Critique d'album

The Libertines


Up The Bracket


(22/10/2002 - Rough Trade - Power Garage Pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Vertigo / 2- Death On The Stairs / 3- Horror Show / 4- Time For Heroes / 5- Boys In The Band / 6- Radio America / 7- Up The Bracket / 8- Tell The King / 9- The Boy Looked At Johnny / 10- Begging / 11- The Good Old Days / 12- I Get Along
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"L'album qui fait encore tant espérer du couple Barât/Doherty."
Maxime, le 06/09/2010
( mots)

Si les Strokes ont rallumé la flamme d’un rock moribond avec leur Is This It, il fallait que le flambeau traverse l’Atlantique pour incendier la vieille Europe. Les Libertines en seront le véhicule idéal, chipant gaillardement la torche à leurs frères ennemis new-yorkais, au risque de s’y brûler les doigts. Tant a été dit sur le tandem explosif Pete Doherty/Carl Barât, mais il mérite encore à l’heure actuelle tous les éloges et les plus sincères félicitations. Merci les lads pour avoir si brillamment redonné vigueur, foi et confiance à un genre dont on avait trop rapidement diagnostiqué la mort cérébrale.

Chaque nouvelle génération de rockeurs s’accompagne irrémédiablement d’un disque de la trempe d’Up The Bracket. La forme s’inscrit dans l’éternelle tradition britannique : un cœur romantique pulsant au rythme des Smiths, la virulence nasillarde des premiers Kinks, la morgue dandy des Jam, l’insolence anarchique des Buzzcoks poussée au cul par l’ardeur des Clash. Le rôle crucial des Libertines se joue finalement ailleurs. Ce ne sont ni des passeurs, ni des professeurs, mais de formidables désinhibeurs, remettant au goût du jour cette vieille idée d’un rock érigé en mode de vie absolu. La technique de jeu ? Explosée. L’attitude ? Perpétuellement éméchée. La démarche ? Titubante, puis affalé sur le sol, la tête dans le caniveau. Comment pratiquer le rock ? Comme une guérilla, investir le moindre squat, prendre le maquis dans les arrière-salles les plus glauques et sabrer sans fin sur sa guitare délabrée jusqu’à l’épuisement.

Fort de cette philosophie pratiquée pendant des années dans les bas-fonds de l’archipel briton, The Libertines est devenu le groupe le plus magnétique de sa génération. Ces deux personnalités si contraires, Pete Doherty (teint vomiteux, regard perdu dans le vague, âme lunaire et extravertie) et Carl Barât (droiture d’un soldat rock’n’roll, regard bleu profond, beau garçon timide), s'attirent, s'opposent et se confondent pour former une hydre à deux têtes personnifiant le rockeur total. La pochette de l’album (un cliché des émeutes argentines, déjà culte) et de ses singles (Barât pris sur le vif en train de mouliner son instrument pour "Up The Bracket") électrisent. Les concerts, joyeusement anarchiques, et les frasques (drogues, cambriolages, bagarres) fascinent. Et depuis eux, l’Angleterre sera pour toujours synonyme d’Albion, royaume imaginaire où la vie est toujours un peu plus magnifique et haletante que dans le monde réel. Le pouvoir d’attraction du quartet se mesure aux nombres d’ersatz qu’il va vite générer, en Angleterre comme en France (la mouvance baby rockeurs couvée par un Rock & Folk plus guidé par l’ivresse que le contenu du flacon). Mais de même qu’il n’y a rien de plus désagréable que de lire un mauvais clone de Bukowski, la cohorte de sous-Libertines se bousculant au portillon épuise. Parce qu’elle n’a retenu de l’affaire que les fringues et une certaine aristocratie destroy. Alors qu’Up The Bracket transpire le vécu, l’authenticité, la sincérité. Autant de notions qu’il est impossible de reproduire artificiellement.

Voilà bien ce qui distingue ce disque de la masse : cette extraordinaire vitalité, ce mouvement fougueux qui le traverse de part en part et emporte tout. Dans une époque où baiser, prendre du plaisir, appartenir à une culture marginale, bref, vivre un peu plus librement que la moyenne est devenu un délit, la morgue d’Up The Bracket détonne. Fidèles à leurs ancêtres, les Libertines excellent dans cette puissance d’affirmation adolescente qui sublime tant de chef d’œuvres du rock. Ce sont "these two cold fingers, these crooked fingers I show" ("Up The Bracket", un des singles clé de cette décennie, le déclencheur ultime) que l’ont tend quand on nous provoque, ce sont ces filles qui "scream and shout for the boys in the band", cette croyance obstinée dans sa propre vérité ("Just getting along and singing my song, people tell me I’m wrong. Fuck’em"). Dohery et Barât se voient promus au rang d’emblèmes. C’est à travers eux qu’une génération vivra par procuration sa soif d’interdit, son envie d’amitié fougueuse et fratricide, son désir de chaos comme moyen d’exister plus fort. Autant d’élans parfaitement captés sur ces 12 pistes comme autant d’instantanés, regorgeant de punk cloisonné aux portes du pub ("Vertigo", "Begging"), de déboulés sidérants ("Horrorshow", "The Boy Looked At Johnny"), de brit-pop écorchée à la mode molotov ("Time For Heroes"), de comptines cockney ("Death On The Stairs", "Tell The King") et de poésie griffonnée sur le mur des toilettes ("Radio America"). Tout parait joué à la va-comme-je-te-pousse, entre deux virées éthyliques dans les tréfonds urbains (le clash Mick Jones, posté à la production, a la lumineuse idée d’intervenir le moins possible). Doherty s’époumone, dévale les escaliers sans mettre le frein, Barât reste debout, prêt à soutenir son copain. Les morceaux semblent suturés au scotch, mais la section rythmique infaillible de John Hassall (basse) et Gary Powell (batterie) maintient toujours la troupe sur ses rails brinquebalants.

La suite était inévitable et participa à la légende : le groupe se consume rapidement par les deux bouts, Carl débarque Pete, un deuxième album, encensé par ceux dont le goût morbide les porte à préférer ce disque malade d’un groupe déjà mort, sort dans une ambiance de fête avortée. Par la suite, les deux frangins terribles poursuivront leur destinée en solitaire, Barât privé du talent erratique de Doherty avec ses Dirty Pretty Things, Doherty s’enfonçant dans la déchéance toxique et les errements artistiques avec Babyshambles, sans pouvoir s’appuyer sur l’épaule de Barât et recherchant depuis un succédané de son janus (Stephen Street, Graham Coxon). Les Abel et Cain de garage-punk se sont enfin réunis pour quelques dates estivales. Cela fait très certainement un joli point final à une histoire d’amitié qu’on n’aurait jamais voulu voir rompre, mais les Libertines n’étaient-ils pas les plus grands quand ils gravaient sur une poignée de sillons des années de vie buissonnière passées à rêver le jour où ils pourraient faire le tour du monde et l’amour aux plus jolies filles ? Car, finalement, Up The Bracket se suffit tellement à lui-même, ouvrant une parenthèse qui n'a pas fini de se fermer. Ce disque ne changera ni votre vie ni vos chaussures, mais certainement la demi-heure que vous lui accorderez.

Note de 4.5/5 pour cet album
"Premier album pour The Libertines, Up The Bracket s'avère excellent !"
Jérémie, le 13/11/2002

Première rencontre avec The Libertines à travers leur clip "Up The Bracket". Des mélodies joliement débraillées, un son punk gentiment cradingue, une voix agréable (pour du garage, ça change !), et des notes dans tous les sens ! Waw ! A peu près au même moment, leurs têtes fleurissent dans les pages des magazines rock, où les vieux de la vieille comme les plus jeunes les encensent... Le phénomène du moment, à n'en pas douter ! Et quand on remarque que le producteur de leur album n'est autre que Mick Jones, ex Clash, on se dit qu'on est tombé sur un sacré filon ! The Libertines, comme tout groupe en The qui se respecte, s'inscrit plus ou moins dans la lignée de ce "renouveau du rock & roll", fortement influencé 60's / 70's. On retrouve ce style vieillot / renouveau, recyclage (?) / réinventage, mais The Libertines apporte à ce style sa petite touche perso : de le fraîcheur dans un monde de déglingués. Entre garage rock et power grunge intelligent (!), The Libertines nous offre un rock revigorant, mélodique et entraînant, qui donne la pêche en moins de deux. Des notes de guitare dans tous les sens (qui feront sûrement dire à certains qu'il y en a trop), des petits riffs qui tuent, des lignes de basses simples mais efficaces, et la voix déglinguée mais néanmoins agréable de Pete Doherty : là ou celle de Julian Casablancas est grise et monotone (bien qu'ayant son charme), celle du leader des Libertines est mélodique et claire (ce qui ne l'empêche pas de pousser des cris de temps en temps, pour nous rappeler ses influences peut-être), elle témoigne à elle seule de la gentille folie du groupe... et quand des choeurs viennent l'accompagner ("The Boy Loooked At Johnny"), on ne peut que se mettre à sauter dans tous les sens ! Il se dégage de leur musique une réelle impression de fraîcheur, le message est clair : "on est jeunes et en bonne santé et la vie nous plaît"... Quelque chose de très positif, qui ne les empêche pas non plus de composer des sortes de ballades toutes tranquilles comme "Radio America" (pas forcément la meilleure d'ailleurs). Pour se faire une idée, écoutez "The Good Old Days", "Death On Stairs", "Up The Bracket", "The Boy Looked At Johnny"... hum... en fait écoutez tout l'album, ce sera plus simple ! Vive les anglais !

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