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Hellfest 2022, Vendredi torride à Clisson


Nicolas, le 22/06/2022

La température monte d'un cran


Transhumance vers la tente de la Valley - oui, moi quand je vais à Clisson, je fais des allers et retours entre les Mainstages et la Valley, sans même chercher à mettre les pieds dans l’Altar, le Temple ni la Warzone - en route donc vers la Valley pour aller écouter Witchcraft. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ces suédois que j’avais un temps beaucoup aimés (Legend, dans le genre revival sabbathien, se posait là) mais dont les derniers albums m’avaient plutôt laissé de marbre. N’empêche, je suis curieux de voir ce que donne le groupe sur scène. D’entrée de jeu, une constatation : le son de Witchcraft est fabuleux, rond, puissant, habilement distordu, englobant. Sans doute le meilleur set sonique de la journée, et il y avait une belle concurrence. Second point, le plaisir des musiciens, en particulier de Magnus Pellander qui, s’il se montre peu disert, presque timide, ne se départit pas d’un grand sourire tout au long de la prestation. C’est d’ailleurs un point qui transparaîtra régulièrement au fil de la journée, cette joie, ce bonheur des musiciens d’être là, de rejouer sur scène après la longue parenthèse du COVID, de communier avec la foule, de transmettre leur musique. Plaisir, donc, et plaisir partagé tant le stoner rock psychédélique de Witchcraft a tôt fait de nous faire décoller. Les autres membres du trio assurent - il me semble que le bassiste s’est mué en une bassiste, mais impossible d’en être certain de là où je suis - et les titres s’enchaînent, tantôt solennels et racés, tantôt hallucinogènes et perchés. Gros gros son donc, un orgasme auditif assez jubilatoire, et une prestation somme toute variée, suffisamment en tout cas pour me maintenir en accroche tout au long de l’heure que dure le concert. Encore un grand moment de musique : décidément, l’après-midi commence bien !


Retour en mainstage one et place à Frank Carter & The Rattlesnakes. Là encore, j’y vais la fleur au fusil, intrigué et seulement à moitié conquis par les dernières élucubrations studio du punk rocker rouquin. Sticky et End Of Suffering m’avaient plu sans m’emporter totalement, et il est vrai que je ne suis habituellement pas très client de pop hardcore - quoique Turnstile, hein, ça déchire grave. Mais qu’importe, je suis persuadé que je ne vais pas passer un mauvais moment. Sauf qu’à ce moment-là, je suis encore bien loin de me douter de la baffe monumentale que j’allais me prendre. Car Frank Carter en live, c’est quelque chose ! Une tuerie, une expérience incroyable. Dès les premières notes, le show part en cacahuètes, Carter harangue la foule, les musicos sautent dans tous les sens. Et très vite le chanteur n’en reste pas là, il bondit dans la cohue, continue à chanter tout en slammant à qui mieux mieux. Sur scène, c’est le chaos tant les instrumentistes sont intenables. La setlist enchaîne les bombes énergétiques, “Sticky”, “Fangs”, “Wild Flowers”, l’assistance est déchaînée, Carter anime le mosh pit, s’enfonce dans la masse, crée un espace central, dicte sa conduite à la plèbe, et tout le monde se prête au jeu. Les gars doivent se retirer pour laisser la place aux filles qui peuvent ainsi se pogotter sans craindre ni violence ni attouchements ? Aucun souci, tout le monde s’exécute avec bonheur. Le tout ponctué d’une lance à incendie taquine qui se fait un malin plaisir d’asperger les noceurs les plus agités. Un concert dantesque conclu par un slam gonflé de Dean Richardson qui exécute ses solos de guitare tout en se faisant transporter à bouts de bras par des spectateurs devenus acteurs complices endiablés. Un show phénoménal, plus fou encore que mon expérience vécue avec Cage The Elephant à Rock en Seine il y a quelques années de ça. Chapeau bas, Mr Carter, charge à toi d’accoucher de l’album définitif qui te fera sortir d’un injuste anonymat - relatif, tout de même - au regard de ton immense talent de secoueur de foules.


Tout autre ambiance avec les suédois d’Opeth que je me réjouis vraiment de voir enfin dans de bonnes conditions tant il est vrai que j’avais été déçu de n’avoir perçu que des miettes d’eux en 2014 quand je m’étais fait refouler de la tente Altar où ils livraient leur set à 1h du matin après le show de Black Sabbath. D’autant qu’Opeth est un groupe fabuleux sur disque, même si j’ai été moins conquis - comme beaucoup, semble-t-il - par le dernier In Cauda Venenum. Mais cette réjouissance n’est que de courte durée, et ce pour deux raisons. La première est que les organisateurs ont eu la très mauvaise idée de faire jouer Opeth en même temps que Black Mountain (aaargh ! Comment ont-ils pu oser faire ça ?) et qu’il va donc me falloir écourter ma présence en Mainstage 2 pour filer à mi-parcours écouter les canadiens dans la Valley. Et la seconde, bah c’est que la bande à Mickael Akerfeldt met du temps à se mettre en branle. Est-ce parce que le groupe commence par un “Hjärtat vet vad handen gör” en suédois issu justement d’In Cauda Venenum ? Sans doute, mais il y a plus que ça. Le son n’est pas très bon, comme comprimé, bien loin de l’aisance qu’il prend sur disque. Et si Mike paraît à l’aise et heureux d’être là, il semble un peu ailleurs, presque détaché de pouvoir enfin jouer sur une scène principale au Hellfest comme il sied à un groupe de ce rang. Néanmoins, la donne change avec “Ghost Of Perdition”, la tonitruante entame de Ghost Reveries. On est dans la période Death du groupe, et bon sang, qu'Akerfeldt est bon au micro quand il grawle. On goûte même enfin à toute la saveur de son chant clair - lui aussi excellent - dès lors qu’il se voit mis en contraste avec ses harangues lugubres. Sur scène, le son se densifie - un peu mais pas des masses, en fait - c’est propre, peut-être un peu trop. Même Akesson semble contraint dans ses soli, même si la technique des musiciens impressionne. Hélas, les morceaux d’Opeth durent longtemps, et si Mickael Akerfeldt prend un court instant pour saluer la foule, il signale avec humour qu’on lui a demandé d’arrêter de faire des vannes au micro pour que le set puisse aller à son terme dans les temps. Quand résonnent les premières notes de “The Devil’s Orchard” (issu du terrible Heritage), je me vois à regrets contraint de quitter les lieux sur une impression encore une fois mitigée par une entame trop propre et un concert fatalement - et par la force des choses - trop court. Diantre, que c’est rageant, d’autant que je sais avoir loupé les colossaux “The Drapery Falls” et “Sorceress”. Allez, la troisième sera sans doute la bonne !


Vite vite je me hâte vers la tente Valley car il n’est PAS QUESTION de trop manquer le concert de Black Mountain. Alors que je m’approche et que je jette un œil avide aux écrans géants qui surplombent l’entrée, une joie immense me saisit car je vois, avant même d’entendre, que la grande Amber Webber est de la partie, elle qui avait quitté la montagne noire il y a quelques années ! Diantre, si j’avais su, j’aurais même abandonné plus vite Opeth, c’est dire à quel point je suis transporté par cette nouvelle. Une fois entré, je joue des coudes - gentiment bien sûr - et me rapproche tout près de la scène. Et le show est magique. Dompté par le confinement des lieux, le son ouvragé de Black Mountain parvient à envahir l’espace dans toute sa majesté, entre hard seventies sabbathien dense et envolées psychédéliques soyeuses. Tout est parfait, de la guitare rugueuse de Stephen McBean à la basse colossale de Matthew Camirand, aux claviers surnaturels de Jeremy Schmidt, et surtout à la voix religieuse d’Amber Webber, aussi belle que sur sillons, aussi pleine de grâce et de majesté, parfaitement assortie à celle plus terrienne de McBean. Show statique face à une assistance ensorcelée, transportée ailleurs, bien loin de l’étouffante tente de la vallée. Entre efficacité (“Wilderness Heart”, franc et direct) et émotion mystique (“Tyrants” issu du colossal In The Future, “Space To Bakersfield” tiré de IV), le concert - naturellement court compte tenu des circonstances - tient toutes ses promesses, et plus encore. Une fois leur besogne accomplie, les musiciens timides paraissent surpris par l’engouement qu’ils ont suscité dans l’assistance, ne manquant pas dès lors de se répandre en remerciements. Même après qu’ils aient migré en backstage, la foule demeure, au point que les canadiens reviennent ponctuellement sur scène histoire d’échanger avec le public, en toute simplicité. C’est grand de leur part, mais sans doute n’ont-ils pas conscience de leur statut au sein de la scène rock. Certainement le set qui m’a le plus plu de la journée, en dépit de sa brièveté. Et qu’il me hâte de découvrir un nouvel album avec l’équipe d’autrefois !

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