Interview : Le Prince Miiaou
Caroline BT, le 20/03/2014
A l'occasion de son concert du mercredi 12 mars 2014 à la Péniche à Lille, Albumrock a rencontré Le Prince Miiaou pour évoquer son nouvel album Where is the queen et la tournée à venir. Après le succès de son précédent album Fill the blank with your own emptiness auprès des connaisseurs, Le Prince Miiaou revient moins introvertie et prête à faire ses griffes au son de ses nouveaux et magnifiques titres tels que "Suddenly" ou "JFK" à découvrir en mini clips ici.
En exclusivité, écoutez aussi son titre inédit "First Storm In Brooklyn" dévoilé le 18 mars 2014.
Comment as-tu rencontré Antoine Gaillet qui est intervenu avec toi sur l'album ?
Je cherchais pour la première fois quelqu'un pour m'épauler un peu, j'avais des envies, comme je n'écoute pas trop de musique française, c'est vrai que je ne connaissais pas les producteurs français, donc je m'étais tournée vers des pontes genre Flood qui a fait PJ Harvey, Nine Inch Nails et plein d'autres ... et puis John Congleton qui a fait Anna Calvi et Saint Vincent, qui lui, aimait bien ma musique il y a très longtemps mais bon maintenant lui est devenu très ... enfin bref c'est un gros producteur, bref les deux ça a pas pu se faire ...
Et du coup on s'est rabattu sur la France et là on nous a conseillé Antoine que moi je connaissais pas du tout. J'aime beaucoup M83. Il a bossé avec lui et du coup ben c'est vrai qu'on s'est bien entendu, j'ai pas trop eu le temps de décider, mais on est parti ensemble comme ça, le feeling est bien passé. Après c'est ce que je te dis toujours Antoine a pas eu trop de place au moment de l'enregistrement parce que c'était trop abouti ... parce qu'en fait j'aurais besoin d'aide avant d'arriver en studio. En studio les maquettes sont faites à 90 % dans les choix de productions et du coup ... ben voilà il m'a aidé à faire des choix, des choses comme ça. Mais il n'a pas remis tout en question, il a vraiment respecté ce que j'avais fait parce que je crois qu'il aimait bien, il s'était habitué au style. Par contre, voilà, il a super bien mixé. Il était là pendant l'enregistrement en tant que réal., mais on a pas pu trop collaboré dans la mesure où c'était un peu tout fait déjà.
Quand tu repenses à l'écriture de l'album, quelles sont les émotions qui te reviennent, c'était dur ou c'était des bons souvenirs ?
Il y avait les deux : des morceaux qui ont filé tout seul par exemple "Crystal Haze" j'ai du le faire en deux jours et je suis jamais revenue dessus. D'ailleurs pour moi, c'est pas un morceau que j'ai fait, enfin je ne sais pas comment dire je suis très loin de ce morceau. Ya des morceaux comme "Beloved knife" qui est un des premiers que j'ai composé, un des premiers à New York, et que j'ai fini genre un mois avant l'enregistrement tellement j'y arrivais pas à le finir. La structure que j'avais faite marchait pas. Je l'ai revu énormément de fois, comme un puzzle, j'ai du le retourner dans tous les sens, donc ya des morceaux qu'on été durs à faire où je m'en dégoutais un peu parce que c'était pas évident ... et des morceaux beaucoup plus simples qui ont filé. Et globalement j'étais plutôt contente parce j'avais réussi à être dans ma tête un peu plus libre qu'au précédent, au final je faisais ce que j'avais envie.
Comment appréhendes-tu la nouvelle tournée ?
C'est toujours le truc, je suis connue pour être une grosse traqueuse, enfin tout le monde sait que j'ai très peur de la scène et tout ; donc je sais que ce sera pas encore parfait, enfin moi j'aimerai ce soit parfait, mais ça peut pas l'être, en fait. Donc j'essaye d'accepter ça. Donc je pense que ça se passera bien, si j'accepte que ce sera pas parfait.
Je pense que le public va adorer.
Ben oui mais j'ai toujours des doutes, il y a des morceaux qu'on a encore bougé à la dernière minute, et du coup j'ai pas mes repères. Alors ça c'est le genre de choses qui me font peur. J'ai besoin d'être bien préparée, même en étant pas préparée. Mais bon j'essaye d'être plus calme que d'habitude. C'est chouette on a pas mal de concerts prévus, ça a l'air de bien se remplir. C'est nouveau aussi un peu, c'est chouette.
Tu te prépares physiquement ?
Je devrais, mais non pas du tout. Je m'échauffe pas la voix ... Je devrais m'échauffer : sur scène je bouge beaucoup et des fois j'ai des courbatures après. Là c'est la première fois qu'on fait 4 dates de suite. Donc je sais pas ce que ça va donner. Donc je sais pas si ma voix va s'abimer ou pas. On a fait plein de petits concerts avant sur ce disque pendant 2 semaines, éparpillés, on va dire, donc je sais pas encore comment ça va se passer.
Y a-t-il des festivals que tu affectionnes particulièrement ? En France ou en Belgique ?
J'aimerai bien faire Les Nuits Botaniques, dans mes rêves j'aimerai bien faire Glastonbury... Non mais ça c'est une blague, je croyais que tu parlais de quelque chose de crédible, j'aimerai bien faire Rock en Seine ou les Eurocks, mais je suis pas sûre que ce soit le cas.
Comment ressens-tu le contraste entre Paris la tournée les dates ... et ta maison tranquille au calme ?
Disons que je suis préparée parce que 3 mois avant la sortie, je commence déjà la promo. Je sors déjà de ma bulle. En fait en tournée on voit que les salles quasiment ... En fait c'est un contraste dont j'ai besoin : passer trop de temps chez moi dans la campagne c'est un peu chiant et passer trop de temps sur la route c'est un peu chiant. C'est un équilibre à trouver entre les deux.
Malheureusement j'ai pas vu voir le documentaire réalisé par Marc-Antoine Roudil, mais peux-tu nous en dire plus sur ce documentaire sur la créativité ? As-tu pu oublier la caméra ?
C'était compliqué parce que c'était un album que j'ai eu beaucoup de mal à composer et du coup il y avait Marc-Antoine, le réalisateur, enfin le documentariste, c'est son film, hein c'est pas mon initiative, d'ailleurs il était venu me voir ici, on s'était rencontrés ici pour la première fois, et puis on avait discuté de ça dans un bar à Lille, je m'en rappelle. Et c'est là qu'il m'a exposé son projet et que j'ai dit oui. Bon ben c'était compliqué parce qu'il était avec moi 24 h sur 24 dans ma petite pièce. Ben non j'ai pas pu oublier la caméra quand on était que tous les deux, surtout pendant la composition, où c'est un moment hyper pudique. Après on était en studio, c'était plus simple, parce qu'on était plus nombreux, donc là j'oubliai complétement la caméra. Pendant les trois semaines où il est resté dans ma petite pièce qui fait 7 m2 même pas, là c'était ... Et par exemple pour faire les chants, j'osais pas le faire pendant qu'il était là. Donc dès qu'il éteignait le soir, je faisais mes chants en douce, parce que j'arrivai pas à assumer, à aller aussi loin que ça devant lui.
Pendant ton expérience à New-York, as-tu cherché à enregistrer aux Etats-Unis ?
Non pas du tout, non, le but c'était vraiment de faire un break avec ma vie en France on va dire, Le Prince Miiaou et par contre c'est vrai que là bas j'avais amené de quoi composer. C'est à dire ma carte son mon ordi ma guitare, et puis je suis tombée chez des ... j'étais en coloc avec des filles, dont une était musicienne, donc il y avait une basse, un clavier donc finalement je me suis retrouvée avec plus d'instruments que prévu et donc j'ai pu me remettre à bidouiller mes trucs. Mais non à la base j'étais partie pour prendre l'air, on va dire. Et puis il s'est avéré que l'envie est revenue là-bas de faire de la musique, donc j'ai composé 3 ou 4 morceaux de l'album là-bas.
Justement dans l'album il y a certains nouveaux petits habillages sonores au voice-encoder -des pitchs- est-ce que cela signifie que tu serais prête à te tourner vers des sons plus électros ou souhaites-tu rester classique guitare, basse, batterie ?
.... Mmm (Elle hésite). Si j'étais capable de faire un album comme Kid A (Radiohead) ou Amnesiac (Radiohead), j'aimerai beaucoup, hein, dans cette électro là ouais c'est sûr, ou à la James Blake, j'aime beaucoup ce mélange, moi je trouve ça hyper classe. Là je suis un petit peu allée vers ça, un tout petit peu, mais là c'est un pont entre mon côté on va dire très "guitare, basse, batterie" et puis plus de synthés, de choses comme ça. Mais je ne suis pas contre du tout.
Le titre "Aliénor", où tu as mis un extrait de la voix de ta grand-mère, j'imagine, est extrêmement touchant tu peux nous expliquer ?
C'est un morceau qui a trainé pour le coup, je l'avais fait il y a longtemps et puis j'arrivais pas à le finir. J'essayais de mettre du chant mais ça brouillait les guitares, donc j'ai laissé tomber longtemps, et pis un jour j'ai réécouté tous mes messages ... car pour l’anecdote, je me demandai comment les gens commençaient leurs messages. Donc j'ai pris sur l'iphone, la messagerie virtuelle, visuelle, et bon bref je suis retombée sur les messages que me laissent ma grand-mère paternelle, celui-ci il parlait du projet, donc je trouvais ça touchant. J'aime bien sa manière de parler au téléphone, enfin bref je me suis dit ben tiens je vais le mettre sur cette introduction, ça marchera bien.
Surtout le moment où elle dit "J'ai pas de photos récentes de toi ..."
Je trouvai ça mignon, car ça montrait mon succès, -mon relatif succès- et c'est simple. C'est quelque chose de sain et simple. Comme n'importe peut être la vedette dans sa famille, soit parce qu'elle a réussi ses études ... et là ma grand-mère, je trouve qu'il y a ça qui transparaissait, elle sait pas trop ce que je fais, elle suit pas, elle regarde pas la télé, elle écoute pas la radio ni rien, donc elle sait pas. Elle sait juste que je suis chanteuse et que ça marche -un peu- et donc c'est très simple la manière dont elle en parle et donc je trouvais ça marrant.
Ce morceau est donc assez personnel, mais est-ce que tu penses que l'ensemble du disque l'est moins que les autres, du fait qu'il y a eu des collaborations ?
Non il n'y a pas eu de collaborations, pendant la composition, les paroles et tout. Si, Norbert le batteur a un petit peu composé, ajouté des guitares par ci, une basse par là, mais ça reste vraiment un boulot où je suis restée enfermée dans une pièce toute seule pendant un an.
Ce n'est pas ce que j'avais pu lire ...
Oui tout est un peu confus, ça reste en terme de compositions, vraiment personnel... Je deviens vraiment de plus en plus pudique, et c'est dans ce sens là que c'est moins personnel que mes premiers disques.
Un petit mot sur la pochette, tu te penches beaucoup sur le graphisme du CD ou cela ne t'intéresse pas trop ?
J'ai pas beaucoup de moyens surtout, j'ai pas beaucoup de budget, donc je me retrouve souvent à faire les choses toute seule en fait. Enfin le graphisme c'est pas trop mon truc, donc j'ai quand même un ami qui m'aide dans l’exécution, parce que ça je sais pas trop faire, mais dans la création, on va dire que ouais je me débrouille toute seule. Mais c'est pas ce que je préfère faire, je préfère avoir plein d'amis graphistes qui pourraient m'aider, des créatifs, voilà, parce que j'y passe un temps fou et je suis pas toujours satisfaite de ce que je fais - pour les pochettes. Les clips, les vidéos, tout ça, ça me plait plus.
Justement les clips, ou plutôt les teasers mis en ligne, j'avais trouvé ça magnifique, c'est toi qui as développé ces idées là et monté tout ça ?
Là les teasers, ça m'a pris énormément de temps et d'énergie c'était vraiment un gros projet avec un chef opérateur et tout, enfin, une co réalisatrice, beaucoup de figurants, zéro budget. Il y avait beaucoup de gens pour jouer dans les teasers, mais par contre ça a été fait avec 3 bouts de ficelles. On a tourné beaucoup de choses dans le garage de mes parents, monté les décors nous-mêmes, c'était vraiment à l'arrache.
A part la scène de la piscine et celle de l'église !
Ben oui, c'est que des endroits de ma ville natale, la piscine de Jonzac, l'église de Mirambeau qui est un petit bled à côté, parce que forcément j'avais des idées de lieux par rapport à ce je connais. Et du coup avec l'ami qui m'a aidé à tout organiser, on a eu des autorisations assez facilement, je sais pas si les gens connaissaient le projet, pas tous, à la piscine ils connaissaient pas, à l'église non plus. Mais ils ont vu les scénarios, ils ont vu qu'il n'y avait rien de compromettant pour l'église et du coup ça a été accepté assez facilement.
On arrive presque à la fin, qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Ben pas grand chose, j'écoute Son Lux qui est un super projet, qui est récent. Enfin je crois qu'il a fait deux albums qui n'ont pas été très remarqués, et là le 3e est super. Et moi je viens de découvrir, c'est un projet new-yorkais, c'est un pote de Sufjan Stevens. Sinon j'écoute pas beaucoup de musique, j'en ai jamais écouté beaucoup. J'écoute Santigold aussi beaucoup, le dernier là, mais il doit dater de 2012 ou 2013, je suis toujours un peu à la rue, moi sur les sorties de disques, mais le dernier de Santigold, et c'est à peu près tout. Mais quand on fait de la musique, on peut pas écouter de la musique, parce que là, par exemple, j'ai répété toute la semaine, tu peux pas écouter de musique quand tu répètes.
Pour terminer, tu as envie de faire une collaboration avec d'autres artistes ou est-ce qu'il y en a de prévu ?
On réfléchit à une collaboration avec Breton, on s'entend bien et tout ça et il est question qu'on fasse quelque chose ensemble. Mais ils sont en tournée internationale donc il sont très occupés donc on va voir, ça c'est concrètement. Mais sinon j'aimerai bien collaborer, je sais pas trop avec qui, mais là comme je suis dans la sortie de ce disque, je pense pas trop encore à la suite.
Dans les festivals, tu auras peut-être des occasions des rencontres avec d'autres artistes ?
En fait ça c'est un peu faux. On se croise pas tant que ça, pas vraiment. On est tous dans nos loges un peu stressés. Quand il y a en sur scène, ça tourne ... On se croise pas tant que ça en fait. C'est pas vraiment dans ces moments là.
Merci à Maud-Elisa pour sa sincérité et sa gentillesse.
Le Prince Miiaou
Comment as-tu rencontré Antoine Gaillet qui est intervenu avec toi sur l'album ?
Je cherchais pour la première fois quelqu'un pour m'épauler un peu, j'avais des envies, comme je n'écoute pas trop de musique française, c'est vrai que je ne connaissais pas les producteurs français, donc je m'étais tournée vers des pontes genre Flood qui a fait PJ Harvey, Nine Inch Nails et plein d'autres ... et puis John Congleton qui a fait Anna Calvi et Saint Vincent, qui lui, aimait bien ma musique il y a très longtemps mais bon maintenant lui est devenu très ... enfin bref c'est un gros producteur, bref les deux ça a pas pu se faire ...
Et du coup on s'est rabattu sur la France et là on nous a conseillé Antoine que moi je connaissais pas du tout. J'aime beaucoup M83. Il a bossé avec lui et du coup ben c'est vrai qu'on s'est bien entendu, j'ai pas trop eu le temps de décider, mais on est parti ensemble comme ça, le feeling est bien passé. Après c'est ce que je te dis toujours Antoine a pas eu trop de place au moment de l'enregistrement parce que c'était trop abouti ... parce qu'en fait j'aurais besoin d'aide avant d'arriver en studio. En studio les maquettes sont faites à 90 % dans les choix de productions et du coup ... ben voilà il m'a aidé à faire des choix, des choses comme ça. Mais il n'a pas remis tout en question, il a vraiment respecté ce que j'avais fait parce que je crois qu'il aimait bien, il s'était habitué au style. Par contre, voilà, il a super bien mixé. Il était là pendant l'enregistrement en tant que réal., mais on a pas pu trop collaboré dans la mesure où c'était un peu tout fait déjà.
Quand tu repenses à l'écriture de l'album, quelles sont les émotions qui te reviennent, c'était dur ou c'était des bons souvenirs ?
Il y avait les deux : des morceaux qui ont filé tout seul par exemple "Crystal Haze" j'ai du le faire en deux jours et je suis jamais revenue dessus. D'ailleurs pour moi, c'est pas un morceau que j'ai fait, enfin je ne sais pas comment dire je suis très loin de ce morceau. Ya des morceaux comme "Beloved knife" qui est un des premiers que j'ai composé, un des premiers à New York, et que j'ai fini genre un mois avant l'enregistrement tellement j'y arrivais pas à le finir. La structure que j'avais faite marchait pas. Je l'ai revu énormément de fois, comme un puzzle, j'ai du le retourner dans tous les sens, donc ya des morceaux qu'on été durs à faire où je m'en dégoutais un peu parce que c'était pas évident ... et des morceaux beaucoup plus simples qui ont filé. Et globalement j'étais plutôt contente parce j'avais réussi à être dans ma tête un peu plus libre qu'au précédent, au final je faisais ce que j'avais envie.
Comment appréhendes-tu la nouvelle tournée ?
C'est toujours le truc, je suis connue pour être une grosse traqueuse, enfin tout le monde sait que j'ai très peur de la scène et tout ; donc je sais que ce sera pas encore parfait, enfin moi j'aimerai ce soit parfait, mais ça peut pas l'être, en fait. Donc j'essaye d'accepter ça. Donc je pense que ça se passera bien, si j'accepte que ce sera pas parfait.
Je pense que le public va adorer.
Ben oui mais j'ai toujours des doutes, il y a des morceaux qu'on a encore bougé à la dernière minute, et du coup j'ai pas mes repères. Alors ça c'est le genre de choses qui me font peur. J'ai besoin d'être bien préparée, même en étant pas préparée. Mais bon j'essaye d'être plus calme que d'habitude. C'est chouette on a pas mal de concerts prévus, ça a l'air de bien se remplir. C'est nouveau aussi un peu, c'est chouette.
Tu te prépares physiquement ?
Je devrais, mais non pas du tout. Je m'échauffe pas la voix ... Je devrais m'échauffer : sur scène je bouge beaucoup et des fois j'ai des courbatures après. Là c'est la première fois qu'on fait 4 dates de suite. Donc je sais pas ce que ça va donner. Donc je sais pas si ma voix va s'abimer ou pas. On a fait plein de petits concerts avant sur ce disque pendant 2 semaines, éparpillés, on va dire, donc je sais pas encore comment ça va se passer.
Y a-t-il des festivals que tu affectionnes particulièrement ? En France ou en Belgique ?
J'aimerai bien faire Les Nuits Botaniques, dans mes rêves j'aimerai bien faire Glastonbury... Non mais ça c'est une blague, je croyais que tu parlais de quelque chose de crédible, j'aimerai bien faire Rock en Seine ou les Eurocks, mais je suis pas sûre que ce soit le cas.
Comment ressens-tu le contraste entre Paris la tournée les dates ... et ta maison tranquille au calme ?
Disons que je suis préparée parce que 3 mois avant la sortie, je commence déjà la promo. Je sors déjà de ma bulle. En fait en tournée on voit que les salles quasiment ... En fait c'est un contraste dont j'ai besoin : passer trop de temps chez moi dans la campagne c'est un peu chiant et passer trop de temps sur la route c'est un peu chiant. C'est un équilibre à trouver entre les deux.
Malheureusement j'ai pas vu voir le documentaire réalisé par Marc-Antoine Roudil, mais peux-tu nous en dire plus sur ce documentaire sur la créativité ? As-tu pu oublier la caméra ?
C'était compliqué parce que c'était un album que j'ai eu beaucoup de mal à composer et du coup il y avait Marc-Antoine, le réalisateur, enfin le documentariste, c'est son film, hein c'est pas mon initiative, d'ailleurs il était venu me voir ici, on s'était rencontrés ici pour la première fois, et puis on avait discuté de ça dans un bar à Lille, je m'en rappelle. Et c'est là qu'il m'a exposé son projet et que j'ai dit oui. Bon ben c'était compliqué parce qu'il était avec moi 24 h sur 24 dans ma petite pièce. Ben non j'ai pas pu oublier la caméra quand on était que tous les deux, surtout pendant la composition, où c'est un moment hyper pudique. Après on était en studio, c'était plus simple, parce qu'on était plus nombreux, donc là j'oubliai complétement la caméra. Pendant les trois semaines où il est resté dans ma petite pièce qui fait 7 m2 même pas, là c'était ... Et par exemple pour faire les chants, j'osais pas le faire pendant qu'il était là. Donc dès qu'il éteignait le soir, je faisais mes chants en douce, parce que j'arrivai pas à assumer, à aller aussi loin que ça devant lui.
Pendant ton expérience à New-York, as-tu cherché à enregistrer aux Etats-Unis ?
Non pas du tout, non, le but c'était vraiment de faire un break avec ma vie en France on va dire, Le Prince Miiaou et par contre c'est vrai que là bas j'avais amené de quoi composer. C'est à dire ma carte son mon ordi ma guitare, et puis je suis tombée chez des ... j'étais en coloc avec des filles, dont une était musicienne, donc il y avait une basse, un clavier donc finalement je me suis retrouvée avec plus d'instruments que prévu et donc j'ai pu me remettre à bidouiller mes trucs. Mais non à la base j'étais partie pour prendre l'air, on va dire. Et puis il s'est avéré que l'envie est revenue là-bas de faire de la musique, donc j'ai composé 3 ou 4 morceaux de l'album là-bas.
Justement dans l'album il y a certains nouveaux petits habillages sonores au voice-encoder -des pitchs- est-ce que cela signifie que tu serais prête à te tourner vers des sons plus électros ou souhaites-tu rester classique guitare, basse, batterie ?
.... Mmm (Elle hésite). Si j'étais capable de faire un album comme Kid A (Radiohead) ou Amnesiac (Radiohead), j'aimerai beaucoup, hein, dans cette électro là ouais c'est sûr, ou à la James Blake, j'aime beaucoup ce mélange, moi je trouve ça hyper classe. Là je suis un petit peu allée vers ça, un tout petit peu, mais là c'est un pont entre mon côté on va dire très "guitare, basse, batterie" et puis plus de synthés, de choses comme ça. Mais je ne suis pas contre du tout.
Le titre "Aliénor", où tu as mis un extrait de la voix de ta grand-mère, j'imagine, est extrêmement touchant tu peux nous expliquer ?
C'est un morceau qui a trainé pour le coup, je l'avais fait il y a longtemps et puis j'arrivais pas à le finir. J'essayais de mettre du chant mais ça brouillait les guitares, donc j'ai laissé tomber longtemps, et pis un jour j'ai réécouté tous mes messages ... car pour l’anecdote, je me demandai comment les gens commençaient leurs messages. Donc j'ai pris sur l'iphone, la messagerie virtuelle, visuelle, et bon bref je suis retombée sur les messages que me laissent ma grand-mère paternelle, celui-ci il parlait du projet, donc je trouvais ça touchant. J'aime bien sa manière de parler au téléphone, enfin bref je me suis dit ben tiens je vais le mettre sur cette introduction, ça marchera bien.
Surtout le moment où elle dit "J'ai pas de photos récentes de toi ..."
Je trouvai ça mignon, car ça montrait mon succès, -mon relatif succès- et c'est simple. C'est quelque chose de sain et simple. Comme n'importe peut être la vedette dans sa famille, soit parce qu'elle a réussi ses études ... et là ma grand-mère, je trouve qu'il y a ça qui transparaissait, elle sait pas trop ce que je fais, elle suit pas, elle regarde pas la télé, elle écoute pas la radio ni rien, donc elle sait pas. Elle sait juste que je suis chanteuse et que ça marche -un peu- et donc c'est très simple la manière dont elle en parle et donc je trouvais ça marrant.
Ce morceau est donc assez personnel, mais est-ce que tu penses que l'ensemble du disque l'est moins que les autres, du fait qu'il y a eu des collaborations ?
Non il n'y a pas eu de collaborations, pendant la composition, les paroles et tout. Si, Norbert le batteur a un petit peu composé, ajouté des guitares par ci, une basse par là, mais ça reste vraiment un boulot où je suis restée enfermée dans une pièce toute seule pendant un an.
Ce n'est pas ce que j'avais pu lire ...
Oui tout est un peu confus, ça reste en terme de compositions, vraiment personnel... Je deviens vraiment de plus en plus pudique, et c'est dans ce sens là que c'est moins personnel que mes premiers disques.
Un petit mot sur la pochette, tu te penches beaucoup sur le graphisme du CD ou cela ne t'intéresse pas trop ?
J'ai pas beaucoup de moyens surtout, j'ai pas beaucoup de budget, donc je me retrouve souvent à faire les choses toute seule en fait. Enfin le graphisme c'est pas trop mon truc, donc j'ai quand même un ami qui m'aide dans l’exécution, parce que ça je sais pas trop faire, mais dans la création, on va dire que ouais je me débrouille toute seule. Mais c'est pas ce que je préfère faire, je préfère avoir plein d'amis graphistes qui pourraient m'aider, des créatifs, voilà, parce que j'y passe un temps fou et je suis pas toujours satisfaite de ce que je fais - pour les pochettes. Les clips, les vidéos, tout ça, ça me plait plus.
Justement les clips, ou plutôt les teasers mis en ligne, j'avais trouvé ça magnifique, c'est toi qui as développé ces idées là et monté tout ça ?
Là les teasers, ça m'a pris énormément de temps et d'énergie c'était vraiment un gros projet avec un chef opérateur et tout, enfin, une co réalisatrice, beaucoup de figurants, zéro budget. Il y avait beaucoup de gens pour jouer dans les teasers, mais par contre ça a été fait avec 3 bouts de ficelles. On a tourné beaucoup de choses dans le garage de mes parents, monté les décors nous-mêmes, c'était vraiment à l'arrache.
A part la scène de la piscine et celle de l'église !
Ben oui, c'est que des endroits de ma ville natale, la piscine de Jonzac, l'église de Mirambeau qui est un petit bled à côté, parce que forcément j'avais des idées de lieux par rapport à ce je connais. Et du coup avec l'ami qui m'a aidé à tout organiser, on a eu des autorisations assez facilement, je sais pas si les gens connaissaient le projet, pas tous, à la piscine ils connaissaient pas, à l'église non plus. Mais ils ont vu les scénarios, ils ont vu qu'il n'y avait rien de compromettant pour l'église et du coup ça a été accepté assez facilement.
On arrive presque à la fin, qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Ben pas grand chose, j'écoute Son Lux qui est un super projet, qui est récent. Enfin je crois qu'il a fait deux albums qui n'ont pas été très remarqués, et là le 3e est super. Et moi je viens de découvrir, c'est un projet new-yorkais, c'est un pote de Sufjan Stevens. Sinon j'écoute pas beaucoup de musique, j'en ai jamais écouté beaucoup. J'écoute Santigold aussi beaucoup, le dernier là, mais il doit dater de 2012 ou 2013, je suis toujours un peu à la rue, moi sur les sorties de disques, mais le dernier de Santigold, et c'est à peu près tout. Mais quand on fait de la musique, on peut pas écouter de la musique, parce que là, par exemple, j'ai répété toute la semaine, tu peux pas écouter de musique quand tu répètes.
Pour terminer, tu as envie de faire une collaboration avec d'autres artistes ou est-ce qu'il y en a de prévu ?
On réfléchit à une collaboration avec Breton, on s'entend bien et tout ça et il est question qu'on fasse quelque chose ensemble. Mais ils sont en tournée internationale donc il sont très occupés donc on va voir, ça c'est concrètement. Mais sinon j'aimerai bien collaborer, je sais pas trop avec qui, mais là comme je suis dans la sortie de ce disque, je pense pas trop encore à la suite.
Dans les festivals, tu auras peut-être des occasions des rencontres avec d'autres artistes ?
En fait ça c'est un peu faux. On se croise pas tant que ça, pas vraiment. On est tous dans nos loges un peu stressés. Quand il y a en sur scène, ça tourne ... On se croise pas tant que ça en fait. C'est pas vraiment dans ces moments là.
Merci à Maud-Elisa pour sa sincérité et sa gentillesse.
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