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Interview Sallie Ford : Vibrations Vibrioniennes


Claude, le 05/11/2011
Sur son premier album, Dirty Radio; Sallie Ford et son groupe The Sound Outside revisitent avec énergie et dérision rockabilly, blues et autre musiques fichées dans le rértoviseur de la musique populaire. Il est question de "vintage" certes, mais recyclé avec aisance, faconde et ce soupçon d'impertinence qu'on peut avoir à 22 ans tout comme des fous-rires qui donnent ainsi au "revival" ses éclairs de vitalité.


Cet album est assez exaltant; il s'avère tendu, tendre parfois et très ironique avant tout.
C'est vrai. C'est un album qui n'est pas censé être aussi sérieux que la colère qui semble imprégner certains titres. Il y a toujours de l'humour qui permet de ne pas prendre des titres aussi virulents que "Poison Milk" ou 'Cage" au pied de la lettre.

Il n'y a pas que de la dérision pourtant.
C'est vrai mais je me dis que si j'aborde certains sujets de façon "sérieuse" je serais ridicule et on se moquerait de moi.

Qui doit alors décider de ce qui est véridique ou distancié?
Je ne sais pas (Rires). J'essaie de ne pas trop penser à l'impact que ça peut avoir sur celui qui écoute. Quand j'écris, c'est toujours instinctif; j'essaie de ne pas trop penser.

Comment vous viennent alors vos idées?
Il n'y a pas de sujets spécifiques sur lesquels je décide de me pencher. Ça va de pair le contenu sonore, c'est assez explosif et le thème surgit dans la foulée.


Sur "I Swear" vous ouvrez l'album sur ce qui est un presque une profession de foi: "What have these people done to the music?"
C'en est une oui mais l'annonce en est faite de façon spontanée. Vous savez, c'est une fois que j'ai découvert une musique qui était intègre et non commerciale que je me suis dit que je pourrais, peut-être, former mon propre groupe. Dans le domaine de l'art, je crois que quelqu'un qui est célèbre ou grand public peut avoir de telles visées mais je préfère être honnête.

Si vous deviez définir votre musique, comment le feriez-vous
C'est une question ardue (Rires). Nous nous disons déjà que c'est surtout du rock and roll. À partir de ça il y a des éléments de blues des années 30, de country déjanté, de "vintage" ou de musique plus moderne. Mais c'est vrai que nous nous réclamons avant tout des années 50 et 60 et ambitionnons de renouer avec ce son, mais à notre manière, en y intégrant tous ces autres éléments.

Comment trouver un équilibre entre le "vintage" et le moderne alors? Il y a des cordes ici et là par exemple.
Les membres du groupe sont plutôt doués pour interpréter ces différents genres. Noter atout est, je crois, que nous n'avons pas étudié l'histoire du rock, du blues ou de quoi que ce soit. Du coup, on ne copie rien en particulier. Il y a un zeste d'une influence particulière que nous picorons et adaptons je dirais. En plus, il y a mes textes et, même si je dis, qu'ils n'ont pas de significations, je m'aperçois qu'ils tournent souvent autour de ma vie. Et comme je suis une jeune femme de son temps, mes références seront modernes… (Rires)


Sur "Write me A Letter" vous mentionnez le poète ee. cummings, l'écrivain Eckhart, Joni Michell, Sunny Day Real Estate…
Il s'agit de cette amie que j'avais et avec qui je correspondais beaucoup. Elle n'allait pas très bien et j'ai pensé que, peut-être, elle aurait besoin d'une chanson. (Sourire) C'était important pour moi car elle n'était pas très heureuse et, si je m'efforce d'avoir des petits trucs décalés das mes compositions, sur ce titre tout ce à quoi je fais allusion est lié à ses artistes préférés ou à ce que je me rappelle d'elle.

Comme quoi vous n'êtes pas insensible à la mélancolie…(Rires)
C'est vrai. il y a des sujets sérieux, "Thirteen Years Old" par exemple qui est moins ironique.

"Where Did You Go" est un peu équivoque à cet égard.
Vous avez raison. C'est une de mes premières compositions et je souhaitais écrire une chanson d'amour sans les clichés qui vont avec, sans ses "I love ou baby. Blablabla. (Rires)



Sur quel plan doit-on prendre "Thirteen Years Old" qui traite du rapport à la famille?
Je n'ai jamais encore vécu la mort d'un membre proche de ma famille. En même temps j'y pense et j'ai voulu expérimenter sur la nature des émotions que je pourrais alors éprouver. Quand vous êtes un enfant, c'est encore autre chose et j'ai eu la chance d'y échapper. J'ai des proches à qui c'est arrivé?. Je me suis rappelée une conversation avec ma soeur ainée. Le père d'un de ses amis était mort et il lui avait dit qu'il ne l'avait jamais pleuré. L'idée m'avait paru bizarre, elle m'est restée en tête et je l'ai ensuite illustrée dans ce morceau.

Donc vous parliez de vous au travers d'un autre quelque part.
Assurément et surtout de la manière dont un enfant fait face à la mort. Je me suis mis à sa place et voilà…

La plupart de vos morceaux ont une narration à la 1° personne: comment fait-on pour être autobiographique tout en ne l'étant pas? (Rires)
Je sais que ça déroute pas mal de gens de ne pas savoir ce qui l'est ou ne l'est pas. Mais, même pour moi, la conception reste un mystère. Il y a d'autres artistes comme ça: Regina Spektor écrit toujours des titres qui paraissent traiter de sa vie mais j'ai lu certaines de ses interviews et elle dit qu'elle ne le fait jamais. En même temps, même si ça n'est pas votre histoire, elle est vue à travers vos yeux alors il y aura toujours une perspective personnelle.



Avez-vous déjà un point de vue sur la vie ou l'amour car il y a toujours un élément "tordu" quand vous les abordez?
C'est vrai (Rires). Je crois que certains morceaux parlent d'un alter ego. Je pense aussi que même si vous êtes amené à parler de quelque chose d'angoissant ou de gênant, pourquoi ne pas vous dire: "Après tout, pourquoi ne pas se lâcher!? Qui s'en souciera?" Ça me libère car je ne vis pas toujours de cette manière au quotidien. Aussi, si je peux le faire de cette manière, par procuration… J'ai du mal à prendre les choses sérieusement, je ris souvent, c'est presque nerveux. (Rires) C'est un exutoire pour moi et c'est le seul domaine artistique qui me permette d'être honnête. Un photo c'est ennuyeux pour moi car vous choisissez d'autres personnes et moi je ne suis pas assez douée pour faire parler un cliché. Si je devais le faire, ce ne serait que du recyclage d'images.

Vous vous y êtes frotté?
J'ai tout essayé! (Rires) Plus jeune j'ai fait de la danse, du violon classique, un peu de photos. J'aurais aimé aussi étudier le cinéma, devenir metteur en scène, écrire un scénario serait le plus voisin de la façon dont je compose...


Y aurait-il un mini-scénario à travers Dirty Radio alors?
Ce sont avant tout des vignettes et je ne me suis jamais posé la question de faire dans le conceptuel. L'idéal, selon moi, serait de faire une bande-son pour ça. Pour l'instant je prends la vie au jour le jour, c'est plus facile en ce moment. Je ne suis pas encore dans l'idée de réaliser des projets ambitieux. Je ne serais pas capable de me lancer dans un truc qui s'étalerait sur deux ans. Je suis un personne trop légère et inconstante pour le moment. Et impatiente aussi! (Rires)

Le violon classique c'est du sérieux. (Rires) Comment avez-vous assuré la transition avec le Rock?
J'avoue que je n'aimais pas trop interpréter du classique. je ne sais d'ailleurs toujours pas pourquoi j'en ai fait si longtemps. (Rires) J'aimais les leçons et je crois que cela m'a permis d'être une bonne musicienne. Aujourd'hui je suis heureuse de faire quelque chose qui me permet de créer plutôt que de jouer des compositions qui ne sont pas les miennes. En outre, dans ce milieu il faut être très compétitif; c'est peut-être pareil dans le rock mais il est plus facile d'en faire abstraction. Un groupe de rock est toujours heureux de croiser un autre groupe qu'il apprécie je crois, il ne va pas se prendre la tête si il tombe sur quelqu'un qui ne lui plait pas; il passera à autre chose.


Parlons maintenant de cet autre instrument qu'est votre voix. (Rires)
J'aurais dû l'entraîner plus vous savez. Je vais prendre quelques leçons d'ailleurs.

N'en faites rien surtout! (Rires)
Ce sera juste pour apprendre à bien l'échauffer, en prendre soin, respirer comme il le faut. Ce sera simplement la technique sans que mon style en soit altéré.

Puisque chanteuse vous êtes, de quelles autres vous sentez-vous le plus proche?
Il y en a tant! (Rires). Des modernes, des plus anciennes… J'aime beaucoup Patsy Cline, Billie Holiday, Bessie Smith, Victoria Spivey une très vieille chanteuse de blues. Elle est moins connue que Bessie Smith mais elle est incroyable et, en plus, elle composait des morceaux beaucoup plus insolites. (Rires) Chez les modernes, j'aime bien Cat Power, Regina Spektor bien sûr, Joanna Newsom ou Neko Case.

Et si je vous disais, qu'à première écoute, j'ai pensé aux Violent Femmes?
Cool, je les adore! Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai au fond...



http://www.sallieford.com/
En savoir plus sur Sallie Ford & The Sound Outside,
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