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Les Top 10 des Vacances : #84 Eels


Chrysostome, le 16/02/2023

Pour occuper vos vacances, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd'hui, place à l'indie pop de Eels.

 

10 - "Saturday Morning", Shootenanny! - 2003 : Mark Oliver Everett est un excellent parolier car il sait incarner ses personnages. Sur ce titre rock énergique il a eu l'idée de se mettre dans la peau d'un enfant qui s'ennuie le samedi matin, car lui se lève à la même heure tous les jours tandis que ses parents en profitent pour faire une grasse matinée !

 

9 - "Fresh Feeling", Souljacker - 2001 : Le concept du sample poussé à son paroxysme : E sample un morceau de son précédent album ("Selective Memory") pour en créer un autre complétement différent mais tout aussi génial ! Dans le genre il avait également passé un des ses morceaux à l'envers pour en faire un nouveau ("Dog's Life" devenait "Efills' God" - prononcé "It feels good"). Y a pas à dire, dans le recyclage Eels assure !

 

8 - "Hospital Food", Electro-Shock Blues - 1998 : Sur une musique jazz, E déclame son texte avec un phrasé proche du rap pour nous vanter les mérites de la nourriture dans les hôpitaux ! Un beau condensé de l'éclectisme et de l'humour du bonhomme !

 

7 - "Cancer for the Cure", Electro-Shock Blues - 1998 : "Cancer for the Cure" est un bon candidat au titre de composition la plus créative d'Eels. Elle démarre sur une section bruitiste, est rythmé par des bruits percussifs étranges et multiplie les ambiances dignes d'un film d'horreur. Les breaks inattendus se succèdent avant la montée en puissance finale. Le texte, quant à lui fait références aux décès des différents membres de sa famille (de cancer pour sa mère, de suicide pour sa sœur et de crise cardiaque pour son père). Une chansons cathartique, tout comme l'ensemble de l'album dont il est issu (qui est le grand chef-d’œuvre d'Eels), pour se remettre d'être le dernier membre encore en vie de sa famille.

 

6 - "That's Not Really Funny", Souljacker - 2001 : "That's Not Really Funny" est le dialogue improbable entre une musique de film d'espionnage des années 60 et un groupe de rock énervé façon "Song 2" de Blur. Mais où va-t-il chercher toutes ces idées ?

 

5 - "Grace Kelly Blues", Daisies of the Galaxy - 2000 : Pour le titre d'ouverture de Daisies of the Galaxy, E convoque une fanfare en guise d'entre-acte aux scénettes que sont les couplets : autant d'histoires racontant le destin de personnes non épanouies. Excellent conteur d'histoire, Everett parvient parfaitement à leur rendre vie le temps d'un couplet.

 

4 - "World of Shit", Souljacker - 2001 : E a le sens de la formule qui fait mouche : "In this world of shit, baby you are it". Impossible à traduire de manière aussi efficace (et sans dire de gros mots), grosso modo il dit à l'être aimé qu'elle est sa seule lumière dans un monde peu enviable. La composition est là encore très originale, utilisant des bandes passées à l'envers pour instaurer une ambiance des plus étrange à cette déclaration d'amour assez peu conventionnelle !

 

3 - "Tiger in my Tank", Daisies of the Galaxy - 2000 : Retour de la fanfare pour cette pop song rigolote et fraîche aux mélodies irrésistibles.

 

2 - "Flyswatter", Daisies of the Galaxy - 2000 : Flyswatter illustre aussi bien le talent de songwriter pop d'E que son goût pour les expérimentations sonores. La mélodie de glockenspiel du début est mise à toutes les sauces, sans qu'on ne s'en lasse jamais tellement elle est bien trouvée.

 

1 - "Last Stop : This Town", Electro-Shock Blues - 1998 : Sorte de petite pièce de théâtre en 3 minutes, E y dialogue avec le fantôme de sa soeur suicidée (interprétée par son batteur Butch). Sans faire attention au texte, on ne se douterait pas qu'il traite du décès d'un proche tellement la musique est légère et joyeuse. On retrouve là encore tout un tas de bidouillages sonores, qui étaient la marque de fabrique du groupe pendant leur âge d'or. 

En savoir plus sur Eels,

Commentaires
FranckAR, le 05/11/2023 à 11:21
Je voulais réécouter Eels, et j'en ai profité pour me plonger dans ce Top10. Effectivement, je n'aurais jamais pensé à une telle sélection, mais celle-ci s'avère très cohérente et m'a permis d'aborder le groupe sous un autre angle. Merci ! En défilant les commentaires, j'ai pu lire ceux concernant le top10 Radiohead : au risque de me voir jeté au bûcher, je maintiens ma position : même si j'aime beaucoup cet album, l'absence de In Rainbows n'a rien de révoltant (pas plus que l'absence d'un autre opus du quintette d'Oxford). Je trouve qu'il s'agit d'un album qui a marqué son temps davantage pour le contexte qui l'entoure que par sa musique (la mise à dispo de l'album avant sa sortie en prix libre, le retour de Radiohead a des choses moins expérimentales après 4 ans d'absence, la présence 15 Step dans la B.O de Twilight, ahaha...). En revanche, je suis d'accord sur le fait qu'un 2ème Top10 ne serait pas de refus pour réfléter exhaustivement la richesse du groupe (valable également pour Eels). :)
Chrysostome, le 04/03/2023 à 16:59
@ValentinL : Tu as 100% raison, j'ai mis le paquet sur la subjectivité et les choix inattendus sur ce top 10 et j'ai un peu oublié le débute la phrase, LOL ! Je ne suis d'ailleurs pas le seul au sein de la rédaction à avoir fait pencher la balance du côté de la subjectivité, et celui sur Radiohead est loin d'être le plus iconoclaste je trouve, on y retrouve plein de hits et de titres marquants du groupe quand même. J'imagine que derrière le choix d'être rédacteur, il y a bien souvent l'envie de prêcher notre vérité, même si celle-ci diffère de la réalité d'un groupe ou des préférences de ses auditeurs. Et aussi de faire faire des découvertes, d'où le choix, sur plusieurs top 10 de la rédaction, d'écarter d'office les plus gros tubes.
ValentinL, le 27/02/2023 à 13:53
Je suis complètement d'accord sur le côté anecdotique de tout ce qu'à fait Eels après Blinking Lights et c'est complètement défendable de ne pas mettre des morceaux de ces albums. Je comprends aussi, comme j'ai dit plus tôt, qu'il y ait des préférences personnelles pour expliquer certains choix dans le catalogue, c'est juste qu'ici que trouve que c'est appliqué dans une proportion plutôt trompeuse vis à vis l'intention avancée en introduction de ces classements : "Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus". De la compréhension que j'ai de l'histoire et de la démarche du groupe c'est un problème de ne pas représenter au moins un des albums mentionnés, dans le sens où je ne pourrai pas montrer à quelqu'un cette liste de morceaux si je voulais dresser un portrait favorable mais honnête du groupe. A une échelle plus modeste, c'est pour moi comme faire un top 10 sur Radiohead et ne pas mettre un seul morceau de In Rainbows (ce qui a été fait sur ce site, par ailleurs) alors que c'est un album qui a marqué jusqu'au traumatisme d’innombrables groupes indie pop/rock des années 2000 et 2010 : c'est une erreur de représentation au delà d'un choix personnel. Je rajouterai que je respecte tout de même la volonté d'avoir voulu honorer ce groupe et que je me permets juste d'être exigeant par affection pour celui-ci et pour le site :)
Chrysostome, le 26/02/2023 à 13:03
@ValentinL : C'est à mon sens là tout l'intérêt de ces top 10, le point de vue subjectif du rédacteur. Pour un top 10 représentatif des auditeurs de Eels, il suffit de regarder les 10 titres les plus écoutés sur Spotify et on aura alors les inévitables "That Look You Give That Guy", "Novocaine For The Soul", "My Beloved Monster", et "I Need Some Sleep" que tout le monde connait déjà. J'ai préféré faire découvrir des titres que je trouve meilleurs et moins connus. Après, j'avoue que j'aurais pu élargir mon spectre à Beautiful Freak et Blinking Lights qui sont deux albums que les fans estiment beaucoup, même si à titre personnel je les trouve un cran en dessous. Mais Eels a clairement un âge d'or sur ses 6 premiers albums et peine à retrouver ce niveau d'inventivité et d'inspiration depuis, d'où le choix d'occulter d'office les 8 derniers albums.
ValentinL, le 24/02/2023 à 18:14
Un peu de mal avec ce top, notamment à cause d'une attention quasi exclusive à une certaine période du groupe qui n'est pas entièrement la plus marquante. Je comprends les questions de préférences personnelles mais c'est quand même un problème pour moi de ne pas représenter un minimum Beautiful Freak ou Blinking Lights qui sont tous les deux des albums très importants pour le groupe, pour différentes raisons.
Chrysostome, le 17/02/2023 à 13:21
J'avoue, c'est un Top 10 très orienté. J'y suis allé à fond sur le côté mélange de genres et bidouillage qui est l'aspect que je préfère dans la musique de Eels et pour lequel les 3 albums majoritairement représentés ici représentent l'âge d'or.
GregNoise, le 16/02/2023 à 21:47
Pour évoquer le talent de Mr E, il faudrait plus qu'un top 10. Les dernières productions suivantes aussi très intéressantes...
DiegoAR, le 16/02/2023 à 08:47
Intéressant ce top 10 ! Au risque d'être du côté kitsch de la force, j'ai toujours eu un gros faible pour "That Look You Give That Guy" !