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Chronique DVD

Hendrix : éditions Legacy


Editeur : Sony Legacy
Contenu : Digipack disque remasterisé + DVD documentaire sauf "Band Of Gypsys" (album seulement)
Prix : 16 € environ
"De nouvelles remasterisations pour se fondre dans la jungle hendrixienne"
Maxime, le 03/05/2010
( mots)
Il y a tout lieu de jouer les blasés au sortir de ce grand raout hendrixien qui a vampirisé le petit milieu du rock tout le long du mois de mars, et de ne voir dans cette salve 2010 qu’un sempiternel relevage de compteurs pour la famille du défunt gaucher, bien décidée à profiter à fond de la manne avant que son répertoire tombe dans le domaine public. Car, comme souvent avec ce genre de produits, Valleys Of Neptune ne consiste au final qu’en un amalgame de chansons déjà bien connues, ici dans des versions alternatives, auxquelles s’ajoutent quelques bouts de sessions rebaptisés pour le compte et qualifié d’inédits. Le haussement d’épaule peut légitimement être de mise. Il ne saurait toutefois occulter l’irrésistible plaisir que l’on ressent à l’écoute de ces jams de studio, cette joie de retrouver le feeling, le son, le toucher d’un musicien dont on n’a jamais retrouvé l’équivalent depuis. Même sentiment de sidération que celui qui nous avait étreint il y a quelques années à la sortie du coffret With The Lights Out de Nirvana. Le génie se vérifie sans doute de façon la plus saisissante lorsque l’on examine les rebus plutôt que l’œuvre achevée.

Reste que Valleys Of Neptune demeure avant tout destiné aux aficionados du Voodoo Child, à ceux qui maîtrisent déjà parfaitement le répertoire de base et qui seront à même d’apprécier ou pas les versions alternatives proposées. Et justement, ce répertoire de base, le connaît-on assez bien ? La question reste en suspend à l’heure où, des remasterisations du catalogue des Stones et des Beatles en passant par celui des Stooges, le mot d’ordre semble être : retour aux fondamentaux. Plutôt que d’aller s’esquinter devant un objet destiné aux fans, autant remonter aux sources hendrixiennes en allant jeter une oreille sur les éditions Legacy de son répertoire classique, assez frugal au final vu la brièveté de la carrière de l’animal : trois disques studio, le live Band Of Gypsys (seul enregistrement public officiel publié du vivant du guitariste) et la compilation First Rays Of The New Rising Sun, établi depuis plusieurs années comme le quatrième album officieux.

Un macaron annonce fièrement un travail de remasterisation unique entrepris depuis les bandes originales. Le boulot est très bien fait, mais autant être clair là-dessus : les éditions précédentes étaient déjà très bonnes et rien, sur un strict plan sonore, ne justifie de remplacer ses anciennes copies. Mais pour le novice qui voudra se lancer en terres hendrixiennes comme celui qui voudra compléter sa discothèque, ces éditions Legacy se défendent franchement bien. Sur le plan esthétique tout d’abord, de beaux digipacks avec des copieux livrets bien garnis en photos avec d’amples notes de pochettes (écrites trop petites, comme trop souvent). Au niveau du tracklisting, c’est le disque original, rien de plus, et c’est tant mieux. Autant ne pas alourdir la galette de versions alternatives et les laisser sur les disques apocryphes. Le disque, rien que le disque. La bonne surprise de cette cuvée 2010 reste le DVD bonus que l’on trouvera sur tous les albums, à l’exception de Band Of Gypsys et c'est sans doute dommage.

A la fois cours et denses (15 minutes environ par DVD), ces mini-documentaires donnent pas mal de clés à celui qui voudra se familiariser avec Hendrix de façon beaucoup plus satisfaisante que les mini-clips des versions stéréo du coffret Beatles. Le propos est mené par Eddie Kramer, fidèle ingé son du génie de Seattle et producteur de certains de ses disques posthumes, auquel viennent se greffer des interviews du manager Chas Chandler, ainsi que les différents musiciens ayant composé de line-up de l’expérience (Noel Redding, Mitch Mitchel, etc…). Le slogan back to the roots se vérifie une nouvelle fois. La majeure partie des documentaires se déroule dans le studio de Karmer, accoudé à sa console de son. Les images d’archives n’ont qu’une valeur illustrative. On se retrouve ainsi face à l’image d’un Hendrix bosseur, un perfectionniste frustré par des premiers disques enregistrés à la va-vite, entre deux concerts. Kramer dévoile les trésors d’ingéniosité qu’il fallait déployer pour dépasser la limitation des quatre-pistes de l’époque et les talents incroyables d’Hendrix, jonglant entre rythmique et solo dans une même prise. Une pression sur la console de son et c’est la voix qui apparaît, nue, rauque, presque suffocante devant l’urgence des sessions à boucler. En prenant cette juste focale d’Hendrix comme artisan besogneux, aussi virtuose que frustré, les documentaires parviennent à saisir l’essence de son art en peu de minutes. On comprend très vite les changements de line-up, les différentes orientations choisies, son farouche désir d’indépendance.

Arrivé à la période Electrical Ladyland, Hendrix a désormais assez de notoriété et de temps pour bâtir son propre studio et enfin injecter en studio l’énergie et l’invention qui le font flamboyer en concert. Les enregistreurs ont depuis triplé de capacité. Kramer nous montre ainsi bien, sur les morceaux de First Rays Of The New Rising Sun, les mille-feuilles de larsens, riffs rougeoyant et wah-wah crépitantes, cathédrales de Stratocaster gémissantes et hurlantes que le maestro se complaisait à élaborer, et qui ne laisseront à jamais qu’un immense sentiment de frustration. Frustration qui accompagnera sûrement celui qui voudra approfondir le sujet. On lui conseillera alors de se pencher sur une bonne vielle biographie, puisque seul Electrical Ladyland a eu droit à un documentaire entier dans l’excellente collection classic album d’Universal.

Mode d’emploi assez bien fichu pour pleinement apprécier le contenu audio, les documentaires de ces éditions Legacy constituent une entrée en matière idéale avant de se perdre ensuite avec délices dans les méandres de l’œuvre posthume du dieu de la 6 cordes.
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