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Chronique Livre

Guns N'Roses, Une Saga Américaine


Auteur : Stephen Davis
Editeur : Camion Blanc
Date de sortie : octobre 2010

Langue : Français
"La vie d'un des groupes les plus sulfureux au monde"
Jerome, le 31/01/2011
( mots)
Il était une époque pas si lointaine où la musique était un mode de vie. Une philosophie. Où l’on décidait d’agripper un instrument avant tout par besoin d’expression et de reconnaissance de ses pairs. Il était une époque où pour exister dans ce monde de décibels il fallait se battre. Ne pas avoir de pitié. Gravir des marches tapissées de sueurs et de sang. Savoir manier un public et remplir les salles avant que les grands mentors des maisons de disques ne daignent vous jeter ne serait-ce qu’un regard. Il était une époque où devenir le plus grand groupe de rock du monde avait encore une signification.

S’atteler à l’histoire des Guns N’Roses n’est pas chose facile. Loin de là. Ici, à Albumrock, on s’était même essayé à l’exercice. En toute modestie bien sûr. Mais il avait bien fallu se rendre à l’évidence. Retracer de manière détaillée l’évolution d’un des groupes les plus sulfureux que le rock ait enfanté a tout du parcours du combattant. Et si de notre côté nous nous étions contenté de raconter tout cela de très loin, rien n’empêche de sauter enfin le pas et de se plonger au plus profond du cœur de la nébuleuse issue de Los Angeles. Une telle entreprise ne pouvant être réalisée par le premier quidam venu, ce n’est autre que Stephen Davis - célèbre journaliste américain déjà auteur d’ouvrages sur Led Zeppelin, Aerosmith, Jim Morrisson ou encore Bob Marley - qui décida de se coller à la lourde tâche de coucher sur papier l’histoire du groupe.

Après un rapide état des lieux de la jeunesse et de la vie de famille des rockeurs en herbe, notamment du côté de Lafayette ou le jeune William Bruce Bailey (Axl Rose) et Jeffrey Dean Isbell (Izzy Stradlin) se rencontrèrent pour la première fois, l’accent est mis sur la (sur)vie des futurs compères au sein de la jungle de Los Angeles. Concours de circonstance, bon endroit au bon moment, qu’importe. Ce qui devait arriver arriva et la rencontre entre Axl et Slash au détour d’un concert en 1984 restera marquée dans l’histoire comme le point de départ des Guns N’Roses. Même si le groupe n’entrera en activité que l’année suivante, après le rapprochement des L.A. Guns et des Hollywood Rose, et l’embauche de Duff McKagan. Tour à tour SDF, squatteurs chez les groupies ou locataires d’un garage leur servant aussi bien de local de répétition, de baisodrome, de salle de défonce et de bringue, qu’occasionnellement de dortoir, la précarité et la débauche dans laquelle le groupe évoluait à l’époque n’avait d’égal que la férocité et l’intensité qui se dégageaient de leurs concerts. Et de tournée improvisée ratée en coup d’éclat, la réputation sulfureuse des Guns N’Roses finit bientôt par dépasser le cadre du Sunset Boulevard pour arriver jusqu’aux oreilles des maisons de disques. Le constat était alors sans appel. Personne n’avait encore vu un groupe de ce type. Un groupe qui vivait sa musique dans ses moindres décibels et sans aucune retenue. Un groupe a priori ingérable mais qui allait bientôt régner sur le hard-rock mondial pendant de longues années avant d’exploser en plein vol. Non sans être passé par de très nombreuses péripéties et retournements de situation.

Autant ne pas se voiler la face. Un tel exercice a tout du piège. La masse d’anecdotes, de rumeurs et d’événements en tout genre gravitant autour du groupe est telle que la tentation de se contenter d’une succession de témoignages et de compte-rendus a dû être grande. Mais la grande force de l’ouvrage réside justement dans la direction prise par Stephen Davis. Plutôt que d’abreuver le lecteur d’informations jusqu’à l’écœurement, l’auteur a choisi de moduler l’épaisseur de ses propos en fonction des époques traversées par les protagonistes. Tout en faisant la part belle, pour notre plus grand plaisir, à la création du groupe et à sa lente ascension planétaire grâce à l’album Appetite For Destruction qui doit en être à quelque chose comme trente millions de copies écoulées. Du coup, le lecteur se retrouve au milieu de cette saga américaine et découvre de l’intérieur l’évolution, le mode de vie et les habitudes d’un groupe passé d’une lente et délicate montée en puissance à une chute abyssale. On comprend un peu mieux le pourquoi du comment. La lassitude de Slash n’aspirant qu’à jouer de la musique et faire la bringue, la chute de Steven Adler dans l’héroïne et son remplacement par Mat Sorrum peu de temps avant la sortie des albums Use Your Illusion, la longue descente de Duff McKagan dans un alcoolisme qui lui coûtera presque la vie et le rejet d’Izzy Stradlin devant la machine que deviendra les Guns, le conduisant à claquer la porte. Et au-dessus de cela, et quoi qu’on puisse en penser, Axl Rose. Dictateur régnant sans partage, génie musical éternellement insatisfait ne cédant sur aucun front et peut-être un peu trop conscient de la valeur et de l’impact de son groupe. Arrivé à la fin de cet ouvrage, la vision du groupe devient plus nette. Quand il a fallu se battre en ne comptant que sur soi-même pour réussir à se sortir du caniveau de Sunset Boulevard, l’accès à la postérité laisse des traces indélébiles.

Mais s’il ne devait y avoir qu’un seul regret, il se trouve dans cet arrière-goût d’inachevé qui survient en tournant la dernière page. Car si l’histoire des Guns N’ Roses jusqu’en 1996 est épluchée dans ses moindres détails, le traitement réservé à la période que l’on pourrait nommer post-Slash reste beaucoup trop succincte. Que l’auteur ne souhaite pas épiloguer sur Slash’s Snakepit, sur le Velvet Revolver ou sur un autre des projets des anciens Gunners, cela peut se comprendre. De même que la valse des musiciens au sein du Axl Rose’s Band ne présente finalement que peu d’intérêt. Mais que l’épique Chinese Democracy soit balayé en à peine une dizaine de pages demeure assez surprenant. Qu’importe la qualité du disque ou le fait qu’il soit en réalité une sorte d’album solo d’Axl, l’album le plus cher du monde aurait certainement mérité quelques précisions supplémentaires. Ne serait-ce que pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer durant ces longues années de gestation. Car quoi qu’il en soit, quoi qu’il arrive, et que l’on soit d’accord ou non avec le déroulement de l’histoire, il en est ainsi. Le futur de ce groupe légendaire, si futur il y a un jour, ne dépend plus que d’une personne. William Axl Rose est le seul à avoir les cartes en mains, et bienheureux celui qui sait ce qu’il en fera.
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