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Gossip : Lesbian Mobile Disco


Maxime, le 20/06/2009
L’heure n’est plus vraiment à la rigolade pour le trio de l’Arkansas. Après avoir empoché la mise sur le tard avec un troisième album (Standing In The Way Of Control, distribué officiellement en France deux ans après sa parution) boosté par une série de singles imparables ("Standing In The Way Of Control", "Listen Up", "Your Mangled Heart") et des prestations scéniques intenses, The Gossip fait aujourd’hui figure de gros bras dans un registre indie rock en mode girly pourtant bien fourni en la matière (CSS, Peaches, Le Tigre, The Noisettes). Après avoir fait danser les foules occidentales au son d’une soul-punk servie par un farouche discours pro-Queer, le groupe revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec un nouvel opus dopé au jus de testostérone au titre volontiers ironique (Music For Men). Voici un avant-goût de ce qui s’annonce comme un des évènements de l’été.


Au lendemain d’un concert showcase au Trabendo qu’on imagine bouillant et clôturé par une Beth Ditto en transe et à demi-nue, c’est dans le très cossu hôtel de Sers, à deux pas des Champs-Elysées, qu’une partie de la presse est venue écouter Music For Men, près d’un mois avant sa parution officielle. En attendant d’être pris en charge par le service promo, on prend quelques minutes pour regarder les peintures disposées dans le hall dont les couleurs d’une dominance rouge vermeil assurent un cachet très distingué. On se croirait dans l’antichambre d’une salle de bal au beau milieu d’un roman de Maupassant ou de Flaubert. Pas de Madame Bovary à l’horizon pour autant, mais une sémillante attachée de presse qui nous introduit dans la suite dédiée à la conférence de presse après avoir gravi un escalier qu’Emma aurait été ravie de descendre dans sa plus belle toilette. Alors que la pièce se remplit mollement, on examine le prospectus disposé à notre attention sur chaque chaise. Le trio pose fièrement, l’air hautain. L’argument promo mentionne la signature chez Sony Music, la production de Rick Rubin, l’enregistrement à Malibu, Ditto comme icône de mode, les tournées sold out. Les Gossip font partie de cette foule de combos rock élevés dans le girond indie pour aller vite s’ébattre chez une major une fois le succès entre-aperçu. Le retour sur investissement va devoir rapidement suivre, il faudra éponger la réservation d’un hôtel du 8ème arrondissement par des ventes de disques conséquentes (rires gênés) et surtout des tournées combles. Pas de soucis là-dessus, Gossip reste une valeur sûre en live.


Au dos du prospectus trône la pochette du disque. La batteuse Hannah en gros plan, le regard dur, acéré, prêt à mordre. Plus tard en conférence de presse, on évoquera une référence à un album de Morrissey. Pour l’heure on songe plutôt au Elvis Presley des Sun Sessions. On se met à penser à ces formations prometteuses, entrées dans la course avec un premier disque frais, plein de vie et d’envie, mais qui ont ensuite eu bien du mal à négocier la suite (Yeah Yeah Yeahs, CSS…), bloquées par une formule qui peine à se décliner sur le long terme. Et même s’ils ont un peu plus de bouteille que les autres, pour en être aujourd’hui à l’heure de la quatrième livraison, les Gossip ne sont pas pour autant épargnés par les affres de la stagnation.

On ne mettra pas beaucoup de temps à trancher la question puisque retentit bien vite la première piste de l’album, "Dimestore Diamond". De lourdes notes de basse martelées avec une batterie à l’unisson, voilà le genre d’introduction qui ne brusquera pas vraiment ceux qui se sont fait cueillir par "Fight Fire With Fire". Suit le premier single de l’opus, "Heavy Cross", que l’on peut déjà écouter sur le Myspace du groupe. Un titre long en bouche, qui se pare d’afféteries disco. La suite confirmera ces prémices. Le rose flashy et le noir colère ont laissé place aux dorures et aux paillettes. La basse (surpuissante) et la batterie (martiale) gouvernent en toute logique l’ensemble, au détriment de la guitare, réduite à un simple élément de décor, à laquelle lui seront préférés les claviers ("Love Long Distance"), quelques saupoudrages électro ("For Keeps"), ainsi que des sonorités 8 bits très en vogue en ce moment ("Four Letter Words"). De son côté, Beth Ditto a coupé son mélange soul-punk d’une grosse rasade de pop. La patronne rugit beaucoup moins qu’à l’accoutumée, tachant davantage d’aciduler couplets et refrains. Le mot love dégouline sur un bon tiers du tracklisting. Du coup, l’album donne sans cesse l’impression de ne jamais décoller. Il faudra bien attendre la seconde moitié du disque avec "Men In Love" pour retrouver le Gossip abrasif d’antan. Le trio a pourtant manifestement tenté la variété, à l’image du mambo digital de "Pop Goes The World" ou de "Love And Let Love" qui s’improvise comme du Peaches soft. Mais ces esquisses sombrent bien vite dans l’anecdotique, à l’image de "2012", étrange pastiche de "I Was Made For Loving You", le tube hard-disco de Kiss. En s’efforçant de ciseler les mélodies, le groupe en a oublié de soigner son point faible : la redondance des parties rythmiques qui plombait déjà en partie l’opus précédent. Mais un "Listen Up !" ou un "Your Mangled Heart" sauvait largement l’affaire. Ici, aucun single vraiment évident de ne détache du lot. Il manque la hargne, la sueur, les nerfs. Le professionnalisme froid de Rick Rubin a une nouvelle fois parfaitement rempli son office. Les trois gros quart d’heure de Music For Men se déroulent dans un confort aseptisé, jamais véritablement désagréable, mais bien peu euphorisant. Disco du nouveau millénaire, on veut bien, mais sans les petites frappes gominées, sans la tension sexuelle (ou si peu). Il manque à la machine rythmique un peu de stupre, un peu de fluide d’excentricité pour lubrifier son groove. Seule la dernière piste tout en halètements ("Spare Me From The Mold"), sorte de Ramones glitter en roue libre, ose s’aventurer dans cette voie. Mais le mal est déjà fait.


La conférence de presse qui suivra n’apportera pas beaucoup d’eau au moulin. Après un rapide speech de l’équipe promo, gonflant comme il faut "l’importance tout à fait fondamentale de The Gossip, groupe aujourd’hui incontournable de la scène rock" (faut pas pousser non plus les gars), c’est une Hannah beaucoup plus souriante et jolie que les photos le laissent paraître et un Nathan à demi éveillé qui paraissent pour se prêter au jeu des questions. Beth Ditto est déclarée "souffrante", ce qui, version langue de bois déprogrammée, donne : "elle a bien fait la fête hier soir et n’a aucune envie de se réveiller à 10 heures pour se coltiner le tralala promo". Comme on comprend la demoiselle, puisque pas grand-chose ne ressortira de la séance. Pendant qu’un Nathan pas encore tout à fait remis des frasques de la veille examine d’un air malheureux ses lunettes cassées, Hannah fait front et répond tant qu’elle peut. Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Rick Rubin est décrit comme d’habitude comme un maître zen tassé dans son coin, gouvernant lointainement les hostilités mais super-hypra-giga cool. "Nous avons beaucoup appris à son contact", ce genre. Un supposé accrochage avec Kate Perry est évoqué, rapidement minimisé. Au fond, il n’y avait pas grand-chose à dire, le disque parle pour lui-même. Album de la maturité ? Oui, si l’on entend par là synonyme de légère perte de combativité.


Music For Men, Sony Music/Columbia
Sortie le 22 juin

Tracklisting :
1. Dimestore Diamond
2. Heavy Cross
3. 8th Wonder
4. Love Long Distance
5. Pop Goes The World
6. Vertical Rhythm
7. Men In Love
8. For Keeps
9. 2012
10. Love And Let Love
11. Four Letter Words
12. Spare Me From The Mold


Gossip en tournée en Frace cet été :
4 juillet : Main Square Festival (Arras)
5 juillet : Furia Sound Festival (Cergy-Pontoise)
10 juillet : Les Ardentes (Liege)
11 juillet : Musillac Festival (Aix Les Bains)
18 juillet : Garden Nef Party (Angoulême)
21 juillet : Paleo Festival (Nyon)

http://www.myspace.com/gossipband
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