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Interview : AaRON


Emilie, le 16/05/2011
En pleine tournée pour leur nouvel album Birds in the storm, le groupe AaRON pose leurs pieds le temps d'une soirée, au Printemps de Bourges. Interview groupée, il va falloir jouer des cordes vocales pour ne pas se faire piquer la parole. Ambiance matériellement scolaire, vite brisée par Simon et Olivier : on ressert les sièges, on se visse dessus, et c'est parti, la course aux questions est lancée. Heureusement, nous ne sommes que quatre rédacteurs, et certaines questions notées dans la marge de mon cerveau, sont posées. Aussi souriants que charismatiques, les deux musiciens se prêtent agréablement aux fusillades vocales. C'est quand même vachement rapide trente minutes ..


Vous êtes-vous donnés des directives particulières pour le nouvel album étant donné le succès qu’il y avait eu pour le premier ?

(Simon) Non au contraire, nous aimons bien être libres, se laisser un peu aller. Parfois on commence un morceau et on ne sait pas ce qu’il va devenir à la fin. On expérimente des choses. On ne se dit pas 'on va faire un album plus rock' par exemple, ou avec plus de tel instrument. Ca vient au fur et à mesure.
(Olivier) C’est important de se laisser porter. On a juste une loi, c’est que le texte et la musique racontent la même chose, que ce soit fusionnel et indissociable l’un de l’autre. Une fois que l'on a l’ensemble du morceau, on aime bien trafiquer certains détails. Quand on est dans la construction du morceau, on se laisse vraiment emmener, on ne veut rien s'empêcher.
(Simon) On ne fait pas de concessions, on essaye vraiment de reproduire ce qu'on a en tête et on n'arrête pas tant que ce n’est pas sur un support.

Justement, étant donné que vous êtes deux, si vous n’êtes pas d’accord sur quelque chose, comment ça se passe ?

On se met une droite (rires). Généralement on réussi à se mettre d'accord, et sinon, l’autre arrive à convaincre très vite. Le but est d’essayer d’aller plus loin, d’expérimenter des choses… A deux, quand on commence à ne vraiment pas être d’accords, ça devient très compliqué, mais on n'a pas ce soucis là du tout, on est assez complémentaires.

Il n’y a pas de concessions à faire du tout ?

Non, ou alors c’est justifié. Pour l’instant on est vraiment sur la même longueur d’ondes. On a une façon de se parler assez rapide dans la création. C’est difficile de nous suivre car à force, on a développé une forme de langage. On parle beaucoup par images parce qu'on n'est pas des techniciens du son, on ne parle pas de gammes etc., donc on arrive à traduire assez facilement. C’est vrai qu’au moment de faire de la scène, quand on embarque des musiciens avec nous, ils sont un peu perdus. Dans ce cas effectivement, il faut réadapter notre langage, et ça redevient 'normal'. Voir la musique par le biais d’images a été notre premier point de rencontre à tous les deux. On travaille vraiment comme ça, en 'sensations'.

Est ce qu'il y a des sujets que vous n'aborderez jamais ?

Jamais, je ne sais pas. Je ne suis pas très intéressé par l’idée de raconter quelque chose qui ne m’a pas touché directement. Je raconte un peu mon quotidien. Là tout de suite je ne m'interdis rien, mais je ne vais pas aller chercher quelque chose qui ne me touche pas. Je n’aime pas me dire « Tiens aujourd’hui j'ai envie d'écrire» (rires). J’ai besoin que cela vienne à moi, je ne vais pas chercher un texte

C’est ce qui vous empêcherait, par exemple, d’écrire pour quelqu’un d’autre ?

Non, je l’ai déjà fait, mais il faut qu’il y ait un lien affectif dans la vie. Il faut se comprendre aussi. C’est arrivé avec Vanessa Filho qui a un projet parallèle à notre groupe. C’est quelqu’un que je connais très bien. C’était facile pour moi de travailler avec elle parce que je connaissais sa vie au quotidien. Avec Zazie aussi nous nous étions rencontrés et sur une longue période nous avions des choses à nous raconter. Mais je crois que je ne pourrais pas faire un texte 'de commande', même si une voix peut m’exciter, me donner envie de travailler... Normalement dans les textes, cela devient obsessionnel et j’ai besoin d’en parler. Je ne vois pas encore cela comme un boulot !

Tous vos textes sont donc autobiographiques, ou tout du moins liés à vos histoires ?

J'aime bien dire que l'on a chacun notre propre réalité, tout est une question de point de vue. Même si on vit les mêmes évènements, on peut les transcender complètement différemment en fonction de ce qu’on est, qui on est, notre propre position par rapport au monde… Donc oui, c’est autobiographique mais en même temps il y a autant de réalités qu’il y a d’individus. Bizarrement on s'est rendu compte, que des gens nous parlent d'un texte qui aurait pu n’intéresser personne .. c’est là que je me dis que nous sommes tous reliés.

Chacun se retrouve dans les textes en fait ..

Je crois. Moi même je l'ai fait avec d'autres artistes quand j'étais plus jeune. T'as l'impression que la chanson dit une telle chose donc tu es touché, et au final quand tu lis des interviews de ces artistes eh bien tu te rends compte que ce n'est pas du tout ça (rires)


Comment fonctionnez vous pour la composition et l'écriture ?

Olivier : On partage plutôt la musique. Simon écrit tout seul et il écrit très bien. Si éventuellement il me présentait un sujet qui ne me parle vraiment pas du tout -et je pense qu’il faudrait aller loin-, cela serait un peu gênant, nous en parlerions… Mais ce n’est pas du tout le cas.

Simon, tu écris les paroles une fois que la musique est composée ?

J’ai tout le temps un carnet sur moi, j’attends que ca devienne obsessionnel et que ca revienne dans ma tête. Parfois c’est très fort et j’ai besoin de très vite en parler. C’est par vague aussi. Il peut y avoir une période pendant laquelle il n’y a rien qui vient et puis d’un coup tout arrive. Il n’y a pas vraiment de loi. J’ai parlé avec des gens qui travaillent tous les jours, qui ont besoin de se poser et de se mettre à écrire. Je ne sais pas faire ça, j’ai besoin de me dire que c’est libre. Par contre, une fois qu'on est dedans, même pour les morceaux, on ne se donne pas d’horaire précis. Le home-studio permet cela, ça prend du temps mais on ne veut pas nous imposer de limite. Je pense que je serais bloqué si je devais revenir travailler dessus, en me disant ''Bon il faut y aller maintenant''. Concernant le texte, c’est un petit moment bizarre pour moi lorsque je le présente à Olivier et que j’attends sa réaction. Pour le moment ça s’est toujours bien passé. Ce n’est pas évident même si nous nous connaissons très bien. Lorsque je trouve un arrangement à la guitare, combien de fois je n’ai pas osé ? Nous finissons par proposer à l’autre tout de même en disant toujours un tas de choses avant : ''Bon, tu sais, ce n’est pas fini'' etc. A l’inverse, il y a des moments où on a trouvé quelque chose et on est pressé d’appeler l’autre pour dire ''Tiens écoute ça !''. Ça rend moins bien car c’est au téléphone mais on arrive à déceler ce que l’autre propose. Cette appréhension devant l’autre crée une forme d’énergie. C’est excitant, on se met en danger en quelque sorte. Cette excitation était surtout présente pour le deuxième album, on se demandait tous les deux, si ce que nous composions pouvait exciter l’autre. Quand je finis un texte, quand j’ai une mélodie dans la tête, j’ai très hâte de la faire découvrir à Olivier. On sait tout de suite dans quelle direction on va. Il n’y a pas besoin de parler pendant 15 minutes. Un extrait de piano suffit et c’est parti, c’est assez rapide. On ne fait d’ailleurs pas de répétition, on a une idée, on l’enregistre directement. C’est assez spécial. Du coup on fait les répétitions au moment de faire des concerts ! Nous réapprend les morceaux (rires). Quand on fait de la musique, il y a deux écoutes : il y a d’abord une écoute solitaire, personnelle, lors de la création de l’album, qui est destiné à une platine et des écouteurs, puis la deuxième écoute lorsqu’il faut tout réorchestrer car c’est fait pour aller sur la scène, être partagé... On peut raccourcir ou rallonger les morceaux, c’est comme si on recomposait. Le fait de changer des petites choses nous excite.

Vous ne pensez pas du tout à la scène quand vous enregistrez du coup ?

Non. Ça reste présent en tête car une fois le morceau créé, on sait qu'on l'emmènera sur scène. Mais le fait d’anticiper peut bloquer ou frustrer : si on a envie de mettre 200 instruments sur cette chanson, il faut le faire.

Sentez vous une différence entre les concerts sur des grandes scènes et les festivals ?

Les festivals, c’est d’avantage dans l’énergie mais on est obligés de rétrécir la durée du concert. C’est un exercice intéressant, un peu frustrant… Nous avons de la chance, nous faisons un bon nombre de festivals sur de belles scènes et du coup nous pouvons nous permettre de changer la set-list, ça met dans une autre dynamique. Que ce soit dans un zénith ou dans une petite salle, la différence n’est pas là. Chaque concert est différent. Il n’y a pas d’appréciation plus forte d’un côté ou de l’autre. Le mieux, c’est lorsque l’on sent un vrai partage avec le public. Le pire, c’est lorsque l’on voit des gens froids en face de nous, des gens passifs. Ça peut être dur. Mais du moment que l’on sent que ça produit un petit effet… Quand on est sur scène, on reçoit autant que l’on donne, c’est quelque chose que l’on peut presque toucher.

Justement, lors des festivals vous partagez la scène avec d’autres artistes. Certaines personnes du public viennent spécialement pour vous voir, d’autres non…

Au début, on nous disait « Comment allez-vous défendre votre album sur scène ? ». On s'en moque. Nous ne sommes pas là pour défendre quelque chose. Dans notre album, on a mis ce qu'on avait en tête, c’est d’abord pour soi qu'on fait ça. Après, lorsque c’est partagé, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir. On a l’impression d’être compris. Quand on sent que la personne en face pense la même chose, que l’on n’est pas tout seul dans un délire, c’est génial ! En concert, que ce soit avec 500 personnes ou 20 000, quand on sent qu’il y a une longueur d’onde similaire et que l’on reçoit ce que donne le public, c’est merveilleux. En festival, peut-être que jusqu’à présent nous avons eu de la chance, mais les gens qui sont là ont envie d’écouter et sont dans une dynamique de festival. S’ils n’ont pas envie d’écouter, ils vont boire un coup en attendant, manger une merguez et reviennent après ! (rires)

Merci beaucoup !


Enorme merci à Glam'night, ainsi qu'à Simon et Olivier.

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