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Interview Christine and the Queens


Laura, le 22/03/2012
Elle ne porte que des costumes, a une passion pour les objets tranchants et joue sur scène le rôle de cinq personnes. Il s'agit de Christine and the Queens, c'est à dire la jeune Héloïse dans la vraie vie. Sur scène, elle devient une autre, et nous happe dans son univers électro-pop électrisant. Nous avons rencontré Christine à Rennes, dans le cadre du festival Les Embellies.


Peux-tu présenter Christine and the Queens pour les lecteurs d'Albumrock qui ne te connaissent pas ?

Christine and the Queens est un groupe d'electro pop représenté par une seule personne sur scène. Je me produis avec un ordinateur et un micro, et mes Queens sont des inspirations qui m'aident à écrire des chansons et à sortir des CD format 5 titres, pour l'instant.

Peux-tu présenter les Queens ? J'ai l'impression que ce sont des personnages récurrents, mais je n'arrive pas à savoir si ce sont de vraies personnes ou des personnages fictifs.

Alors en fait c'est un peu des deux. Le projet a commencé il y a un an et demi quand je suis allée à Londres. J'aime beaucoup cette ville. Cette fois, j'y étais allée spécalement pour sortir le soir, parce que j'avais envie de découvrir la ville la nuit, on m'a dit que c'était toujours assez inoubliable. Du coup je suis allée dans des clubs où il y avait des travestis, mais des travestis qui jouaient des instruments, pas un numéro très kitsch de playback. C'était vraiment des gens qui proposaient des chansons, et j'ai trouvé ça super frappant. Je me suis dit que ce serait génial d'avoir un groupe avec des musiciens qui soient ces gens-là, qui puissent donner sur scène un truc visuellement hyper fort, qui tiennent le show et qui soient des bons musiciens. Je me suis dit "mon dieu je vais faire ça !". Alors je les ai rencontrés à la fin de leur spectacle, je leur ai proposé, ils se sont foutu de ma gueule. Sur le coup ils ont refusé mais on est restés assez amis, et quand je suis rentrée chez moi, j'en ai fait des personnages. Ca vient donc de personnes que j'ai rencontrées, mais je les ai renommées.

Combien y en a-t-il ?

5. Dont une qui est morte...

En vrai ?

Oui en vrai. Mais je la compte.

Comment es-tu arrivée à la musique ? Tu étais dans le théâtre avant, je crois.

Oui, je me destinais à faire de la mise en scène. J'étais au conservatoire de Lyon, j'étudiais la comédie. Mais j'ai toujours fait de la musique aussi, je suis pianiste de formation, j'ai fait du solfège, des trucs comme ça, mais je n'écrivais pas de chansons. J'aimais bien les projets pop mais je ne pensais pas en faire un.
Donc ça m'est vraiment venu parce que c'était une période de ma vie où j'étais dans le doute, justement sur le théâtre, je ne savais plus trop si c'était ça que je voulais. J'étais un peu en doute sur tout, je venais de me faire larguer, j'étais en bad. D'où, aller dans les clubs de nuit à Londres. C'est le truc que tu fais quand tu te dis "à quoi bon ? oublions tout" ; c'était vraiment une période de crise existencielle. Ca parait ridicule à mon niveau mais je ne savais plus trop ce qui pouvait me porter et du coup, quand j'ai vu ces numéros sur scène je me suis dit que ça me permettrait de faire du théâtre, parce que je peux quand même avoir un rapport avec le public, et en même temps ça me met en scène moi et je reste au contrôle du truc. Donc voilà c'était un peu une révélation.


J'avais lu quelque part que, finalement, tu avais fait un peu ça par hasard, ce qui est fou parce que tu as une très belle voix.

On m'avait déjà dit en chorale que j'avais une belle voix mais après ça dépend de ce que t'en fais. Il y a aujourd'hui beaucoup de chanteuses qui ont des belles voix, mieux que moi, mais après ça dépend peut-être de ce que tu proposes.

N'as-tu pas peur de te lasser de ton personnage ?

Bonne question. Ceci dit, mon projet, le fait que ce soit un groupe que je tienne moi, fait que pour l'instant je n'en ai pas marre. Et j'ai la sensation que si j'en avais marre, je pourrais trouver un moyen de rester dans ce projet là mais d'une manière différente. Parce que je me dis qu'au pire du pire du pire, si j'en ai marre de Christine, je peux très bien être un autre membre du groupe et faire quelque chose d'autre. Mais je n'en suis pas rendue là. En même temps, Christine est définie, mais pas totalement. J'ai l'impression que je peux la faire évoluer. J'en suis au début et déjà par rapport à ce que je proposais au tout début, c'est différent. Par rapport à il y a un an et demi, je ne fais plus les mêmes choses sur scène, mais c'est le même personnage. Donc il y a de la marge.

De quelle manière composes-tu ?

Je n'ai pas trop d'ordre, car je bosse toute seule. Des fois ça part d'une mélodie à laquelle je pense, je m'installe à mon ordi et je commence à la bosser. Des fois ça commence par une phrase que j'aime bien et je me dis qu'il faut en faire une chanson. Et des fois ça part d'un rythme que j'ai. Ca dépend vraiment des chansons. Peut-être que ça s'entend dans les chansons. Par exemple "Narcissus is back", ça a commencé par un rythme que j'avais dans la tête pendant une semaine. Il y en a d'autres où ça vient d'une phrase, par exemple "Kiss my crass", c'est venu de "je sens pas très bon, ouais, mais j'suis belle".

Quel est ton univers musical ?

Alors moi j'ai un album culte, c'est Berlin de Lou Reed. Ce n'est pas l'album le plus connu, et cet album quand il est sorti, il n'a pas eu de succès. C'est très bizarre, mais c'est vraiment un album assez marquant pour moi. C'est l'histoire d'un couple et de sa déchéance, c'est très triste mais très beau. Donc, ça c'est culte. Après, j'ai des noms comme ça... Forcément, David Bowie, Lou Reed en général, Laurie Anderson, qui est d'ailleurs la femme de Lou Reed. Elle était assez connue dans les années 80, des trucs un peu spé mais c'est vraiment très bien. Quand j'étais jeune j'écoutais Björk, beaucoup, maintenant moins mais ça m'a un peu formé l'oreille. Après, moi j'aime bien des trucs comme Snoop Dogg, enfin ça n'a pas de rapport avec ce que je fais mais j'adore aussi Beyoncé. J'adore Michael Jackson, bien sûr, ça c'est presque une histoire d'amour, ça ne s'explique pas. Pour le rap, je n'écoute pas du rap gangasta mais je suis effectivement capable d'écouter Snoop Dogg et Rick Ross. Outkast j'aime bien aussi. C'est assez large. J'écoute aussi des trucs indé genre St Vincent, je ne sais pas si tu connais. C'est une brune qui fait de la bonne musique, un peu rock, un peu PJ Harvey quoi. Je n'ai d'a priori sur rien.

Etre seule sur scène ne te fait pas un peu peur ? N'aimerais-tu pas certaines fois être avec un groupe ?

Ecoute, moi j'aime bien être seule sur scène. J'aime bien que les gens soient surpris de me voir seule sur scène, car ils sont là "hm, va-t-elle y arriver ?", oui ! En général, ça va. J'aime bien gérer mon truc toute seule, avoir mon timing, mon rythme à moi. Après bien sûr qu'avoir un groupe ce serait autre chose, ce serait super aussi car ça te permet des trucs plus cools. En même temps, moi, je n'exclue pas d'avoir un groupe, mais j'aimerais vraiment avoir un groupe de malades, je voudrais des showmen, je ne veux pas juste me dire "il faut que j'aie un groupe", parce qu'avoir un bassiste qui s'emmerde et un mec qui fait "shling shling"... Donc non, vraiment, moi ça ne me dérange pas d'être seule, après, si je rencontre des crazy people, on fera un groupe de crazy et là ce sera super, mais non pour l'instant moi je suis contente.


Comment vis-tu le bon accueil que t'a réservé la presse ?

C'est vrai que les Inrocks ont été dès le début à fond, donc ça c'est bien. Je le vis très bien ! Forcément, quand tu as le soutien de structures comme ça. Enfin je sais que c'est grâce aux Inrocks aussi que j'ai pu trouver des concerts facilement au début, parce que quand tu dis "regardez je suis dans les finalistes CQFD" c'est cool, et c'est bien aussi d'avoir des cautions de magazines un peu pointus.

On ne te demande pas trop d'autographes dans la rue ?

Une fois, on m'a reconnue, je faisais mes courses, j'étais mal fringuée et tout. Je pense que sur scène je ne suis pas trop pareille, je ne suis pas trop sûre qu'on puisse faire le lien entre moi dans la rue et moi sur scène. On me dit des trucs limite vexant, du genre "sur scène tu fais plus grande", "sur scène tu fais différente", tu as l'impression qu'ils n'osent pas te dire "tu es moche et petite". C'est peut-être que sur scène j'ai un mojo que je n'ai plus après.

J'ai vu que tu aimais dessiner, comment intègres-tu ça à ton univers ?

J'ai toujours dessiné depuis que je suis petite. A la base je voulais faire auteur de BD. Quand je fais des projets, j'aime bien mélanger tout, faire des dessins pour nourrir les choses. Je peux dessiner les Queens, ce qui est bien, ça donne des petits aperçus pour ceux qui voudraient voir à quoi elles ressemblent. Ceci dit c'est assez dur maintenant parce que plus mon artwork se définit... Il faut trouver un moyen pour que ça reste cohérent, que ça ne parte pas dans tous les sens. En ce moment je dessine un peu moins parce que je n'ai plus le temps, mais quand c'est possible, j'aime bien mélanger.


C'est aussi toi qui prends tes photos ?

Oui, en général. J'aime bien le côté touche-à-tout, même si je ne suis pas une pro de la photo, je préfère... Tant que ça fait illusion, ça va. Après je ne suis pas contre les collaborations mais c'est vrai que j'ai un côté très ... Un jour j'ai fait des photos avec quelqu'un d'autre et je voulais tout le temps vérifier ses photos, du genre "euh je peux voir ?". La fille qui a du mal à lâcher prise !

Tu veux contrôler ton image ?

Je pense que je suis un peu comme ça. Car j'ai souvent une idée très précise de ce que je voudrais que ça donne.

Je me suis d'ailleurs demandé si pour cette interview tu allais être Christine le personnage, ou Heloïse.

C'est une question que je me pose souvent. Est-ce que je vais faire Christine ? En même temps si je faisais Christine jusqu'au bout, ce serait juste méchant parce que je pense qu'elle ne ferait pas d'interviews ! Donc je suis obligée de faire son attachée de presse. C'est terrible mais je crois que ça ne lui plairait pas du tout comme excercice.

D'ailleurs, aurais-tu aimé t'appeler Christine ?

Le pire c'est que non. Je préfère mon vrai prénom ! Mais Christine ça lui va bien à elle parce que c'est un prénom un peu kitsch. Mais Christine tous les jours, ça doit être chiant. Et puis j'aime bien avoir deux prénoms maintenant dans ma vie. Quand je veux, je switch. Il y a des gens qui m'appellent Christine.

Tu es schizophrène en fait.

Oh yeah ! Je fonctionne par cloisonnements en fait. Pour aller sur scène j'ai besoin d'avoir un truc. J'ai toujours été comme ça dans ma vie. Et j'ai encore d'autres personnages sous le bras donc j'ai de quoi faire. Prépare-toi bientôt à avoir un album de rap !
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