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Interview : Fumuj


Pierre, le 12/02/2011
Depuis peu Fumuj arpente les routes de France avec un concept atypique : proposer des prestations live accessibles aux sourds. Forcément, un tel paradoxe donne envie d'en savoir plus. Albumrock a donc rencontré Fred (batterie) et Pierre (chant) lors d'un halte parisienne au Trabendo. Avec simplicité et humour, les deux acolytes reviennent sur la sortie de Drop A Three, leur troisième opus, et sur leur découverte du monde de la surdité. Entretien en toute décontraction.


Albumrock : Pouvez-vous vous présenter et nous évoquer l’histoire de Fumuj ?

Fred : Je suis trompettiste… Non je déconne, je suis à la basse.

Pierre : Au chant.

Fred : Il y a aussi Romain à la batterie, Matthieu au clavier et Daron à la guitare. Fumuj existe depuis 2003. Avec Romain, on a commencé par faire des compos sur ordinateur. De 2003 à 2005 on était trois, avec un guitariste. On jouait avec un ordinateur sur scène. Le problème c’est que la machine avait le contrôle, c’était à nous de nous caler, on y perdait en spontanéité. A ce moment-là, on a donc recruté Matthieu aux machines, ce qui nous permettait une plus grande liberté. Et puis j’ai rencontré Pierre, par le biais de Rytmetix, un groupe d’Afro Beat qu’on a en commun. Je l’ai fait venir sur quelques morceaux pendant l’enregistrement du deuxième album et ça a bien collé.

Vous avez commencé par faire de l’électro dub, puis avec Drop A Three vous êtes parti vers quelque chose de plus rock, c’était quoi l’idée ?

Fred : C’est avant tout l’expérience de la scène. Sur les anciens morceaux, on partait dans plein de directions. Du coup on galérait pas mal sur scène, par moments on avait vraiment envie de lâcher les chevaux. Au fur et à mesure, on s’est naturellement dirigé vers des riffs plus efficaces, plus bourrins. Et puis, il faut bien le dire, on aime tous les styles, donc on ne s’est jamais dit "Fumuj ça va etre groupe de rock, de reggae ou d’électro".

Du coup votre manière de composer a aussi évolué ?

Fred : Au début de Fumuj on partait des compos sur ordinateur pour les transposer en live. Pour le dernier album, tout est venu des bœufs, d’où l’approche plus catchy. Tout part des répètes et ensuite je fais quelques sélections chez moi que je présente après au groupe.

C’est votre deuxième collaboration avec Fred Norguet (producteur d'EZ3kiel notamment). Quelle importance a-t-il dans votre son ?

Pierre : C’est devenu le sixième membre du groupe. Il est à l’écoute de ce qu’on peut lui dire, mais en même temps il fait le trie dans ce qui sort. Il nous pousse à être meilleur. C’est un peu notre chamane ! Avec la plupart des groupes il va juste être un producteur, mais avec nous c’est un vrai réalisateur.

Votre deuxième album, The Robot And The Chinese Shrimp, est sorti chez Jarring Effects (label français spécialisé dans le dub), pourquoi pas le dernier ?

Pierre : En fait, sur le deuxième on était seulement en licence chez eux. En ce moment le label préfère se focaliser sur les groupes déjà signés parce qu’il traverse une passade économique difficile. Il y a aussi notre son qui a évolué, ça les emballait un peu moins. Mais on n’est pas brouillé avec eux. Il y a d’ailleurs un morceau inédit de notre album qui devrait sortir sur la 100ème compile de Jarring. Allez soutenir Jarring !

Fred : Tu crois que tu t’adresses au monde entier ?! (rires)


Vous avez la particularité de proposer des concerts accessibles aux sourds, c’est peu anodin. D’où vient l’idée ?

Fred : C’est l’Astrolabe d’Orléans qui nous a proposé cette idée. Au départ, ils voulaient qu’on fasse un one-shot pour un public exclusivement composé de malentendants. C’était trop de travail pour un seul soir. On s’est renseigné et on a découvert qu’il y avait plein de choses à faire autour de la vue, de la somesthésie (ensemble de sensations comme la pression, la chaleur, la douleur ndr). D’où l’utilisation des ballons gonflables et des cheminées qui retranscrivent les vibrations, des vidéos en temps réel ou de la batterie lumineuse. Avec l’aide des techniciens on a créé un dispositif qui puisse se transporter pour tourner en France.

Vous avez des retours de spectateurs sourds ?

Fred : A Orléans, ils étaient deux cents. Certains s’en foutent, mais tu vois le sourire sur tous les visages. Les sourds, c’est une communauté. L’idée de leur faire vivre un concert, c’est pas évident, il faut vraiment aller les chercher. Du coup, on a adapté notre communication. Pour l’instant ça marche, mais c’est un projet à améliorer. Et puis il y a plein de situations que tu n’imagines pas au début. L’autre jour par exemple on a fait un concert, il y a cinq sourds qui se pointent, mais ils étaient bloqués à l’entrée parce qu’il ne pouvaient pas communiquer avec le vigile. C’est des événements auxquelles on aurait jamais pensé il y a un an. Il ne faut pas croire, c’est un monde nouveau pour nous.

Vous n’avez pas peur qu’on parle de Fumuj comme le groupe qui fait de la musique pour les sourds, au détriment de la qualité de vos disques ?

Pierre : On ne se pose plus la question, maintenant ça fait partie de Fumuj, on est vraiment impliqué dedans. Par contre ce qui est drôle c’est que désormais même si les gens trouvent notre musique nulle, ils n’osent pas cracher sur le groupe. Pourtant, à l’origine, on ne connaissait rien à la surdité. Le dispositif actuel c’est un peu une version bêta, il y a encore beaucoup d’autres installations à exploiter.
Le gros hic par contre, c’est pour leur faire comprendre les paroles. Je me suis mis à la LSF (langue des signes française, ndr), mais on sait très bien que je ne serai jamais bilingue et surtout, si je signe je dois être statique. Si j’avais un charisme à la Mark Lanegan, je veux bien, mais là non. On a donc le projet de faire venir une slameuse LSF.

Il faudrait donc qu’elle traduise les paroles, en français ou en anglais ?

Pierre : C’est tout le problème. La LSF est la langue la plus ancienne et la plus jolie visuellement, mais si on s’exporte la LSI (langue des signes internationale) est plus appropriée. Je pense qu’on verra tout ça avec elle.

Une question à la con pour finir : ça veut dire quoi Fumuj ? Ca se prononce comment ?

Pierre : C’était la marque d’un frigo hongrois.(rires) Il faut prononcer "Foumouj", mais par exemple dans les pays de l’Est ils nous appellent "Foumouille" !

Fred : Quand on a commencé la musique avec Romain, on travaillait sur Acid Pro, il fallait nommer les morceaux. Je n’avais pas d’idée alors j’ai tapé Fumuj, avec le temps c’est resté. On parlait du projet Fumuj. Ca a l’avantage d’être unique, quand tu le tapes dans Google, tu ne tombes que sur nous.

Photos : Pierre Scarland et DR
Myspace de Fumuj
Compte rendu de concert
Chronique de Drop A Three
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