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Interview : Manu


Emilie, le 02/04/2013


Je suis très surprise de te retrouver ici aujourd’hui. Ce nouvel album tu l’avais en tête dès la fin de la tournée de Rendez-vous (sorti en 2008), ou l’idée a germé avec le temps ?

On a fait le lien avec le cd-dvd live qui est sorti en 2010, on a fait deux ans de tournée pour Rendez-vous, ça c’était cool, et puis après le temps de composer cet album car les garçons étaient partis un peu à droite à gauche. Il fallait que je les attrape par coup de trois quatre jours, notamment Nikko qui a réalisé l’album. Donc le temps de le composer, de le réaliser, de voir comment on allait le sortir et les à côtés, eh bien tu vois il ne sort que maintenant. Mais il est fini depuis un an !

D’accord, donc ça colle avec mon sentiment à l’écoute de La dernière étoile, car je trouve qu’il y a une sorte de continuité musicale. Pas dans les textes mais dans les sons, on a l’impression que ce deuxième album a baigné dans l’univers du premier

Oui, de toute façon ça reste la musique que j’aime faire donc il y a une certaine cohérence. Après avec Nikko on est toujours à la recherche de sons pour que ce soit toujours un peu différent. En fait, Rendez-vous c’était un peu particulier parce que c’était un album exutoire, les morceaux étaient écrits depuis un petit moment. Pour celui-ci, je n’avais pas envie et je n’avais pas besoin de reprendre les mêmes thèmes. Je pouvais arrêter de me regarder le nombril un petit peu et regarder ce qui se passait autour de moi. Au niveau des textes ça m’a pris beaucoup de temps car j’ai pris beaucoup de notes, du coup dans ce sens là il est un peu différent. Côté recherche des sons aussi, à ce moment là Nikko venait de finir l’album avec Manu Lanvin, il avait des riffs qui venaient un peu des bayous … donc tout ça donne une couleur un peu différente par rapport à Rendez-vous mais on reste toujours dans la même famille musicale oui.

Mais dans les thèmes comme tu le disais, on sent que c’est différent, que la prise de vue est différente. Il y a beaucoup de bilans, de constats, enfin en tout cas je le sens comme ça

Vas-y dis moi comment tu l’as vu et ressenti c’est intéressant !

Je le prends comme un constat, comme un petit trou dans un mur et la vie qui passe devant, et toi tu es là pour en prendre quelques notes mais d’un point de vue purement extérieur.

Mais exactement, c’est ça. Comme je te disais tout à l’heure, j’ai arrêté de me regarder le nombril, donc j’étais dans l’observation. Toutes les notes que j’ai prises m’ont servi pour quelques chansons. Après je suis retournée vers mes propres doutes et questionnement, mais pour beaucoup je me fais l’interprète d’un regard posé sur une personne et à qui j’ai imaginé la vie. Les personnages sont toujours proches de moi quand même.
Il y a également beaucoup la mesure du temps dans ces morceaux, le temps qui passe ..

Oui, j’en parlais justement avec un journaliste qui avec le recul me faisait la même remarque que toi. Et effectivement ces morceaux comme « J’attends l’heure » qui en plus a le balancier comme fond sonore, on ne peut pas dire que l’on parle d’autre chose que le temps qui passe, oui. « Le Paradis » c’est pareil, c’est un retour en arrière, sur les traces et les lieux de son enfance. Alors est ce que c’est lié à mon âge, ou à ce que moi maintenant je vis, je n’ai pas de recul là-dessus. Je ne l’ai pas vraiment fait en conscience.

Quand on lit le verso de ton album, quand on lit donc juste les titres, j’ai l’impression de lire une deuxième histoire

C’est vrai ? Je n’ai même pas fait attention, attends (Manu part chercher un de ses albums pour lire ce fameux verso). Ha ouais c’est vrai –rires- « Je pars avant / Le Paradis »


Et même les premiers titres « Oh Dear / J’attends l’heure / Que fais-tu » « J’oublie / A toute vitesse ». Du coup par ça, j’avais cru voir une sorte de deuxième histoire ou deuxième message, mais donc pas du tout –rires

En fait ça c’est un truc qu’on aimerait tous faire mais les morceaux on ne les fait pas par rapport au titre car le titre n’existe pas quand on fait les chansons. Après c’est plutôt un enchaînement, on fait en sorte que les morceaux aillent bien ensemble .. (elle s’adresse à son musicien Murdock qui est debout à côté de moi) Qu’est ce qu’il y a ?

Murdock : Non rien, je voulais regarder ce que tu disais parce que je n’avais pas vu moi non plus ! C’est génial ! « Je pars avant / Le paradis » c’est super, il n’y a que toi qui as vu ça –rires

Manu : Le premier et le dernier morceau ont été écrits en même temps, la boucle est bouclée, pour moi c’est la même histoire que ça raconte. C’est plus lié au niveau du contenu, de ce que ça raconte, et du souffle aussi qu’on donne à l’album. Mais quand en plus ça donne une petite histoire, c’est formidable !

Tu me disais qu’il y avait eu un travail minutieux du son avec Nikko, et moi justement je trouve cet album très riche musicalement. J’ai l’impression que l’accent est mis sur les sons, dans « J’attends l’heure » il y a beaucoup de petits sons, comme par exemple une boite à musique ..

Oui la petite boite à musique, je l’ai emmenée et Nico l’a samplée et on en a mis un peu à droite à gauche. Nico adore faire ça, quand je lui ai demandé de réaliser l’album, c’est entre autre pour ces qualités là que je le voulais lui. Il a une base avec un chant posé, un banjo mais qui est fait avec un clavier, finalement il me les transforme en double mandoline, et puis il va produire ça avec des petits sons il adore faire ça. Sur « Oh Dear » il a fait tourner une cymbale avec une baguette ça donne un bruit de portail qui s’ouvre, portail rouillé, et c’est exactement l’image que je voyais, comme quand on entre dans le jardin du « Paradis ». Il recherche ces sons là, c’est ce qui l’intéresse quand il fait du studio et ça enrichit beaucoup les morceaux, ça les sublime.
C’est très riche musicalement, et du coup je trouve que parfois les paroles sont moins mises en avant. Je ne sais pas si c’est suite au mixage ou si c’était voulu dès le départ, mais j’ai l’impression que le premier pas c’est la musique, et le deuxième les paroles.

D’accord .. Non ça ne s’est pas trop voulu, Clive qui a fait le mix avait tendance a mettre plus de voix que d’habitude parce que ça s’y prêtait mais tout est lié. Enfin, on n’accorde pas moins d’importance à l’un qu’à l’autre. Après oui, on reste quand même dans l’école du rock’n’roll, la musique est aussi importante que le texte, et on ne va pas mettre la voix super en avant.

« Dernière étoile » : c’est un morceau que j’aime beaucoup, mais que je trouve assez sombre. Et vu que c’est également le titre de l’album, est ce qu’il a été choisi en rapport à cette ambiance bien particulière pour résumer les onze titres ?

En fait pour moi, la « Dernière étoile » ça concilie le désabusement et l’espoir. Ça correspond tout à fait à ce que je suis, comme beaucoup je crois en ce moment. Donc j’ai trouvé ça très bien pour cet album, et cette chanson est née d’un cauchemar qu’on a tous du faire un jour, celui où tu veux courir et t’y arrives pas, tu marches et les pas sont très lourds, tes jambes pèsent trois tonnes tu es dans le désert tu es assoiffée … mais tu vas atteindre ton objectif, tu vas y aller.



Je l’avais plus sentie comme une force impalpable qui fait avancer. C’est à mes yeux, le « Tes cicatrices » de Rendez-vous

Oui c’est ça, parce qu’on marche quand même sous la dernière étoile. Mais après on s’approprie, et c’est ce qui est génial avec les textes de chansons, que les gens se l’approprient, et ça en devient quelque chose qui n’est jamais très éloigné finalement. Tout dépend de ce que tu vis, où tu en es, tes références, tes lectures du moment …

Oui c’est vrai, et souvent quand on pense avoir compris un morceau on se rend compte que ce n’est pas du tout ça –rires

-rires Oui mais en même temps c’est livré et on ne donne pas le mode d’emploi ! On peut se l’accaparer comme on veut quoi.

Je voulais aussi que tu m’expliques « J’attends l’heure ». Moi je le vois comme une femme qui constate sa vie à différents instants T. On passe des étapes de vie avec des ellipses pour en arriver à la toute fin...

Alors si tu veux vraiment l’histoire au départ c’est l’observation d’une personne que j’ai vue dans une maison de retraite, un petit vieux qui était tout seul sur sa chaise, et à chaque fois que j’allais à cette maison de retraite il était toujours à la même place. Avec son seul cheveu sur la tête, au même endroit, dans la salle de télé qui était la salle d’accueil. Et donc il y avait la pendule, l’écran, la télé, sa tête dodelinait de l’un à l’autre. Et toujours cette tache sur le gilet qui veut dire beaucoup de choses hein… Ca veut dire qu’il ne devait pas avoir beaucoup de visites. Enfin c’était très lourd quoi. Comme j’allais dans cette maison de retraite là avec mon fils, j’ai voulu mettre des mots donc j’ai pris des notes. C’était des mots simples, comme un regard d’enfant dessus. Et donc les couplets c’est l’observation et les refrains je me mets à la place de cet homme là. Qu’est ce qu’il a dans la tête, qu’est ce qu’il se passe ? Pour moi c’est ça la vraie histoire. Après, il y a plein d’autres images qui peuvent venir, on ne va pas faire un clip dans une maison de retraire –rires, mais là on est vraiment dans le temps qui passe, la solitude aussi.

C’est intéressant ! Moi je le voyais comme une personne avançant dans la vie, du genre j’ai 20 ans je prends une note, j’en ai 30 j’en reprends une, etc jusqu’à la fin. Finalement je suis partie à l’envers de ton histoire à toi.

Ouais ! Et en plus, j’ai une copine à qui j’ai envoyé la maquette et qui m’a dit que ça lui faisait penser à quelqu’un de très proche, ça lui a mis les frissons. Donc ça décrit vraiment l’univers également de ceux qui ont quelqu’un en maison de retraite ou à l’hôpital ou chez eux mais qui sont seuls. Il y en a qui captent tout de suite parce que c’est du vécu.


Quel est ou quel a été ton état d’esprit pour cet album par rapport au premier ? Comment tu te sentais pendant l’écriture, l’humeur que tu lui associes, comment tu te sens actuellement ..

C’est vrai que pour cet album je me suis beaucoup plus impliquée, il y a même des morceaux pour lesquels je me suis retrouvée toute seule chez moi, mais ce n’est pas une souffrance. Il y en a pour qui ça l’est car on a plus matière à être heureux qu’à être malheureux. Moi ça va j’avais évacué avec l’album d’avant, pour lequel j’avais beaucoup écrit. J’étais d’ailleurs pas spécialement à l’aise pour la promo de l’album précédent parce qu’il y avait une espèce d’impudeur à parler du pourquoi de cet album qui reflétait deux années de ma vie qui n’avaient pas été drôles du tout. Tout était dit dans mes chansons. Celui là, comme j’ai passé pas mal de temps toute seule déjà je peux parler de plein de choses –rires, et je suis moins à parler de moi finalement. Je n’avais pas l’habitude de parler, avec Dolly on était un groupe, ce n’était pas vraiment « je » tout le temps, et je n’ai pas forcément envie de parler de moi. J’en parle assez dans les chansons.

http://www.manu-friends.com/index.htm
En savoir plus sur Manu, Dolly,
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