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Interview : No One Is Innocent


Christine, le 09/08/2011
Rencontrés pendant le Festival Rock Préserv', No One is Innocent a délégué son frontman, Marc, pour répondre à nos questions : le dernier album, la tournée, l'évolution du groupe, l'évolution du Rock...discussion à bâtons rompus.


Bonjour Marc, merci de nous recevoir !
Nous voilà 6 mois après la sortie de Drugstore, comment marche l'album ? et la tournée de promo ?

L'album se porte bien ! Je ne suis pas un expert en chiffre de vente...mais je sais que ça se passe plutôt bien. On a décidé de faire un album assez particulier, pour un album de No One. Et puis la tournée se passe très bien, parce qu'on est un groupe live, tout le monde le sait, et c'est ça qu'on aime, aussi ! C'est là qu'on prend notre envol.

Combien de dates pour la tournée ?
Depuis début février on a dû faire....40, 45 dates, et on a une grosse rentrée, une très grosse rentrée, 25-26 dates.

Tout sur la France ?
Suisse et Belgique aussi, et on fera de l'étranger l'année prochaine.

Tu disais "on a fait un album un peu spécial", c'était ma prochaine question : dans certaines chroniques j'ai pu lire "Virage Dancefloor", "Ce n'est plus NO One"...Alors ?
Mais à chaque fois, ce n'est plus No One ! Nous avons choisi pertinemment de ne pas faire d'album pour nos fans. On fait un album pour essayer de se réinventer, pour tenter de se renouveler, pour garder le désir de faire de la musique. Si on faisait toujours la même chose, depuis 15 ans...je pense qu'on aurait arrêté depuis longtemps. Pour renouveler le plaisir de faire de la musique, il faut se bousculer un peu et se demander à chaque fois "Qu'est-ce qu'on a à dire ? Qu'est-ce qu'on a envie de faire, de provoquer au niveau son ?".
Alors évidemment, on a un peu plus poussé les machines, on a ressorti nos claviers vintage, nos "Mood", qui nous donnent un son particulier qu'on a mélangé avec la guitare, c'est ça qui fait qu'il y a un vrai son, c'est ce qu'on cherchait. En fait, on sortait d'un album très guitare-basse-batterie, ce qu'on avait déjà fait, mais au début du groupe, et ensuite le groupe avait à chaque fois évolué : Utopia, Révolution.com, Gazoline...Là, on a voulu pousser le bouchon.
Il y a une bonne phrase d'un de nos potes qui dit "qu'on construit des barricades depuis notre dancefloor", en même temps, on n'est pas Daft Punk ! et c'est ça qui nous fait marrer : à chaque fois qu'un groupe essaye de donner une couleur à son Rock'n Roll, tout de suite, on crie à l'Electro. Bon, ça va, on n'est pas un groupe d'Electro, on est un groupe de Rock'n Roll. Les bases de nos morceaux, c'est juste du Blues et du Rock'n Roll. Tu te rends compte que le changement au sein d'un groupe de Rock français comme No One ou d'autres, tout à coup, c'est une énorme révolution, alors que pour nous, c'est plutôt une suite logique : ça fait des années qu'on est là, on n'a pas envie de faire toujours le même album et on a envie de provoquer des choses.

Vous ne craigniez donc pas de perdre des fans ? C'est vrai qu'il y en a qui sont resté accros à "La Peau"....
On en a toujours perdu et on en a toujours gagné. Mais il y a un truc qui est extrêmement fédérateur : quand les gens nous voient en concert, ils se rendent compte que quand on insère les nouveaux morceaux parmi tous les autres, il y a une cohérence absolue.

Le clip, "Drugs", interactif, c'est original, mais est-ce qu'il vous a créé des problèmes ? Il est vrai que si on en reste au premier degré, il peut être considéré comme une incitation à la consommation de drogues ou d'alcool, sachant qu' il y a tous les avertissements nécessaires....
Et bien pas trop, la maison de disque a beaucoup flippé.
A contrario, ce qui est drôle, c'est qu'une association qui lutte contre la drogue a réagit en disant "Il est très bien ce clip, car au moins il montre que ça se termine très mal". Et voilà, faut aller jusqu'au bout, faut tout tester ! Mais l'intérêt de ce clip, c'est qu'il est un appel à la fête et pas du tout une incitation à la drogue. On voulait encore une fois provoquer quelque chose. Juste filmer une teuf, bof. Quand les potes m'ont proposé ça j'ai dit "Banco", on est acteurs du clip.

Revenons à l'album, Drugstore : quelle est son histoire ?
Il y a eu une chanson qui a été le détonateur : "Johnny Rotten". On a cherché un son, pendant plusieurs mois, il commençait à y avoir une esquisse de démarrage, et il y a eu cette histoire avec les Sex Pistols sur un festival où on a failli se friter avec eux. La bonne provoc "pistolienne" qu'on connait...ils reviennent faire des concerts pour payer leurs impôts et ils nous insultent copieusement...Quand nous sommes rentrés on a raconté cette histoire au troisième larron qui compose avec nous et ça l'a beaucoup inspiré. Deux jours après il a annoncé "ça y est j'ai trouvé le son de l'album" et cette histoire de Johnny Rotten a donné le premier morceau.
Et c'est toujours comme ça que ça se passe...Un morceau ouvre la porte.

Il est considéré, ce titre, comme celui étant le plus rock de l'album
Le plus violent, oui !

Les autres chansons sont venues comme ça ? ce sont des chansons sur lesquelles vous aviez déjà travaillé ensemble ?
Non, il y a toujours cette idée de chercher des mouvements dans la musique, je suis un obsédé du mouvement dans la musique, c'est le mouvement qui va faire apparaitre une idée de texte. Tu peux avoir par exemple un morceau qui va être tendu, les paroles vont être en rapport avec la musique. Tu peux avoir un mouvement qui trace, assez droit, style autoroute, qui va faire appel à l'urgence, je pense au titre sur les traders "Hurry Up". "Drugs" c'est un morceau très up-tempo qui invite à quelque chose d'assez dansant et joyeux...voilà, c'est ça qui caractérise à chaque fois nos compos.
Et tu as des OVNIS, comme "Qui je suis" qui est un morceau très folk-blues. Quand la musique est arrivée j'ai dit tout de suite "j'ai la sensation que sur ce morceau il faut qu'on parle d'identité nationale". L'appel c'était les racines, musicalement aussi, le blues et le folk.

C'est un passage plus personnel, tu y parles de ce qui est arrivé à ton père au moment du renouvellement de ses papiers, c'est ça ?
A mon père et à des centaines d'autres.
Il y a deux lectures dans ce morceau : la première, c'est "qui on est". Tous les jours on se pose cette question, dans la vie sentimentale, professionnelle, amicale, à un moment donné il y a un miroir qui nous renvoie qui on est vraiment, on est tout le temps en quête d'identité, on se cherche.
Et de l'autre côté il y a le fait qu'on nous dit français, on nous dit qu'on fait partie de la République, mais est-ce que la République nous renvoie vraiment ce discours là ? Et il y aussi l'idée de penser aux sans-papiers, qui vivent ici, qui ont une famille, ils peuvent à un moment donné se demander qui ils sont.

Tu dis sur le site du groupe "il faut rester en mouvement, nous sommes libres mais en danger"...
Ça veut dire qu'on est toujours sur un fil. Dans ce pays, le Rock c'est quelque chose de particulier, il n'est pas incrusté dans la culture, il a été importé. Et donc on est sur le fil parce qu'on joue une musique quand même assez énervée, assez puissante et depuis quelques années, c'est l'avènement de la Pop "sucrée". On se rend compte que la musique c'est assez cyclique : il y a toute une période où des gens ont été nos grands frères : La Mano Negra, Noir Désir, les Bérus...Puis nous sommes arrivés dans une période plus "chanson française", extrêmement nombriliste, où les chanteurs vont raconter leurs états d'âme "oui, j'me suis fait larguer il y a trois jours, j'ai mal au ventre...".
Aujourd'hui on se retrouve dans une période où la musique se cherche. Il y a un Rock qui est arrivé, un Rock à Papa, Rock-Baby, complètement collé sur les sixties et les seventies, parce que la génération d'aujourd'hui a été piocher dans les disques des parents et ils reproduisent. Et nous on n'a plus 22 ans, mais on cherche continuellement à être modernes, et on a la sensation de l'être plus que des mecs de 17 ans qui arrivent pour faire du Rock. On est dans une période musicale assez paradoxale, en ce qui concerne le Rock, c'est intrigant. Nous, ce qui nous intéressait quand on a commencé, c'était de dire "fuck off "à nos parents, d'être en marge de la société, c'était de dire ce qu'on pensait dans nos textes...une génération de groupes qui utilisent la musique pour dire des choses. Et en fait, nous sommes dans une période sociale extrêmement dure et le Rock n'est pas du tout en adéquation avec ce qui se passe.

Au niveau des textes ?
Oui mais aussi au niveau de l'attitude : nous sommes rentrés dans une période d'image où à un moment donné il est plus important de se booker et de faire des photos que de faire de la musique. Peut être que je suis à côté de la plaque, mais quand je vois des Lady Gaga et d'autres groupes qui cartonnent, je suis sidéré de la pauvreté du truc ! Voilà, on est passé à une période où il suffit de se fringuer et de chanter deux trois conneries...

Est-ce que tu penses que le fait de se faire connaitre par internet joue là dessus ?
Moi je trouve que le paradoxe, c'est qu'on a plus de nouveautés, et que ce n'est pas forcément un gage de bonnes choses qui sortent.
On tourne beaucoup et ...je sais pas....on a vu deux groupes bien... qu'on a pris avec nous plusieurs fois.
Nous on sort d'une génération où on avait des groupes qui nous parlaient. Et aujourd'hui, c'est plutôt le foot, le cinoche, les blockbusters, les jeux vidéos, les machins comme ça qui causent aux ados. Avant, au lieu d'avoir un poster de Lionel Messi, on avait un poster de Motorhead. Mais je pense que c'est cyclique, ça va revenir !

Bon, on l'a déjà un peu abordé, mais j'y reviens, je sais que tu y as droit à chaque fois : No One est un groupe engagé, vous passez des messages dans les textes. Est-ce que tu crois toujours au mouvement collectif, tu parlais de "la force du nous" ?
"La force du nous" elle existe par rapport à la musique, quand on est ensemble et qu'on joue. Ce que j'essaye de faire en tant que chanteur, c'est que les autres membres s'identifient à ce qui est raconté. Je veux que le mec, quand il joue, il interprète ce qui est en train de se chanter et dans le même sens, quand lui joue, moi, physiquement, je joue aussi avec lui. Nous avons des discussions un peu sur tout et je trouve important qu'il y ait une part de conscience politique et sociale, qu'on ne soit pas simplement des robots. C'est vrai qu'on parle de politique, de pouvoir, de sexe et de drogues, et quand on parle de sexe et de drogues, et bien, c'est un peu plus léger, on en a besoin aussi. Il faut une énorme dose d'humour pour être dans le groupe, sinon c'est intenable.
Après, on n'est pas une entreprise de sondage. Après nos concerts, on ne va pas voir les gens pour leur demander s'ils ont compris ce qu'on a dit. It's only music ! on utilise la musique comme une arme pacifique pour dire ce qu'on pense sur certaines choses. Ce que les gens en font....On reproduit ce que les groupes que j'ai déjà cités faisaient à notre époque, ils utilisaient leur notoriété pour faire des choses. Mais on n'est pas des militants. Notre taf, c'est quand Assault nous appelle pour nous demander de venir jouer gratos à un concert, ça on le fait. Par contre, pendant une élection, on ne va pas défendre un candidat ... pour nous, c'est l'erreur absolue de l'artiste. L'artiste doit défendre une cause, pas défendre des candidats. On s'est fait approcher par certains, notre place n'est pas là.

Et quelle cause fait vibrer No One en ce moment ?
Si j'avais un truc à retenir, ce serait les indignés à travers l'Europe. Tout à coup en Angleterre, ça sort dans la rue pour dire des choses....en Grèce, à Madrid, en Italie...ça monte, une jeunesse dit "on existe et vous êtes en train de nous niquer". Le cinéma prend la relève, c'est un vecteur...un film comme Pater de Cavalier, il faut aller voir ça. Le cinéma peut être une source d'inspiration énorme. Et je suis très content quand je vois un mec de 94 ans sortir un p'tit bouquin, ça fait remuer, en tout cas ça fait parler. C'est le débat qui est important.

Et pour 2012, No One prépare "La Peur ou Nomenklatura version 2 ?"
C'est difficile, ce sont des moments où on t'attend au tournant...Moi ce qui me ferait plaisir c'est qu'il y ait un vrai rassemblement musical autour des élections, autour des idées, pas des candidats, et que les plus petits, qui défendent des idées, Jeudi Noir, Act Up, qu'on leur donne la parole. On viendrait jouer gratuit tout de suite.

Ce soir....vous allez jouer des titres de Drugstore, je pense. Et quoi d'autre ? il y a des titres fétiches ?
Tous les albums sont représentés, mais il y a toujours des morceaux fétiches! Des "Révolution.com", "La Peau"," La Peur"...Et là où je suis vraiment content, c'est qu'on a tous l'impression de faire les meilleurs concerts de l'histoire du groupe en ce moment. Je crois qu'on a, au bout du 5ème album, réussi à trouver un super rythme avec des phases ou ça bouge, ou on parle, des moments plus légers, c'est varié.

Merci Marc !
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