
Airbag
All Rights Removed
Produit par
1- All rights Removed / 2- White Walls / 3- The Bridge / 4- Never Coming Home / 5- Light Them All Up / 6- Homesick


Le  temps passe, Steven Wilson poursuit avec brio sa carrière solo et  Porcupine Tree semble avoir été mis pour de bon entre parenthèses. Alors  que le groupe clôturait il y a trois ans une série de quatre albums  orientés metal prog, certaines voix s’élevaient timidement dans l’ombre  pour regretter ce tournant plus costaud qui avait noyé dans l’oeuf les  envolées progressives lyriques de la période The Sky Moves Sideways -  Lightbulb Sun, soit un autre cheptel de quatre albums beaucoup doux, pop  et floydiens. Or ce qu’il y a de bien dans le rock, c’est que lorsqu’un  groupe s’arrête ou change de direction, il y en a toujours un autre qui  surgit quelques années plus tard pour reprendre le flambeau abandonné.  Réjouissez-vous donc, car avec Airbag, l’arbre à porc-épic vient de  trouver l’un de ses meilleurs descendants. Et plus encore.
Ces  norvégiens ne sont pas nés d’hier puisqu’ils se sont formés en 1994,  mais leurs premiers enregistrements remontent seulement à 2004. C’est  l’an passé qu’est sorti leur deuxième véritable album studio, All Rights  Removed, qui nous occupe ici, un disque qui, non content de rendre un  bel hommage aux vieux albums de Porcupine Tree, réalise surtout le  miracle de ressusciter le Pink Floyd de la grande époque. En début  d’année, lors de notre grand dossier consacré au Floyd, on s’étonnait  que si peu de groupes ne soient parvenus à capturer l’essence du quatuor  mythique, les effluves lancinantes de Wish You Were Here ou  l’entêtement oppressant d’Animals. Steven Wilson y était arrivé, et avec  la manière, avant d’explorer des horizons plus sombres et crimsoniens,  mais Airbag franchit encore un pas plus décisif vers cette quête  jusqu’ici vouée à l’échec. A l’écoute de "Homesick (I-III)", on se  retrouve plongé en plein "Shine On You Crazy Diamond", le morceau y  déroulant le même équilibre subtil entre rythmique indolente, nappes de  synthétiseurs futuristes, boucles de basse hypnotisantes et soli de  guitare gilmouriens. On pourrait évidemment hurler  au plagiat, mais rappelons que le Floyd lui-même n’a pas été capable de  recréer une telle alchimie passé le disque de l’usine animalière.
Malgré  son fantastique artwork suicidaire, ne vous attendez pas à sombrer en  pleine dépression mélancolique avec All Rights Removed. Ce disque est  plutôt lumineux, tantôt planant et rêveur, tantôt laissant libre cour au  chant pop de Asle Tostrup très inspiré par Steven Wilson tandis que les  instruments rugissent gentiment en un progressif simple et très typé  Porcupine Tree. Nombreux sont les groupes à avoir tenté de plagier  l’arbre, soit de façon larvée (Riverside, avec une réussite  incontestable), soit de façon beaucoup moins subtile (Abighail’s Ghost  par exemple, et ça ne volait pas bien haut), mais rares sont ceux à  avoir retrouvé le son et l’âme de ce groupe tout en imprimant une forte  personnalité à l’ensemble. Si l’écoute des "White Walls" et autres "The  Bridge" nous entraînent en terrain ultra-connu, on reste sidéré par la  façon dont les norvégiens ont réussi à s’approprier les grands champions  du prog floydien. Du très grand art qui nous replonge avec délices  quelques 12 ans en arrière (Stupid Dream), voir beaucoup plus (Wish You  Were Here - Meddle) : la Madeleine de Proust s’avère toujours aussi savoureuse à  ingurgiter, a fortiori lorsqu’elle se trouve cuite par de nouveaux  artisans. Airbag réalise donc un album brillant qui place le groupe  comme l’une des valeurs montantes incontournables du progressif  scandinave aux côtés de Gazpacho. Promis, pour le prochain album, on  sera plus réactif.






















