Hole
Nobody's Daughter
Produit par
1- Nobody's Daughter / 2- Skinny Little Bitch / 3- Honey / 4- Pacific Coast Highway / 5- Samantha / 6- Someone Else's Bed / 7- For Once In Your Life / 8- Letter To God / 9- Loser dust / 10- How Dirty Girls Get Clean / 11- Never go Hungry
Non, ce n’est pas la peine d’espérer, Courtney Love 2010 ne pourra jamais être Courtney Love 1990, un peu comme PJ Harvey (glups), Liz Phair (argh) et la plupart des filles rugueuses qui se polissent avec le temps. Mais tout de même, Love est restée l’écorchée vive dont chaque disque expose sans pudeur blessures suintantes et colère crue. Pour preuve, l’écriture de Nobody’s Daughter commence en pleine cure de désintox alors qu’elle se trouve claquemurée seule entre les quatre murs de sa chambre. L’album, dont la sortie est cent fois reportée pour "problèmes juridiques", deviendra finalement celui de Hole, alors que les membres d’origine ne seront jamais contactés. Love est alors épaulée par Micko Larkin qui produit et co-écrit une grande part des chansons de l’album, ainsi que par Billy Corgan et Linda Perry. Après deux ans d’attente, Nobody’s Daughter sort enfin, servi par une pochette étonnante et une police d’écriture rappelant vaguement quelque chose…
Les démos de l’album tournaient depuis deux ans sur Youtube, où les fans et les curieux pouvaient découvrir la tournure que l’album allait prendre alors que Nobody’s Daughter était encore estampillé Courtney Love. Certains premiers jets ont été conservés pour l’album ("How Dirty Girls Get Clean"), alors que "Nobody’s Daughter" a été totalement réécrite. D’autres ont été très malheureusement écartés, comme le sublime "Car Crash", sûrement l'une des chansons les plus touchantes que Love ait jamais écrites. Au final, Nobody’s Daughter apparaît comme un mélange entre Celebrity Skin et America’s Sweetheart. L’album alterne entre grunge clean à grosse guitare ("Loser Dust", "Skinny Little Bitch") et balades. Mais les morceaux déchirants jusqu’à la caricature de l’effort solo sont ici bien plus sincères et échappent à l'effet grandiose de chanson chialeuse (au contraire du raté "Life Despite God" ou d'"Hold On To Me" d'America's Sweetheart). Love semble bien moins pleurer sur son sort et Nobody’s Daughter apparaît comme un disque curatif et cathartique, un coup de pied au fond de la piscine, où la décision d’agir a remplacé celle de crier.
On pourra reprocher à cet album de rester ancré dans une nostalgie nineties mal dégrossie. Mais n’est-ce pas là la plus grande force de Nobody’s Daughter ? Love ne sera jamais meilleure que lorsqu’elle chante des chansons à la "Skinny Little Bitch", avec son nombre d’accords minimum, et une rage à tout casser. Malgré sa tendance passéiste qui frôle le cliché ("Someone’s Else Bed"), l’album ne sent pas le grunge de vieille, même si les violons du morceau titre ont de quoi ahurir. Love parvient à faire de cette galette grunge cheesy un disque que l'on écoute avec un plaisir coupable et qui, contre toute attente, ne parvient même pas à décevoir.