
Alice Cooper
DaDa
Produit par Bob Ezrin
1- DaDa / 2- Enough's Enough / 3- Former Lee Warmer / 4- No Man's Land / 5- Dyslexia / 6- Scarlet and Sheba / 7- I Love America / 8- Fresh Blood / 9- Pass the Gun Around


Ainsi se clôt la trilogie soi-disant oubliée par son géniteur, par un album a priori ambitieux dans une période où Alice Cooper n’était pas au sommet de sa forme, bien qu’il soit de nouveau soutenu par Bob Ezrin, son fidèle producteur. De la référence à un courant artistique iconoclaste du XXème siècle, le dadaïsme, à l’emprunt à Dali pour sa pochette (un extrait de Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire, qui met en avant le visage du philosophe par effet d’optique), Vincent Furnier s’inscrit dans des courants ambitieux et expérimentaux.
On n’est donc pas surpris par l’entrée en matière angoissante et synthétique, "Dada" ; les voix d’enfants et les échos sur les interventions percussives ainsi que le chant caverneux de Cooper semblent nous mener vers des lieux cauchemardesques, qui mettent mal à l’aise. Les ambiances légèrement médiévales et progressives de "Former Lee Warmer" montrent qu’il tente quelque chose ici, et que les claviers seront à nouveau au centre du propos après un leur mise en retrait sur Zipper Catches Skin. De même, le pont central de l’efficace "I Love America" (plutôt pas mal dans une veine hard-FM), retraçant de façon sonore la conquête de l’ouest, présente cette volonté de donner du corps à ses titres.
"Scarlet and Sheba" représente bien l’enrichissement du propos chez Cooper sur cet album. Les synthés sont très bien utilisés pour donner une atmosphère orientale et se marient très bien avec une guitare saturée qui plaque des accords puissants. Seulement, les parties où le chant prend place sont moins mémorables, qu’elles reprennent des traits et sonorités FM typées 1980’s et démodées ou qu’elles tombent dans la mélodie mièvre et kitsch sur le refrain. Dommage.
De même, si certains passages sont bien pensés (ceux qui sont plus grandiloquents ou le chorus), que la rythmique saccadée explore des choses, il y a des moments insupportables sur "Enough’s Enough" (notamment quand le titre est scandé à répétition). D’autres sont plus anecdotiques ("No Man’s Land" qui s’inspire du rock’n’roll au chant mais pas au niveau instrumental), voire carrément désolant : "Dyslexia", qui marque le retour de l’inspiration des Stranglers après Flush the Fashion mais pour le pire cette fois, "Fresh Blood" (et ses trompettes synthétiques). Bref, on demeure tout de même dans une période sombre pour Cooper, même si Dada présente une légère éclaircie.
Dada signe la fin d’une sale époque pour la musique et la santé d’Alice Cooper, mais qui demeure un morceau du contexte musicale des années 1980, notamment par les multiples expériences lancées (sans toujours être heureuses) par l’artiste au sein d’albums finalement audacieux dans leur marasme. Un sentiment mitigé s’installe entre une exploration assez déroutante et variée mais finalement bien peu satisfaisante esthétiquement parlant.
Dada, c’est aussi la fin de la collaboration avec la Warner qui a bien poussé à bout Vincent Furnier, lui imposant ce rythme de tâcheron (ce qui explique en partie le faible niveau de l’ensemble). Il lui faudra trois ans pour s’en remettre.
A écouter : "Scarlet and Sheba", "Former Lee Warmer"