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Critique d'album

The Band


Music from Big Pink


(01/07/1968 - Capitol - Folk/Americana - Genre : Pop Rock)
Produit par John Simon

1- Tears of rage / 2- To Kingdom come / 3- In a Station / 4- The Weight / 5- We Can Talk / 6- Long Black Veil / 7- Chest Fever / 8- Lonesome Suzie / 9- This Wheel's on Fire / 10- I Shall Be Released
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un retour aux sources salvateur"
Guillaume , le 28/08/2023
( mots)

The Band. Le Groupe. Par ce facétieux sobriquet, le groupe s’autodésignait-t-il comme un groupe parmi tant d’autres -  tel un vœu d’humilité à une époque qui en manquait singulièrement - ou bien comme "Le" meilleur groupe du monde, celui de Bob Dylan ? Nommé sans conviction par Robbie Robertson (le guitariste/songwriter du groupe), la blague demeura, jouant sur la confusion. The Band a bénéficié de l’insigne honneur d’accompagner Dylan. Et pas n’importe lequel ! Le Dylan qui défia les caciques du Folk lors du retentissant festival de Newport en brandissant sa Stratocaster. Celui de Blonde on Blonde. Les gars jouaient ensemble depuis 1959, croisant le fer en tant que backing band du légendaire Ronnie Hawkins  - qui promit à Robertson "Qu’il ne gagnerait pas beaucoup d’argent mais qu’il attraperait autant de filles que Sinatra" - avant de convoler en juste noce avec le Zim en 1965. La folie dylanienne battait son plein jusqu’au fameux accident de moto de Dylan en juillet 1966. Meurtri, blessé, le roi se retire à la campagne, près de Woodstock. D’où naîtra la fameuse mythologie rock de la réclusion créative à la campagne, thérapie de choc nécessaire à la rockstar pour se remettre des vicissitudes de la vie urbaine. Isolé de tout le fatras médiatique qui l’entoure, Dylan rumine et fait le point sur sa carrière. Rapidement, il convoque The Band à son chevet. Dans une maison peinte en rose ("Big Pink"), adoptant le mode de vie communautaire, les musiciens jamment, revisitent des classiques intemporels de la musique américaine, composent jour et nuit, et vont donner vie au bootleg le plus mythique du rock, le fameux Great White Wonder, plus connu sous le nom de The Basement Tapes finalement publié en 1975.


A force de jouer les faire-valoir, d’être la "chose" d’un frontman aguerri, le groupe décide de s’émanciper. Dans la foulée des séances ultra-productives avec Dylan, De nouvelles idées exsudent de leur sinistre allure. The Band élisent domicile dans la prolifique cave de Big Pink et d’y enregistrer la chair de Music From Big Pink. Aucune distraction, l’atmosphère est paisible, chaleureuse, juste cinq musiciens avec leur magnétophone deux pistes, qui jouent trois heures par jour, six jours par semaine de mars à décembre 1967. Une musique directe, sans arrangements qui aurait pu être enregistrée par des bouseux des Appalaches pendant la Grande Dépression. Encore à ce jour, Music from Big Pink est considéré comme l’un des albums les plus importants de l’histoire du Rock. Le point de départ d’une révolution aussi bien musicale qu’esthétique. De passage pour saluer Dylan, Eric Clapton ne s’en remettra jamais : Il liquide Cream, abandonne ses montagnes de Marshall… Et quémande même un poste de guitariste au sein du fabuleux orchestre ! En 1968, le Rock s'enlise dans une quête désespérée de projets grandioses, boursouflés d’égo au point de ne plus voir ce qui se passe à côté. A des années lumières de la flamboyance tempétueuse d’un Hendrix, leurs dégaines de mormons d’un autre âge avaient quelque chose de rassurant. Se ressourcer paisiblement - à l’abri du vacarme environnant - aux origines immémoriales de notre genre adoré, expier ses pêchés et pleurer de bonheur devant tant de simplicité.


Affûté par des années de répétitions acharnées, The Band a développé dès son premier effort un idiome musical unique. Une Country-Soul organique, impressionnante de maturité tout en restant économe. Rien ne dépasse. Dans ce bloc uni où tous composent, chantent à gorge déployée,  les solos brillent par leur absence - grand guitariste (bretteur au style "mathématique" dixit Dylan), Robertson tresse ça et là de fines guirlandes électriques acides, seule concession faite au psychédélisme ambiant ("To Kingdom Come"). Music From Big Pink se distingue donc par sa cohérence et une homogénéité à toute épreuve. Parmi les gemmes étincelantes qui chamarrent l’album, "Tears of rage" (reliquat des Basement Tapes avec Dylan), sublime Gospel empreint d’une ferveur déchirante ; "Chest Fever" et son clavier plus Jon Lord que nature groove méchamment. Et puis surtout "The Weight", ce bijou que Robertson a eu la bonne idée de composer pour mettre sur orbite ce recueil de suppliques qui ne ressemblait à rien d’autre. Grands musiciens, ces gars étaient à l'aise dans tous les styles traditionnels américains. En cela, ils étaient les gardiens du temple des valeurs conservatrices, à rebours de la vague contestataire qui grondait autour d’eux. Pour enfoncer le clou de l’héritage dans le cercueil des idéaux sixties, The Band ose même reprendre une ballade popularisée par Johnny Cash ("Long Black Veil"), anticipant - à l’aide de quelques rares forcenés - le virage Country à 180° du Rock américain seventies. Les joyeux drilles closent les débats avec deux titres encore inédits de Dylan et non des moindres puisqu’il s’agit des monstrueux "This Wheel’s on Fire" et "I Shall Be Released". A l’instar de nombreux albums mythiques, Ce disque sera boudé dans un premier temps avant d’être porté aux nues le temps aidant. Le second opus de la troupe, The Band, serait encore supérieur. Plus varié, plus accessible. Mais sans parvenir au fragile miracle de Music From Big Pink

Commentaires
DanielAR, le 30/08/2023 à 12:10
Artistiquement, cet album simplement parfait clôture les sixties et pose paisiblement les bases des seventies. Un passage. Magnifique.
Bill, le 29/08/2023 à 20:52
Album fabuleux fait par des musiciens géniaux