
Printemps 1967, année psychédélique
La végétation renaît, le soleil réapparait et les couleurs réémergent. Ce retour des teintes chaudes et saturées m’évoque une ambiance retro dans laquelle je plonge volontiers sans acides : l’année 1967. Musicalement riche et révolutionnaire, elle est l’apogée du rock psychédélique, celui qui nous fait voir les sons et entendre les images. Inspiré par le mouvement de contre-culture hippie et la prise de psychotropes, ses principales caractéristiques sont des rythmiques hypnotiques et transcendantales, de longs solos avec des effets comme la distorsion, et l’introduction de nouveaux instruments tel que le sitar de George Harrison sur "Norvegian Wood" (Rubber Soul, 1965), par exemple. Les premiers à employer le terme pour qualifier leur musique sont The 13th Floor Elevator avec leur fameux album The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevator sorti en 1966. Dès lors, le nouveau genre qui grandit en Amérique, s’exporte en Angleterre et trouve son point culminant lors du Summer of Love à San Francisco.
En 1967, les mots d’ordre sont paix, amour et expérimentation, entre deux pilules de LSD. Je vous propose donc un voyage dans un printemps psychédélique à travers une sélection (subjective) de quatre albums qui fêtent leurs cinquante huit ans cette année.
Mars : Grateful Dead, The Grateful Dead

À ses débuts, en 1965, le groupe précurseur du rock psychédélique se nommait the Warlocks. Il était composé de Jerry Garcia, Bob Weir et Ron « Pigpen » McKernan. Une fois rejoints par Bill Kreutzmann et Dana Morgan, finalement remplacé par Phil Lesh, ils deviennent Grateful Dead et se détournent de leurs reprises blues et folk en arborant un son plus électrique au fur et à mesure qu’ils se produisent lors des Acid tests, soirées musicales et dansantes à la consommation excessive de LSD.
Leur premier album éponyme, The Grateful Dead, sort le 17 mars 1967. Réalisé en quatre jours à Los Angeles et produit par David Hassinger (qui a travaillé avec Jefferson Airplane sur Surrealistic Pillow), il compte neuf morceaux qui mêlent rock, blues, folk, country, frôlant même la surf music avec "Cold Rain and Snow". Le groupe se cherche, les expérimentations sont timides et les titres courts mais il maîtrise les sonorités résolument psychédéliques qui font sa réputation. Le disque débute avec "The Golden Road (To Unlimited Devotion)", composition originale où les guitares côtoient un orgue énergique pour nous parler d’une hippie, single efficace qui présente leur talent mélodique certain. Parmi les cinq reprises, le titre "Viola Lee Blues" s’impose comme le plus représentatif du délire créatif du Dead pendant dix inlassables minutes. Le tempo varie, le rythme change et s’accélère comme dans la musique indienne, que les membres apprécient d’après Lesh. Un morceau propice à l’improvisation, laissant ainsi libre court à leur imagination pour nous délivrer un acid rock de qualité.
Avril 1967 : The Electric Prunes, The Electric Prunes : I Had Too Much To Dream (Last Night)

Mai 1967 : Jimi Hendrix, Are You Experienced

Juin 1967 : The Beatles, Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band
