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Critique d'album

Big Special


NATIONAL AVERAGE


(04/07/2025 - - Post-Punk - Genre : Autres)
Produit par

Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Rien de grand, ni de spécial... Et pourtant !"
Mathieu, le 23/07/2025
( mots)

Ils n’ont selon leurs propres mots, rien de grand ni de spécial, mais visiblement, un sacré sens du timing. Un an à peine après un premier album abrasif et remarqué (Postindustrial Hometown Blues, que l’on apprivoise encore), BIG SPECIAL revient sans crier gare avec ce National Average. Pas de promo ronflante, pas de teasing racoleur, juste une pochette d'un goût douteux et un deuxième disque servi sec, comme un full-English tiède balancé sans sauce sur une assiette ébréchée. Et le duo formé par Callum Moloney (batterie) et Joe Hicklin (chant, rap, spoken words, chahuteur de salle) affine ici sa formule : moins éclaté, plus ciblé, encore plus cinglant, et ce malgré les limites inhérentes qui s’imposent parfois rapidement aux groupes à deux têtes.


Là où le premier album cherchait encore son équilibre entre une multitude de styles bien british, ce nouveau venu évolue de façon plus convenue entre deux lignes parallèles. D’un côté, un groove sombre et nonchalant, tirant sur le blues poisseux et de l’autre, un post-punk bien plus frontal et électrique, à la frontière entre rage urbaine et punk social. Et entre les deux serpente cette voix désormais reconnaissable, celle de Joe Hicklin, qui ne chante jamais vraiment, ne crie pas complètement, mais conte, hurle et manipule chaque mot pour construire cet ensemble bourré de cohérence.


Le disque s’ouvre sur “THE MESS.”, morceau traînant et hypnotique, où la voix grave de Hicklin s’installe confortablement dans un spoken word tranchant, soutenu par un clavier aux accents bluesy. Une entrée en matière à la fois résignée et déterminée, difficile d’imaginer meilleure mise en bouche. On retrouvera plus loin cette patte sur “HUG A BASTARD.”, qui glisse sur sa rythmique moite et sa guitare paresseuse, ou “JUDAS SONG.”, dont la pulsation entêtante et les mots amers invitent étrangement à hocher lentement la tête.


Comme sur le splendide “BLACK DOG / WHITE HORSE”, Hicklin surprend à plusieurs reprises en alignant les notes. Rarement, certes, mais suffisamment pour aérer l’ensemble avec justesse. “DOMESTIC BLISS.” dévoile ainsi une facette crooner aussi inattendue que séduisante, non sans rappeler les Viagra Boys, tandis que “THIN HORSES.”, se pose en fin de parcours comme une caresse vocale, Rachel Goswell (Slowdive) prêtant sa voix à cette touchante conclusion. Ces respirations n’adoucissent pas fondamentalement le propos, mais elles ont le mérite d’élargir le spectre émotionnel du duo et laissent entrevoir, sous la rudesse apparente, une tendresse bien planquée.


Car BIG SPECIAL, c’est avant tout une colère qui bout, et c’est au cœur du disque que celle-ci déborde. Le ton se durcit, les guitares s’aiguisent, les beats claquent, et Hicklin troque ses sermons désabusés pour des diatribes incendiaires. “SHOP MUSIC.” donne le coup d’envoi de cette montée en pression, plus rapide, plus sèche, plus nerveuse. “PIGS PUDDING.” enchaîne dans le même registre : beats martelés, voix qui vrille et tension à vif avant de céder la place à “GET BACK SAFE.” et “YESBOSS.”, sommets d’amertume et de rage brute, transpercés de riffs cinglants.


On pense évidemment à Sleaford Mods pour le minimalisme de la formule, à Yard Act pour l’autodérision et l’accent british à couper au couteau, à Kae Tempest pour la diction viscérale quasi mystique ("THE BEAST.", l’interlude “I ONCE HAD A KESTREL.”), mais BIG SPECIAL ne copie finalement personne. Il impose sa propre grammaire, celle d’un monde gris et bruyant, où le spoken word devient un levier d'expression, et la batterie un support à la contestation.


National Average n’a en somme rien de moyen, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser. C’est un album resserré, percutant, cohérent, qui affirme plus que jamais ce que BIG SPECIAL est en train de devenir : une voix singulière au milieu du paysage post-punk britannique qui ne cesse de s’étendre. Pas la plus visible certes, mais l’une des plus singulières et entreprenantes. Ils n’ont peut-être rien de grand ou de spécial, mais aligner deux albums coup de poing en un an, voilà qui commence sérieusement à faire beaucoup pour un groupe censé flirter avec la moyenne.


 


A écouter"THE MESS.", "YESBOSS.", "JUDAS SONG."

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