
Kadavar
Kids Abandoning Destiny Among Vanity And Ruin
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Il y avait eu Rival Sons en 2023, c’est au tour de Kadavar en 2025 : sortir deux albums au cours d’une seule et même année est un exploit qui fleure bon les 70s, ce qui explique pourquoi la démarche est adoptée par ces deux groupes inscrits dans la scène revival. Pour les Californiens, l’idée était de filer un concept opposant l’ombre et la lumière. Pour les Allemands, il s’agit de dévoiler les différentes faces du groupe devenu quatuor après être passé par des tâtonnements expérimentaux (The Isolation Tapes en 2020, la fusion Eldovar dans une moindre mesure). Fruit de ces explorations, I Just Want To Be A Sound (2025) adoptait une tournure pop assez déconcertante - et bien plus convaincante sur scène qu’en studio, là où K.A.D.A.V.A.R. montre un visage plus brutal et saturé.
Le titre de ce huitième album donne l’impression d’un nouveau départ, le groupe révélant même, quinze ans après sa formation, que K.A.D.A.V.A.R. était un acronyme signifiant Kids Abandoning Destiny Among Vanity And Ruin. Cet opus avait pu être découvert en avance par ceux qui ont eu la chance d’assister à la tournée européenne de l’automne 2025, puisqu’il était mis en vente sur les étals du merch, et surtout, parce que certains titres faisaient déjà partie de la playlist.
Parmi ceux-là, l’excellent "Lies" renoue avec le Doom occulte non sans une touche légèrement pop, un registre dans lequel Kadavar avait rarement été aussi convaincant. Mais le combo témoigne d’une volonté d’aller plus loin encore dans la rudesse, sur "K.A.D.A.V.A.R." d’abord, qui surprend par son rythme lancinant, hypnotique, et sa structure plus progressive, et sur "Total Annihilation", sa première exploration vers le Metal extrême (tendance Thrash), bien que toujours mélodique et garnie de belles variations sur un fond Doom toujours appuyé (la dernière parie instrumentale est vraiment remarquable).
Or, K.A.D.A.V.A.R. est bien plus que cela tant il affiche une homogénéité assez hétérogène (pardonnez l’oxymore) par sa volonté de tirer profit des derniers travaux du groupe. Héritage de The Isolation Tapes, l’album a un côté space-rock, mélangeant la saturation aux petits bruits électroniques ("Explosions In The Sky"), se rapprochant d’Hawkwind sur "The Children" à la fois par ses moments planants et par le contraste entre ses aspérités folk et sa rupture saturée. Par certaines tournures très 60s, "You Me Apocalypse" pourrait même être qualifiée de space-pop-rock.
En effet, le virage pop affirmé sur I Just Want To Be A Sound, se fait toujours entendre sur cet album, comme en témoigne l’introduction d’"Heartache", qui poursuit sa course à la manière d’un Beatles saturé, ou sur "Stick It", qui après l’intermède "The Corner of E 2nd & Robert Martinez", se déploie comme un titre pop aux effluves presque disco alors que son intermède narratif en français (une langue déjà employée sur "A L’ombre du temps" – Rough Times , 2017) évoque à la fois The Stranglers puis le Krautrock au moment du solo.
Là où I Just Want To Be A Sound avait pu laisser une partie du public sur le bord de la route – même si de notre côté, nous revoyons notre jugement à la hausse – K.A.D.A.V.A.R. devrait faire l’unanimité autour de lui, aussi bien par ses innovations que par ses quelques tubes ("Lies") promis à une longue vie au sein des setlists d’un groupe toujours aussi impeccable sur scène.
À écouter : "Lies", "Stick It", "Total Annihilation"


















