Bachman-Turner Overdrive

Dès son premier album, Bachman-Turner Overdrive avait su démontrer que le Canada était capable de produire un hard-rock simple et efficace pouvant rivaliser avec ses homologues étatsuniens. Remettant le couvert un peu plus tard la même année avec le sobrement intitulé Bachman-Turner Overdrive II,  il parvint à envahir l’espace sonore des plans d’eau du Midwest en devenant la bande-son des barbecues de la banlieue de Chicago aux villages du Kansas.

Ce rock prolétaire et grand-public, pas encore FM mais assez simple dans sa structure, a largement été remis en cause par ceux qui préféraient s’ennuyer ferme avec Lou Reed plutôt que de danser avec BTO. Car question riffs comme mélodies, les Canadiens savent redoubler d’imagination pour composer de petits tubes, hélas un peu oubliés, qui firent les grandes heures des stations locales. Qui se rappelle encore que "Takin’ Care of Business" était au sommet des charts, offrant au monde son boogie-rock addictif repris de nombreuses fois par la suite ? Accompagné de "Let It Ride", jouant du contraste entre le jour (les chœurs et la guitare californienne à la Doobie Brothers) et la nuit (le riff robuste et le chant rauque de Bachman) et de "Tramp", dansant et décalé, il constitue le bras armé d’un album prêt à conquérir le marché du sous-continent.

C’est de façon globale que l’album est une mine de titres sans prétention mais tout simplement jouissifs, dès les premières secondes de "Blown" qui réunissent la bonne humeur hard-rock du Manitoba et les ambiances sudistes (qu’on retrouve sur "I Don’t Have to Hide" qui transpire la scène floridienne avec son rythme de pow-wow). Les divagations de guitare et le refrain hymnique de "Stonegates", l’atmosphère flegmatique reprise de "Blue Collar" sur "Welcome Home" qui tranche avec le refrain très Heavy et énervé, le tube hard-rock en puissance qu’est "Give It Time" (taillé pour les concerts) … Bachman-Turner Overdrive II touche au but à chacune de ses scansions : il installe toujours le riff pertinent, la mélodie adéquate, la transition bienvenue, et n’hésite pas à visiter différentes contrées musicales tout en gravitant toujours autour du hard-rock.

Difficile de dire si les groupes de la trempe de Bachman-Turner Overdrive proposent une musique datée et trop inscrites dans leur temps (le hard-rock grand public des 70’s), ou au contraire l’esthétique intemporelle du hard-rock facile mais imparable, capable de faire danser ou d’accompagner les road-trips sur toutes les routes du monde – au moins occidental. Dans tous les cas, cela s’écoute sans mépris avec la saveur des plaisirs non feints procurés par les bonheurs simples.

À écouter : "Let It Ride", "Takin’ Care of Business", "Give It Time"