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Critique d'album

Berlin Heart


The Low Summit


(14/10/2022 - Autoproduit - Post-progressif - Genre : Rock)
Produit par Vincent Blanot

1- The Poringland Oak / 2- Still Life / 3- Apical Bud / 4- She Dreamed of a Pale Light / 5- Crystal Morning / 6- The Innocents / 7- Lost House / 8- Dead Leaves / 9- The Low Summit / 10- Solar / 11- Mousehold Heath
Note de 4.5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Berlin Heart atteint de nouveaux sommets dans un album grandiose et inclassable"
Quentin, le 31/01/2023
( mots)

Certains albums sont décidément bien épineux à chroniquer, parce qu'ils font figure d'ovni dans les classifications bien établies du rock d'aujourd'hui. A l'heure où chacun reste dans son bac, il est difficile de trouver des artistes qui brouillent délibérément les pistes en refusant de coller aux étiquettes du moment. Le dernier-né de Berlin Heart est de cette espèce rare. Naviguant avec aisance des les eaux du rock progressif contemporain, de la folk alternative, de la mouvance post-rock et du rock symphonique, le multi-instrumentiste Français Vincent Blanot propose avec ce deuxième album auto-produit une musique "post-progressive", de son appellation, qui s'avère diablement séduisante et cohérente.


Ce Low Summit au titre modeste possède d'emblée cette qualité que partagent les grands albums : le don de procurer des émotions immédiates et d'être très accessible tout en proposant une complexité de composition et d'arrangements qui s’apprivoise lentement. Dès la première écoute, on sent qu'on tient une pépite entre les oreilles, mais il faut y revenir plusieurs fois pour en apprécier toute la richesse. Il faut dire que le Français a pu compter sur les contributions de pas moins de dix musiciens invités, dont le compatriote Aurélien Goude d'Esthesis (auteur avec son groupe d'une autre sortie très remarquée cette année) et d'autres collaborateurs de marque qui avaient déjà officié sur l'album précédent à l'image de Quentin Thomas du NCY Milky Band pour les passages virtuoses au saxophone alto.


Après un premier opus de très bonne facture qui lorgnait davantage du côté des expérimentations électroniques, le Français propose cette fois une musique plus vivante, organique et chaleureuse, aux sonorités plus acoustiques, qui ouvre la porte au voyage et à la contemplation de paysages musicaux prenants et variés. On se laisse emporter dès les premiers instants du disque par un dulcimer sur l'introductif "The Poringland Oak" qui accompagne les premiers pas de l'auditeur dans ces nouvelles contrées lointaines tandis que l'instrumental "Apical Bud" et son jeu croisé de guitares acoustiques et électriques enjouées rappelle les ambiances forestières lumineuses du dernier Lunatic Soul. On est ensuite transporté dans un écrin de délicatesse avec le très sensible "She Dreamed Of A Pale Light" et ses harmonies vocales de toute beauté nourries par des cordes enveloppantes. Même sentiment de pureté avec la beauté confondante de "The Innocents" et son violon mélancolique ou l’acoustique "Dead Leaves", hymne à la nature chant/guitare qui évoque la beauté des balades sylvestres du Chants From Another Place de Jonathan Hultén.


Cette ode perpétuelle aux grands espaces s'illustre également sur la pochette par une superbe peinture à l’huile de Michael Handt, qui rappelle les tableaux des maîtres romantiques européens du XIXème siècle. L'album aborde d'ailleurs des thématiques chères à l'expression de ce courant pictural avec la question du rapport au temps, de la passion des sentiments tout au long du cycle de la vie ainsi que la dualité des émotions oscillant entre ombres et lumières dans un clair obscur permanent. A ce jeu, "Lost House" se fait vecteur de sentiments plus sombres et tragiques avec un Vincent Blanot qui puise dans les registres les plus graves de sa tessiture et superpose les harmonies vocales jusqu'à un final enflammé où guitare et saxophone se répondent dans un dialogue ardent.


Le Français sait définitivement varier les atmosphères et faire évoluer ses morceaux dans des directions inattendues à l'image d'un "Crystal Morning" qui démarre tout en délicatesse pour mieux nous surprendre avec ce break ravageur annonciateur d'un solo dantesque à la technique exceptionnelle relayé par un saxophone qui n'est pas non plus en reste. Bien loin d'être une œuvre contemplative, The Low Summit offre ainsi des passages de rock alternatif tout simplement ébouriffants comme ce "Still Life" envoyé en éclaireur avec son refrain accrocheur et puissant qui évoque les meilleures partitions d'Oceansize ou le conclusif "Solar" qui nous prend par la main avec ses airs de jolie ballade country à la mandoline pour mieux nous faire décoller façon post-rock avec la guitare lapsteel d'Aurélien Goude pour un final éclaboussant de classe. On reste soufflé.


Et bien sûr l’œuvre majeure de cet opus, pièce maîtresse éponyme de 15 minutes sous forme de montagnes russes, condense de la plus belle des manières l'ensemble de ces facettes musicales. Un titre fleuve, où l'on passe de l'intime à l'épique dans un grand écart permanent, parfois sans grande transition et avec une grande souplesse qui frise l'élongation. Ici, des riffs particulièrement virulents qui évoquent les embardées métal de Porcupine Tree embrayent sans sommation sur une folk délicate tandis qu'une batterie synthétique soutenue par des accords de piano évanescents à la Radiohead débouchent finalement sur un crescendo lyrique avec un final en apothéose à la Leprous et des violons orientalisants du plus bel effet. Ce caractère imprévisible permet au morceau de ne pas s’essouffler sur la durée et de rester captivant pour rappeler avec brio les fulgurances les plus épiques des Anglais de The Pineapple Thief (Allez-donc jeter un coup d'oreille ébahie à "Reaching Out", "Too Much to Loose" ou "The Final Thing On My Mind"). En bref, une réussite totale, à l'image de cet album.


Vous l'aurez compris, Berlin Heart frappe définitivement très fort avec ce second opus à la beauté renversante et signe un des tous meilleurs albums de 2022. A l'image de Nicolas Chapel et de son excellent projet Demians il y a maintenant quelques années, Vincent Blanot fait preuve d'une liberté de ton rafraîchissante et s'affranchit des codes qui entravent trop souvent l'imagination des artistes et phagocytent leurs créations. Peu importe qu'il soit progressif, alternatif ou post-ce que vous voulez, le rock s'est trouvé un nouvel Everest. Et ne boudons pas notre plaisir, il est Français.


A écouter : "She Dreamed Of A Pale Light" ; "Crystal Morning" ; "The Low Summit"

Commentaires
Quentin, le 19/12/2023 à 15:20
Merci pour ton retour Cyril ! A quand une collaboration entre Berlin Heart et Pledge of Healing :) ?
Cyril, le 15/12/2023 à 12:57
Alors je ne connaissais absolument pas, je le regrette, et cette superbe chronique m'emmène directement vers 'la découverte de cet univers. Merci Quentin, encore !