Best Coast
Always Tomorrow
Produit par Carlos de la Garza, Justin Meldal-Johnsen
1- Different Light / 2- Everything Has Changed / 3- For the First Time / 4- Graceless Kids / 5- Wreckage / 6- Rollercoaster / 7- Master of My Own Mind / 8- True / 9- Seeing Red / 10- Make It Last / 11- Used To Be
N’y aurait-il pas un petit côté malicieux chez Bethany Cosentino dans le fait même d’avoir nommé son groupe Best Coast ? La meilleure côte, celle de l’ouest donc, ne rentrerait-elle pas en compétition avec celle de l’est où siège la ville de Boston, bastion de Rivers Cuomo et de ses Weezer ? Car c’est bien dans l’ombre du grand W que le duo de Los Angeles semble désormais vouloir s’épanouir, bien loin du côté noisy - shoegazing de ses débuts, cherchant à ravir la couronne de la power pop à ses aînés. À ce petit jeu, Always Tomorrow, comme son grand frère California Nights, dispose d’un certain nombre d’atouts.
On pense immanquablement à “Go Away” (collaboration acidulée entre Cosentino et Cuomo sur Everything Will Be Alright In The End) à l’écoute de “Everything Has Changed”, avec cette diction bien appuyée de la brunette, ces guitares lourdes et chaloupées, cette mélodie radieuse, cette voix enjôleuse, ce bagout post-adolescent. Eh bien le disque dans son ensemble se montre à l’avenant, puissant, racé, coloré, décomplexé. Un peu bas du front, certes, pas très finaud aux entournures. Un album simple, pas prise de tête, qui donne simplement envie de taper du pied et de hocher la tête en cadence. On éprouve une certaine jouissance à l’écoute de l’épatant “Different Light” avec sa rythmique enlevée et ses chœurs ensoleillés, ça ne révolutionne rien mais c’est frais et piquant, en témoigne ce refrain qui s’achève sur des “wait, wait, wait, wait” martelés avec candeur. Always Tomorrow adopte souvent un tempo soutenu et une belle saturation, ce qui lui confère force et dynamisme. Des morceaux qui, dans ce domaine, s’avèrent réussis, avec même de forts beaux moments : “Master Of My Own Mind” tout en couplets contenus - refrains en roue libre, “Make It Last” avec son traitement initialement plus sec et ses jolies textures de cordes onctueuses sur le chorus. Un peu en deçà dans la même veine, “Seeing Red” se repose sans doute un peu trop sur son évidence, tandis que le duo “Graceless Kids” - “Wreckage”, quoique (un peu) plus subtil dans son traitement instrumental en arpèges, ne possède pas la force de frappe des modèles déjà évoqués.
Mais Always Tomorrow sait aussi parfois se poser, débouchant sur de jolies pop songs chewing-gum inoffensives mais non moins aguicheuses (“For The First Time”) ou de belles balades qui fleurent bon le sable chaud et la caresse des vagues (“True”). Moins pertinent sans doute, “Rollercoaster” séduit moins en milieu de liste, plus redondant, moins inattaquable sur le plan de la mélodie. Closant le tout, “Used To Be” rappelle les origines post-shoegaze de Best Coast avec son écho céleste entrant en compétition avec la rugosité de la basse gutturale, et ça fonctionne au poil. Moins surprenant et convaincant que California Nights, moins définitif que les émoluments weezeriens, Always Tomorrow fait néanmoins sonner la power pop au féminin avec une certaine réussite, nous offrant un petit peu d’été avant l’heure en ce morne hiver plombé par la virose ambiante. Qu’à cela ne tienne, on s’en contentera, et plus encore.