
Chinese Man
Racing with the Sun
Produit par
1- Morning Sun / 2- One Past / 3- If You Please / 4- Miss Chang (feat. Taiwan MC, Cyph4) / 5- Saudade / 6- Stand! (feat. Plex Rock) / 7- Racing With the Sun / 8- Down (feat. Scratch Bandits Crew) / 9- In My Room / 10- Get Up (feat. Ex-I, Lush One, Plex Rock) / 11- Ta bom (feat. General Elektriks) / 12- J.O.G.J.A (feat. M2MX, Dubyouth, Kill the DJ) / 13- The King


L'histoire commence comme ça : un jour, une humble chroniqueuse qui ne connaissait Chinese Man que de nom (le célèbre "I've got that Tune" est trop connu et trop évident pour que cela ne compte), vagabondant sur un célèbre site de streaming légal, cliqua sur le dernier album de Chinese Man, attirée par l'artwork, et atterrit en face des 13 titres de Racing with the Sun. Cette chronique représentera donc l'avis d'une auditrice dont la représentation mentale du collectif marseillais s'arrête aux seules frontières de Racing with the Sun : pas d'outils de comparaison disponibles dans les souvenirs des deux précédents opus, car dans cette représentation, ils n'existent pas.
La pochette cartoonesque de l'album et l'introduction aux sonorités asiatiques et aux samples inattendus donnent rapidement le ton : on peut penser à Gorillaz et à Wax Tailor, et à d'autres encore. Et dès les premières pistes, du rythmé et posé "One Past" au mémorable single "Miss Chang", mêlant chant chinois d'une voix piquante et rap/reggae, aucune méprise n'est possible, et les rumeurs sont vraies : Chinese Man, c'est de la trip hop de qualité supérieure, labellisée France qui plus est. Les titres suivants sont, et jusqu'à la fin et sans exception, des pièces de choix, bariolées, variées, mais formant un ensemble cohérent de par sa qualité et par le splendide des paysages et des voyages qu'ils nous inspirent. "Saudade", avec son tempo lent et cette voix profonde de femme rencontrant les sonorités mélancoliques du collectif, évoquent à merveille l'état de tristesse que définit le mot portugais "saudade". Mais juste après, l'ambiance de "Stand !", à la fois orientale et urbaine, éclairée par un sample de discours révolutionnaire et unificateur auquel répondent des voix et par le chant de Plex Rock, donne une énergie rageuse qui pousse à lever les poings. Et la piste s'achève sur un sample vieillot qui scande "good morning merry sunshine..." : les éléments semblent surgir de partout, de films, de personnalités, du hip hop, du rap, du reggae, de toutes les époques, et s'unir sous les manettes de Chinese Man pour ne former qu'un bloc cohérent et raffiné, un patchwork fichtrement divertissant. De la même manière, mais toutes les pistes de l'album en sont un exemple flagrant, "In my Room", avec son chant irréel et ses sonorités sombres et inquiétantes, glace le sang et réjouit à la fois.
Comme on le disait plus haut, les influences orientales et asiatiques, avec en plus la variété des featuring et des ambiances, peuvent effectivement faire penser au Plastic Beach de Gorillaz. Mais sans oser plus de comparaisons, Racing with the Sun est un voyage, une découverte constante, un pur plaisir trip hop assez irrésistible, même si l'on n'est pas un connaisseur ou un habitué du domaine. Les plus grands fans de Chinese Man diront peut-être que Racing with the Sun n'est pas le meilleur album du groupe. Peut-être, mais cet album est, soyez-en sûr, une très motivante façon de commencer avec Chinese Man.