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Critique d'album

Gérald Moizan


New Beginning


(01/11/2025 - - Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par Gérald Moizan, Yann Maury & Yannick Bouvet

Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"En musique ou ailleurs, le secret pour enfreindre les règles avec succès est de comprendre en premier lieu quelles sont les règles..."
Daniel, le 12/12/2025
( mots)

Avis médical 

Il ne faut pas avoir terminé ses études de médecine pour deviner que Gérald Moizan souffre de satrianisme (1), cette affection étrange qui frappe les seuls guitaristes électriques définitivement prodiges. 

Le seul symptôme notable est l’absence radicale de cheveux. Sinon, pour le reste, la maladie est – point négatif – totalement incurable mais – point positif – parfaitement indolore. Nous sommes par ailleurs des milliers de misérables branleurs de manches à rêver en vain de choper le terrible virus en nous exposant à des torrents de décibels. Nombreux sont ceux qui y laissent leur coiffure. Rares sont ceux qui décrochent l’oreille absolue et le doigté magique qui l’accompagne.


Gérald Moizan a, pour sa part, coché toutes les cases !

Il est vrai que le comportement de certains authentiques contaminés est parfois étrange, comme cette surprenante envie de jouer "La Marseillaise" (version endiablée) au milieu d’une patinoire (2) ou "Silent Night", coiffé d’un bonnet de Père Noël, devant un mur garni de grattes électriques.

En soi, ce n’est pas grave. 

Technicien-son pour des concerts majeurs, auteur de vidéos pédagogiques pour le magazine Guitar Part (référence absolue dans le domaine), Gérald Moizan a déjà enregistré deux albums et une palanquée de singles et EP. Il est définitivement capable de tout jouer. Avec talent et bonheur.

Ceci dit, il est connu que la virtuosité instrumentale ne produit pas forcément des œuvres définitivement mémorables. 

Et ce n’est pas Ingwie qui me contredira sur ce sujet délicat.

Voyons voir...

Nouveau départ

Présenté sous un très bel artwork (4) pour le moins intrigant, New Beginning est articulé en deux "faces" (pour parler "rétro") : la première compte une brève mais élégante "Overture" instrumentale et six titres (dont le très long "Three Little Birds") ; la seconde est consacrée à un titre unique, "The Invisible Pain", lui-même décliné en quatre chapitres (5). 

Gérald Moizan (guitare lead et basse) s’est entouré de trois autres prodiges : Yann Maury aux drums, Yannick Rouvet à la guitare rythmique et Gilles Roland Ngningha au chant. 

Techniquement brillantissime, le quatuor délivre une musique ultra-sophistiquée, alternant des développements progressifs, très narratifs et diaboliquement orchestrés, et des titres funky/pop avec cuivres, plus festifs et dansants, rappelant l’étonnant univers d’un Toto juvénile ("Georgy Porgy" ou "Takin’ It Back") qui avait intrigué plus d’un chroniqueur circa 1978.

Cette facette groovy plus commerciale présente un petit côté artificiel qui détonne avec la composante progressive frappée du sceau de la fin des années soixante-dix. Le mariage entre les deux styles n’est pas forcément harmonieux et, malgré de nombreux  plans instrumentaux dignes d’un vertigineux roller coaster de la mort qui tue, des titres comme "Just Like" (aux allures de single), "Empty Road" et "In A Hurry" peinent à convaincre mon cœur trop "binaire" de rocker.

A l’inverse, la plage titulaire est joliment explosive, la ballade "My Saviors" est proprement biblique et les neuf minutes progressives de "Three Little Birds" (un message chargé de pathos qu’un père délivre à ses trois fils) sont imparables. 

N’oubliez jamais les douleurs endurées
Servez-vous d’elles pour vivre avec respect
Ayez soif de connaître tout ce que vous ignorez
Suivez votre chemin, sans vous soucier des règles

En "face B", les quatre chapitres du narratif "The Invisible Pain" évoquent quelquefois les longues plages d’un Yes dans sa période classique ou les délires d’un Dream Theater au mieux de son inspiration. L’ensemble, joliment scénarisé, gentiment naïf tout en étant inspirant, décrit les douloureux conflits intimes d’un être désespéré, confronté à d’effrayants démons intérieurs. Pour rassurer les plus anxieux, la pièce connaît une conclusion heureuse sur une reprise positive et solaire de "New Beginning".

Tandis que mon être git sous les cieux
Mon ultime souffle engendre une renaissance
L’âme ne meurt jamais (...)
C’est la vie qui répond à la mort
Je ne suis pas une fin mais une renaissance

Sur les planches...

Même si, sans malaise aucun, j’éprouve le sentiment que – comme souvent chez les prodiges – la forme démonstrative a parfois tendance à l’emporter sur le fond, la démarche, dans son ensemble, mérite vraiment d’être louée tant Gérald Moizan et ses acolytes délivrent leur musique et leurs messages avec une honnêteté absolue et énormément de générosité.

L’ambition est d’investir rapidement la scène pour aller à la rencontre du public (que l’on souhaite aussi large qu’enthousiaste) avec la même équipe de redoutables musiciens (et le renfort d’un bassiste). 

Les petits rockers, amateurs de virtuosité et de fantaisies progressives festives et rétro-futuristes, savent désormais où ils pourront investir leurs étrennes...


(1)  A la réflexion, c’est peut-être Satriani qui est atteint de Moizanisme aigu.

(2) Les vieux rockers se souviendront d’un autre prodige – Rick Wakeman – qui affectionnait également les patinoires...

(3) La version Deluxe du CD est enrichie de trois titres en public.

(4) Guy Dorotte est un photographe de concert extraordinaire. Son approche de l’image fait que ses clichés vont au-delà du portrait saisi sur le vif. Ses photos "font de la musique". Je suis très impressionné, tout en étant frustré par le fait que le format CD est trop étriqué pour mettre en valeur le travail d’un artiste de cette qualité.

(5) "The Mask", "Voices", "The End" et "New Beginning Reprise".

Cette chronique AlbumRock, labellisée "IA Free", a été tapée, caractère après caractère, par deux vraies vieilles mains humaines sur un clavier en plastique fabriqué à vil prix en Chine.

Je remercie sincèrement les lecteurs et lectrices qui corrigent mes textes et, tout particulièrement, la femme qui partage ma vie et qui peste parce que j’évoque son existence en coda de mes chroniques, ce qui heurte sa modestie naturelle.


 

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