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Critique d'album

Depeche Mode


Delta Machine


(22/03/2013 - Columbia - Electro pop - new wave - Genre : Autres)
Produit par Ben Hillier

1- Welcome to My World / 2- Angel / 3- Heaven / 4- Secret to the End / 5- My Little Universe / 6- Slow / 7- Broken / 8- The Child Inside / 9- Soft Touch/Raw Nerve / 10- Should Be Higher / 11- Alone / 12- Soothe My Soul / 13- Goodbye
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Muséographie de soi."
Kevin, le 12/04/2013
( mots)

C'est intéressant d'introduire un treizième chapitre par un morceau qui s'appelle "Welcome To My World" et qui invoque un album qui, s'il ne dénature pas l'identité de Depeche Mode, n'y apporte strictement rien de nouveau. Alors peut-être ce Delta Machine est à prendre comme la somme de toutes les facettes du groupe, comme les embouchures réunies de tous les fleuves d'inspiration qui composent l'âme du groupe. Le Mississippi de l’électronique, le blues de la cinquantaine, tout ça. Sans doute. Un monde familier quoiqu'il en soit, solidement bâti sur ces berges valeureuses sur lesquelles nous nous sommes baladés, prélassés, pendant des décennies. Car tout au long de ces treize nouveaux titres, Depeche Mode fait une revue de tout ce qu'il sait faire, glacé sous le filtre de la contemporanéité. Une rétrospective de trente ans, avec un tout nouveau background, comme une ode au post-modernisme qui nous explique que tout a déjà été créé et qu'il faut ainsi revenir à ce que l'on sait faire. On parle tout de même ici d'un groupe qui a toujours su repousser ses propres limites et parfois même, les limites de la musique (et du bon goût). C'est ainsi qu'ils se sont forgés, à expérimenter et à mettre les doigts dans le subversif. Delta Machine ne voit pas les choses ainsi, si les expérimentations ont déjà été expérimentées alors il suffit de les remettre au goût du jour. 

Pourtant, certaines excavations n'étaient pas nécessaires et font remonter à la surface tous les excès que les machines peuvent communiquer. Malgré les gymnastiques vocales de Dave Gahan, certaines compositions sont aussi bien lestées que le cadavre d'un malheureux au fond du fleuve, surchargées dans la poche gauche d'un trop-plein d'effets et dans la droite d'un lyrisme trop ostentatoire. Des titres comme "Secret To The End" ou "Should Be Higher" (pourtant tout deux écrits par Gahan himself) sont dans cette veine, des titres loin d'être mauvais, entendons-nous bien, mais qui laissent définitivement un goût de trop, de profusion autant dans la forme que dans le fond. Un goût de déjà-entendu aussi, de surplace sémiotique, un peu comme si le groupe avait voulu résumer tout leur immense talent dans des concentrés de cinq minutes. D'autres comme "Alone" sont tout autant excessifs, mais plus par pêché d'orgueil que par abondance de biens. S'il est un brin tapageur, on retiendra surtout son atmosphère volontairement souillée, reprenant les thèmes chers à Martin Gore, à savoir la spiritualité ("I was your father, your soul, your holy priest and ghost") et la rédemption ("I couldn't save your soul, I couldn't even take you home"). Des paroles comme celles-ci, on en a déjà soupé jusqu'à la lie et là-encore, on n'aurait pu s'attendre à un peu moins d'auto-centrisme. Puis il y a "Soothe My Soul", second single et copie honorable de "John The Revelator" (qui lui-même ne respirait pas l'originalité, malgré son excellente facture) encastrée dans les structures de "Personal Jesus". C'est brusque et sexy, mais ça manque un poil de rage et d'inspiration. Surtout d'inspiration. (Phrase adaptable avec la comparaison "Angel" / "Rush").

Mais les gars sont malins et savent surtout créer des sons comme des chefs. Ils ont donc trouvé la parade, en déshabillant leur musique, ne laissant apparaître que les fabuleux squelettes de leurs morceaux, sans le superflu. Sans oublier également de rappeler les bonnes heures d'un Songs For The Masses ou même de Playing The Angel. "My Little Universe" ou "The Child Inside" (qui est en outre la version vingt ans après de "One Caress", sans les violons, mais passons) en sont les meilleurs exemples. Fluides, débarrassés de toute tension inutile, ils mettent en lumière tout leur talent de composition, cette faculté à monter des morceaux techniques et hypnotisant, avec cette dose de vice en plus-value. Ce n'est, encore une fois, rien de bien nouveau sous le soleil du delta, mais ce qu'ils perdent en originalité, ces morceaux le regagnent en fraîcheur. Entre les deux, "Slow" essaie de la jouer sexuel, comme le groupe l'a toujours si bien fait, mais il ne s'agit pas de mettre en avant un rythme lascif et un riff entêtant pour colporter le stupre. Si bien que le titre finit par lasser, à trop montrer les ficelles de sa turpitude.

D'autres pièces de choix sont disséminés tout du long. Parmi elles, le premier single "Heaven" qui fait la part-belle à toute la sensibilité du groupe et celle de Gahan en particulier, excellent dans ce drame langoureux. L'entrelacs ensorcelant des plusieurs lignes de voix fait sérieusement se dresser les poils, mais pas autant que la mélancolie brute de "Broken". Troisième titre écrit par Gahan, il est l'écrin idoine pour la tessiture de stentor du chanteur et toute sa science de la mélodie. "Broken" est certainement l'un des morceaux les plus pop, mais aussi les mieux arrangés de l'album. Sa progression rappelle par ailleurs le blues façon Depeche Mode, un peu plus noir que bleu, mais qui s'inscrit dans cette idée de communiquer une émotion par la simple narration. C'est également le cas de l'outro "Goodbye", qui reprend les codes et les structures du blues et même un riff terrien à la guitare pour conclure cet album très électronique sur une note à peine plus organique.

Parfois austère, tantôt tiède, Delta Machine n'est cela dit jamais original. Il faut pour autant remarquer le travail acharné effectué sur les textures et les mélodies, comme si Depeche Mode avait cravaché pour être à son propre niveau. Ou pour se rendre un hommage honorable. Depeche Mode a fait du Depeche Mode, ce qui est une bonne chose, sans jamais se cacher ni sans jamais avoir été à côté de la plaque. Le problème, si tant est qu'il y en a un, vient plutôt du fait que Depeche Mode a copié Depeche Mode. Le groupe a pioché dans son armoire, a repoli des sons et remis au goût du jours des mélodies (les exemples les plus criants sont "Soothe My Soul" et "The Child Inside") pour accoucher de cet album. Rien de neuf, aucune nouvelle botte secrète sortie du crâne de Martin Gore, même cet habillage blues renifle les années 80. Reste à savoir s'il faut saluer un album appréciable et maîtrisé, ou regretter un album prévisible. Chacun se fera son idée, ce qui est sur, c'est que même sans n'avoir rien à dire de nouveau, Gore et Gahan sont en mesure de produire un album d'une heure qui tient solidement la route. Ce n'est définitivement pas donné à tout le monde...

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