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5 sur 5 - Episode 2 (François)


François, le 17/11/2025

Il est curieux de constater que la cinquième année d’une décennie rock marque souvent une césure. Il y a alors une première moitié de décennie, puis une année en cinq et, ensuite (ou enfin) une seconde moitié de décennie qui est différente de la première.

Sélection

1965 - Them - The Angry Young Them


Difficile de choisir un album pour l'année 1965. Hélas, ce n'est pas l'embarras du choix qui explique ma gêne : je dois avouer qu'avant 1966-67, soit avant l'arrivée du rock psychédélique et des power trios, les productions rock m'ennuient profondément. Très peu pour moi, le miel de la Mersey beat et de ses ersatz londoniens ou internationaux, idem pour les imitations britanniques mal dégrossies qui reprennent les bluesmen et les stars du rock'n'roll des 50s. Et puisque les groupes en "the" (tu, en voilà) m'emmerdent, en voici un qui se contente d'ajouter un "m", comme pour faire un pied-de-nez à l'époque (mais surtout, en référence à un film d'horreur des années 1950). Them offre également la possibilité d'un détour par l'Irlande du Nord, chose assez rare dans l'histoire du rock pour être mentionnée. The Angry Young Them est le premier album du groupe, dont la postérité a retenu deux éléments : Van Morrison et "Gloria". A Morrison, il aurait néanmoins fallu ajouter Peter Bardens, futur membre de Camel, et Jimmy Page, alors musicien de session. A "Gloria", quelques autres titres qui font passer les Rolling Stones et les Animals pour des enfants de chœurs, car Them, c'est le son de l'époque version sauvage - à l'instar des Kinks. Citons "Mystic Eyes", rien de moins que The Doors avant l'heure, "Little Girl", rien de moins que Dr Feelgood avant l'heure, "Just a Little Bit", rien de moins que "Gloria" bis. L'album n'est pas parfait, il comporte beaucoup de remplissage convenu et de reprises (le mal de l'époque), mais il se démarque au sein des productions de l'époque en préfigurant la vague psychédélique de ce côté-ci de l'Atlantique.  

1975 - Alice Cooper - Welcome to My Nightmare


Les docteurs ès rock le savent, Alice Cooper renvoie à la fois à un groupe, actif entre la Californie et le Michigan de 1964 à 1975, et à l'avatar du leader de cette formation une fois celle-ci séparée, Vincent Furnier. Le tournant a lieu en 1975 avec l'album Welcome to My Nightmare, qui inaugure la carrière solo et donc l'avènement d'Alice Cooper comme figure de la pop culture. Et comme s'il s'agissait de compliquer un peu plus les choses, le groupe s'est reformé cinquante plus tard pour proposer nouvel album en 2025, soit une collaboration entre Alice Cooper (le groupe) et Alice Cooper (l'avatar), ce dernier faisant partie du premier... Ambitieux, Welcome to My Nightmare est un album concept horrifique et grandguignolesque qui suit les pas de Steven dans un cabaret cauchemardesque, à travers ses rencontres avec des personnages terrifiants, introduits par des tubes intemporels - "The Black Widow", "Only Women Bleed", "Department of Youth", "Escape", "Steven". Un Pierre et le Loup moderne, sans Pierre ni Loup, mais avec autant de génie que Prokofiev : aurait-on osé l'affirmer en pleine Guerre Froide ?  

1985 - Omega – The Prophet


En parcourant la production Metal de l'année 1985, plusieurs albums de choix viennent rapidement à l'esprit : le premier opus d'Helloween (Walls of Jericho), acte de naissance du Power Metal, le premier album de Pentagram (Relentless), tout aussi fondateur pour la scène Doom, l'immense Metal Heart d'Accept... Pour autant, je ne résiste pas à vous proposer une rareté tirée de la queue de comète de la New Wave of British Heavy Metal : The Prophet, l'unique album d'Omega. Ce dernier permet d'observer l'influence du rock progressif sur la première scène Metal anglaise, déjà saisissable chez Iron Maiden ou Saracen, mais souvent négligée. Cette esthétique est rendue possible par l'introduction des synthétiseurs, qui rapproche le groupe du néoprogressif contemporain, inaugurant les premiers pas du Metal progressif qui s'épanouira dans la décennie suivante. Au même moment, Fates Warning fait paraître The Spectre Within', également recommandable. A écouter : "The Child", "The Prophet".

1995 - Opeth - Orchid


Dans les années 1990, le rock progressif connaît un renouveau qui s'exprime de multiples façons : la scène néoprogressive, née dans les années 1980, s'épanouie enfin et revisite le versant symphonique du genre, d'autres groupes plus conservateurs cherchent à retrouver un son traditionnel - et largement fantasmé, tandis qu'enfin, le Metal progressif sature le genre dans des directions plus ou moins extrêmes. Aux côtés des Etats-Unis, la Suède est le deuxième grand pôle de cette renaissance progressive, porté par The Flower Kings  Anglagard, Landberk et Anekdoten, ainsi que, côté Metal, Pain of Salvation ou Opeth. Ce dernier groupe s'inscrit dans le Metal extrême - c'est-à-dire Death voire Black sur ce premier opus souvent considéré comme difficile d'accès. Pourtant, Orchid offre déjà une expression parfaite du style profondément original du groupe, tout en étant encore très référencé du fait de l'influence sensible des grands noms du Metal (Iron Maiden) et du rock progressif des années 1970 lors des passages plus folk (Jethro Tull). De ce chaudron créatif incandescent naissent des pièces brillantes comme "The Twilight Is My Robe" et "In the Mist She Was Standing", qui demeurent parmi les plus belles compositions du combo. 

2005 - Gojira - From Mars to Sirius


Mis en lumière lors des Jeux Olympiques de Paris de 2024, Gojira est pourtant devenu depuis longtemps la formation Metal française la plus internationalement connue de l'histoire, qui bénéficie notamment d'une forte popularité aux Etats-Unis, et ce malgré le côté habituellement hermétique du Metal extrême, de la dureté des riffs à l'usage du growl. Il convient donc de trouver, au sein d'une discographie sans faute, une porte d'entrée adaptée au public avide de découvertes et il semble que From Mars to Sirius soit le choix le plus pertinent malgré sa longueur. Manifeste écologiste d'un groupe fermement associé à Sea Shepherd, ce troisième album est à la fois le plus progressif et le plus apaisé, bien qu'il ne renie en rien sa rugosité originelle comme en témoigne l'excellent "Back Bone". Néanmoins, les épopées magistrales comme "Flying Whales" ou "Global Warming" apportent une dimension bien plus ambitieuse à la musique du groupe et en même temps, peut-être plus accessible pour des oreilles sensibles au trop plein de brutalité saturée. Un équilibre, aussi fragile que merveilleux - à l'image de l'écosystème planétaire. 

2015 - Tribulation – Children of the Night


Ceux qui suivent assidument les publications d'Albumrock et en particulier, les chroniques de leur serviteur auteur de ce dossier, seront peut-être étonnés du nombre de groupes issus de la scène dite extrême dans cette sélection. A vrai dire, il s'agit du résultat d'un cheminement lent et permis par des groupes "passerelles" comme Gojira ou encore Tribulation. Car les Suédois ont beaucoup évolué depuis leur premier album donnant dans le Death Metal intransigeant pour proposer une recette étonnante qui maintient cette esthétique extrême en l'hybridant au gothique flamboyant qui culmine sur cet opus devenu culte. Ainsi, le chant caverneux et évidemment guttural, se déploie devant des claviers analogiques, des guitares mélodieuses, des développements quasi progressifs et des riffs très rock, avec une élégance épatante sur "Strange Gateways Beckon", "Melancholia", "Winds", voire même audacieuse par ses mélanges des genres sur "Holy Libations". 

2025 - Propagandhi – At Peace


Si vous m'aviez dit qu'un groupe de punk hardcore intégrerait mon Top 10 de l'année 2025, je ne pense pas que je vous aurais crus - en tout cas, pas avant d'avoir écouté le dernier opus de Propagandhi, At Peace. En effet, le groupe canadien propose ici un album d'une rare pertinence dans l'écriture à la fois tubesque et sans concession. Certes, la catégorisation au sein du "punk hardcore" n'est plus aussi évidente qu'à leurs débuts, tant les éléments issus du Heavy Metal classique demeurent essentiels à leur style hybride - reste les paroles très engagées d'un groupe parmi les plus "woke" de la scène, pour reprendre un terme parasite du débat public. La première moitié de l'album est particulièrement réussie, avec des pépites comme "At Peace" ou "Cat Guy" qui doivent intégrer toute playlist digne de ce nom. Finalement, ce ne sera peut-être pas mon premier choix parmi les sorties 2025, mais il mérite clairement sa place dans cette rétrospective au regard de sa qualité et de l'originalité de son style. 

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