DeWolff
Tascam Tapes
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1- Northpole Blues / 2- Blood Meridian I / 3- It Ain’t Easy / 4- Rain / 5- Made it to 27 / 6- Nothing’s Changing / 7- Let it Fly / 8- Blood Meridian II / 9- Awesomeness of Love / 10- Love is Such a Waste / 11- Am I Losing my Mind / 12- Life in a Fish Tank
"Voici le nouvel album de DeWolff. Celui-ci a été enregistré sur la route pour moins de 50 dollars mais sonne comme un million". Telle est la phrase d’accroche mise en avant sur la pochette de Tascam Tapes sorti en début d’année. Ça sent le bon vieux garage rock cette histoire, encore faut-il tenir ses promesses ! Vous ne connaissez peut-être pas DeWolff ? Et bien figurez-vous qu’il s’agit là de la huitième réalisation de ce jeune groupe originaire des Pays-Bas, formé en 2007 et composé des frères Pablo (chant/guitare) et Luka (batterie) van de Poel, et de Robin Piso (orgue Hammond).
Jeune formation avec huit albums au compteur ? Il y a de quoi être admiratif face à la précocité et la productivité de ce trio, le chanteur rappelant d’ailleurs à travers le titre "Made it to 27" du présent disque, qu’il vient de souffler ses 27 bougies. A noter que Albumrock avait publié un article sur l’album Orchards/Lupine sorti en 2011. Mais il faut admettre que nous avions un peu perdu de vue l’ascension des frères van de Poel. Nous remettons donc les projecteurs sur DeWolff en 2020 !
Inspiré par les illustres groupes des 70’s comme Pink Floyd, The Doors ou encore Led Zeppelin, DeWolff nous propose depuis sa création un rock brut mêlant blues-rock et rock psychédélique. Il est à noter que Tascam Tapes créé une rupture évidente de ton et de style par rapport à ses prédécesseurs. Le trio hollandais a en effet cherché à produire une œuvre plus légère avec un son authentique se rapprochant de leurs performances live. La quasi-totalité de l’album serait issue de sessions d’enregistrement improvisées sur les routes de leur précédente tournée (durant les temps libres : dans un van, les chambres d’hôtels ou encore dans les loges des salles de concerts). Cela étant rendu possible grâce à l'acquisition d'un enregistreur Tascam à cassettes des années 80 ; d’où le titre de cette nouvelle réalisation.
Ce que l’on peut dire, c’est que nous rentrons dans le vif de sujet dès l’introduction "Northpole Blues" durant laquelle le groupe nous balance un blues rock aux accents soul livré dans le plus simple appareil. Chant dénudé, guitares saturées et grésillements sont au menu. Le morceau prend alors un virage surprenant, et pas des plus subtil (peut-être un dysfonctionnement avec l’enregistreur Tascam ?), avec des sons électro produits avec les moyens du bord et une batterie pour le moins rentre-dedans (probablement un sample de batterie assez basique). Cette introduction a de quoi nous laisser un tant soit peu dubitatif. Tout laisse penser que nous nous orientons vers un énième groupe de blues rock tentant de surfer sur le succès de The Black Keys (des débuts) et consorts… mais attendez un peu la suite !
Nous enchainons avec l’excellent "Blood Meridian I", qui nous embarque immédiatement avec son duo guitare-batterie accompagné de chœurs très typés Bee Gees. Le refrain arrive avec ses nappes de synthé rétro, ça groove, c’est dansant…. Simple, mais tellement efficace ! Le groupe va encore plus loin avec le titre "It Ain’t Easy" qui nous projette dans les années 80 avec son funk irrésistible et ses penchants disco. Je vous invite à jeter un œil au clip complètement déjanté et kitch de ce titre. L’ensemble est d’une efficacité redoutable, avec un son rétro du meilleur effet qui pourrait être accentué grâce à une écoute sur vinyle. On commence par hocher la tête en rythme, avant de se dandiner gentiment dans son salon... DeWolff nous fait sortir le temps d’un instant de la morosité ambiante liée à cette année si particulière.
Tascam Tapes ne se contente pas de balancer ses deux potentiels singles dès les premières pistes en jouant la fibre nostalgique, il révèle tout au long de l’écoute d’autres morceaux tout aussi excellents et entrainants ("Nothing’s Changing" et "Let it Fly").
Le groupe continue de nous surprendre avec les sonorités plus électroniques de "Awesomeness of Love" ou avec les samples composés de cris/grognements de "Love is Such a Waste". Le trio sait également poser des moments de quiétudes appréciables avec des balades dénuées de tout artifice durant lesquelles on profite de la voie chaleureuse de Pablo von de Poel. Ce dernier est d’ailleurs un véritable atout et présente une palette vocale plus large qu’il n’y parait ("Rain" et "Am I Losing My Mind").
On termine avec le morceau "Life in a Fish Tank", qui nous fait sortir de cet album avec la banane. Je ne sais pas l’expliquer, mais ce morceau m’a saisi immédiatement de part sa simplicité et son couplet entêtant.
DeWolff signe avec Tascam Tapes une des très belles surprises rock de l’année 2020. Au final, on ne saura pas si l’album a réellement coûté 50 dollars, mais on reste admiratif face au talent presque insolent de ce groupe qui mériterait amplement une plus grande notoriété en France. Au travers de cet album, le trio néerlandais puise dans un large registre d’influences allant de la soul jusqu’au disco en passant par un blues rock plus moderne, et ceci sans jamais tomber dans la caricature. Ce qui en fait, tout simplement, un condensé de rock affranchi de toute fioriture jusque dans son mode d’enregistrement rudimentaire. Si ça c’est pas Rock’n roll ?!
PS : Bien que relativement différents dans leurs styles, je ne saurais que vous conseiller de jeter une oreille aux précédents albums, notamment Roux-Ga-Roux et Thrust.