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Critique d'album

Eagles


Desperado


(00/04/1973 - - Rock US - Genre : Rock)
Produit par

1- Doolin-Dalton (LP Version) / 2- Twenty-One (LP Version) / 3- Out Of Control (LP Version) / 4- Tequila Sunrise (LP Version) / 5- Desperado (LP Version) / 6- Certain Kind Of Fool (LP Version) / 7- Doolin-Dalton (Instrumental Version) / 8- Outlaw Man (LP Version) / 9- Saturday Night ( LP Version) / 10- Bitter Creek (LP Version) / 11- Doolin-Dalton/Desperado (Reprise)
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Desperado ou le temps des jours heureux pour les Eagles"
Guillaume , le 29/04/2023
( mots)

Pour beaucoup, les Eagles sont synonymes de Rock à papa mou et gonflant, dont leur "Hotel California" a certainement occasionné des massacres d’autoradio en règle, tant elle sortait par les yeux des kids en cruel manque d’excitation rock… Qui allait advenir quelque mois plus tard avec la peste Punk. Remettons l’église au milieu du village. Avant de se vautrer dans un soft rock ennuyeux, Eagles distillait aux foules consentantes, un country rock racé, gavé d’harmonies vocales de haut vol, dans la droite lignée des Crosby, Stills, Nash and Young.


Leur premier effort  sorti en 1972 se fait remarquer à la faveur d’un single foudroyant "Take it easy", qui montre la voie à suivre pour la nouvelle vague country rock californien, à l'image des excellents Poco qui ont dû ramer pendant des années pour s’attirer les bonnes grâces du grand public (ils allaient fournir deux bassistes aux Eagles, lassés de l’insuccès de leur précédente formation). Pour le "toujours difficile" deuxième album, par des soucis de respectabilité (certains diront que le vers était déjà dans le fruit), le guitariste Glenn Frey souhaite s’orienter vers le concept album. Et plus précisément les outlaws sévissant durant la conquête de l’Ouest comme le gang Doolin-Dalton. Avec sa petite lorgnette de rock star en puissance, Frey comparait sa vie dans la jungle du cirque rock à celle d’une sanglante bande de hors-la-loi recherchée dans plusieurs états… Hum hum. Ce deuxième opus - enregistré à Londres (!) courant 1973 - voit l'émergence des talents d’auteur- compositeur-interprète de Don Henley éclater à la face du monde, poussé à la collaboration par Glenn Frey. La voix de chamallow vanille du batteur-chanteur allait séduire massivement les radios FM et paver la route des Eagles vers l’infini et au-delà.


Son doux timbre mélancolique sied idéalement aux paisibles balades folk émaillant l’album. C’est lui qui lance les hostilités sur "Doolin Dalton", épopée romanesque des deux célèbres outlaws sur laquelle participe Jackson Browne J. D. Souther, co-auteurs du titre. Henley se taille la part du lion mainstream avec la grandiloquente "Desperado", tout en arrangements dégoulinants de muzak. On a presque envie de fermer les yeux et d’allumer son briquet en dodelinant de la tête.


Changement d’ambiance avec les compositions de Bernie Leadon. Seul membre du groupe à composer entièrement (les autres chansons sont torchées à quatre, à six, voire à 8 mains), Leadon incarne le rocher country-bluegrass auquel les autres membres du groupe peuvent s’arrimer si le besoin s’en fait sentir. Membre des mythiques Dillard & Clark puis des Flying Burrito Brothers, ses banjos, pedals steel, mandolines… garantissent l’héritage western des débuts qui, le succès aidant, allait s’étioler lentement jusqu’à s’évaporer complètement sur Hotel California (Leadon se retira juste avant l’enregistrement de ce dernier). Il sort sa panoplie du parfait émule de Bill Monroe sur la trottinante "Twenty-one". L'impressionnante "Bitter Creek", autre legs de Leadon, est un Blues-Folk mystique de haute volée : les guitares acoustiques, sinueuses, syncopées sur lesquelles planent des chœurs hantés. Ces fameuses harmonies vocales qui avaient tant impressionné le grand Glyn Johns au cours d’une audition de la dernière chance. Art qu’ils avaient perfectionné à leurs débuts en tant que backing band de Linda Rondstadt.


En lien direct avec le son du premier album, bien plus charpenté que celui de Desperado, Glenn Frey envoie le bien nommé "Out of control", boogie fou furieux, typique de la production Rock du début des seventies. Le tonnerre continue de gronder au-dessus des plaines arides du Kansas à travers ce sombre récit d’un hors-la-loi en cavale ("Outlaw man"). Étonnamment, malgré son aspect pessimiste, le titre est choisi en tant que deuxième single de l’album, expliquant en partie le manque de succès de Desperado. Frey est également à l'œuvre derrière cette splendeur des petits matins qu’est "Tequila sunrise" . Nonobstant ses saveurs mariachis, difficile d’écouter ce feeling alangui, faussement californien - typiquement le genre de titre qui finirait par définir le son décontracté, irrésistible du groupe - sans penser à Gram Parsons, l’ange déchu de la Musique Cosmique Américaine qui donna les clés du country-rock aux Byrds puis aux Rolling Stones (lors de l’enregistrement d’"Exile on main street"), dont les Eagles suivaient les moindres faits et gestes en amoureux transis.


La réussite artistique des premiers Eagles tient au principe de démocratie égalitaire, bien plus que dans n’importe quel autre gang de rockeurs - l’autocrate Roger Waters ne tiendrait pas cinq minutes ici. Au sein des Eagles, chacun écrit, compose, assure les chœurs, chante … Afin de boucler la boucle, le bassiste Randy Meisner y va de son tour de chant ("Certain kind of cool") qui occupait davantage d’espace sur Eagles, premier du nom. A ce moment là, nos quatre yankees étaient loin de s’imaginer le triomphe sans précédent qui les attendaient au tournant de leur Their Greatest Hits 1971-1975 (sorti en 1976, il demeure encore à ce jour la meilleure vente de tous les temps au pays de l’Oncle Sam) et surtout du méticuleusement préparé Hotel California et toutes les emmerdes afférentes… Jusqu’à l'inévitable dissolution. Desperado ou le temps des jours heureux pour les Eagles.


A écouter : "Tequila sunrise", "Outlaw man", "Bitter creek"

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