Editors
The Back Room
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1- Lights / 2- Munich / 3- Bloodstain / 4- Fall / 5- All sparks / 6- Camera / 7- Fingers in the factories / 8- Bullets / 9- Someone says / 10- Open your arms / 11- Distance
Il y a des échecs français qu'on a parfois du mal à comprendre. Editors est sûrement l'un des plus marquants. Depuis 2005 et la sortie de The Back Room, ces quatre anglais cartonnent sur leur île natale, distribuent les galettes au million et remplissent les plus grandes salles, Arena de Birmigham et Alexandra Palace de Londres en tête. Le groupe est même arrivé deuxième au classement des plus grands groupes de rock anglais de la décennie réalisé par The Mail on Sunday (après Arctic Monkeys). Mais si The Back Room et An End As A Start ont tout les deux franchi la Manche, le groupe est loin de bénéficier de l'accueil réservé à ces mêmes Arctic Monkeys, aux Kooks ou même à Hard-Fi. Alors quoi ? C'est pas bien Editors ?
Et bien si. C'est bien, Editors. C'est même mieux que bien. Depuis leur formation en 2002, ces quatre anciens étudiants en musicologie des environs de Birmingham ont su créer leur univers, et ressusciter dans le même temps ce qu'en France on aime appeler la "cold wave". Souvent comparé à Joy Division pour la voix de son chanteur et ses atmosphères parfois glaciales, Editors est surtout devenu avec le succès le pendant britannique d'Interpol. Et si des ressemblances existent bien, elles ne sont pas si nombreuses, et on notera que lorsque les Américains privilégient les petites mélodies lancinantes à la guitare, les Anglais choisissent soit l'efficacité rythmique de ces mêmes guitares, soit les basses profondes.
En clair, qu'est ce que ça donne ? The Back Room s'ouvre sur trois titre sortis en single en Angleterre et qui expliquent assez bien le succès immédiat du groupe. "Light", "Munich" et "Blood" fonctionnent pratiquement sur le même schéma, une mélodie diablement efficace, un contre-chant à la guitare, une batterie saccadée, et surtout, la voix impressionnante de Tom Smith qui vous déballe sans frémir des paroles d'une belle simplicité. Pour "Fall", le tempo se calme et à travers une mélodie lancinante, on plonge dans les profondeurs glaciales d'un morceaux orchestré au millimètre. Clairement à éviter les soirs de déprime car dramatiquement efficace. Heureusement, ce n'était que pour mieux faire éclater "All sparks", qui malgré son thème toujours aussi joyeux ("You burn like a bouncing cigarette, all sparks will burn out, in the end"), est plutôt du genre à donner envie de bouger. Là, Editors choisit de casser le rythme et glisse avant l'efficace et dynamique "Fingers in the Factory", le superbe "Camera". Pour ce morceau, voilà les synthés, ambiance religieuse pour un de ces petits moments de grâce où tout est juste parfait.
Avec "Bullets", voici un autre titre sorti en single. Une évidence, car celui qui écoute ce disque sans avoir un "you don't need this disease" qui tourne en boucle dans sa tête ensuite est plutôt balèze. Aussi, probable que le titre "Someone Says" qui suit s'en trouve pénalisé. La rythmique est un peu similaire, mais on n'atteint pas la même efficacité martiale, et le morceau garde un petit goût d'inachevé. Nouveau changement de tempo pour clore l'album, et une impression de relâchement qui se confirme, "Open your arms" est en soi un morceau réussi, mais joue trop sur le même shéma que "Camera", sans atteindre son intensité. Enfin, le titre "Distance", un peu long à éclore, clôt moyennement l'album.
The Back Room est un premier opus comme on en voit peu. Certes, Editors avait déjà fait ses armes sous d'autres noms et à travers de nombreux EP avant de le sortir, mais malgré tout, peu nombreuses sont les premières réalisations d'une telle qualité sonore, tant au niveau des compositions que des arrangements. Et ce n'était là qu'une prémice, puisqu'avec An End As A Start deux ans plus tard, les anglais allaient franchir un nouveau cap.