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Critique d'album

The Mars Volta


The Mars Volta


(16/09/2022 - - Rock progressif barré - Genre : Rock)
Produit par

1- Blacklight Shine / 2- Graveyard Love / 3- Shore Story / 4- Blank Condolences / 5- Vigil / 6- Que Dios Te Maldiga Mi Corazon / 7- Cerulea / 8- Flash Burns From Flashbacks / 9- Palm Full Of Crux / 10- No Case Gain / 11- Tourmaline / 12- Equus 3 / 13- Collapsible Shoulders / 14- The Requisition
Note de 2/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Le grand volt(a)-face, pour le meilleur et pour le pire."
Quentin, le 13/08/2025
( mots)

Si les comeback suscitent souvent autant d'attente que d'appréhension, celui de The Mars Volta pouvait assurément en faire saliver plus d’un. La dissolution du groupe mené par Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez en 2013 avait laissé une horde de fans orphelins de l’un des groupes les plus enthousiasmants de la sphère progressive du 21ème siècle. Officiellement, c’est la prise de distance d’Omar Rodriguez-Lopez avec the Mars Volta et l’annulation de la tournée américaine pour pouvoir se consacrer pleinement à son nouveau projet Bosnian Rainbows qui est invoquée par Cedric Bixler-Zavala pour justifier la décision d’enterrer la geste martienne. Si les deux texans entretenaient depuis plusieurs années une relation créative aussi fusionnelle que tumultueuse, en attestent les multiples changements de personnel, la communication semblait à ce point rompue qu’on ne pouvait imaginer une possible reformation.


Durant cette période, Cedric Bixler-Zavala est passé par toutes les phases, de la paternité (le grand chamboulement) à la scientologie (contre laquelle il a gardé un véritable ressentiment), tout en renouant progressivement le contact avec son acolyte par le biais de son entourage familial, jusqu’à participer à l’aventure Antemasque. De son côté, Omar Rodriguez-Lopez multiplie les projets (jusqu’à publier un album par mois certaines années) jusqu’à ce qu’en 2019 le groupe prenne la décision de se reformer avec une volonté de changer drastiquement leur identité musicale. Si Omar Rodriguez-Lopez militait depuis plusieurs albums déjà pour une orientation plus pop, et si Octahedron et Nocturniquet amorçaient déjà ce virage, l’album en préparation opère une mue complète propre à désarçonner un public habitué aux tornades expérimentales et autres explosions sonores. Pour l’enregistrement, le duo texan s’entoure de la bassiste Eva Gardner, du batteur Willy Rodriguez Quiñones mais également de Marcel Rodríguez-Lopez aux claviers et aux percussions. Finalement, le 18 juin 2022, le groupe révèle des coordonnées géographiques à Los Angeles avec la diffusion en avant-première de nouvelles compositions et l’annonce d’une tournée prochaine avant la parution de ce nouvel album, sobrement intitulé the Mars Volta, synonyme d’un nouveau départ pour le groupe.


Et c’est peu de dire que la nouvelle direction prise par le duo est déroutante, pour ne pas dire clivante. Quatorze titres au format extrêmement court (3 minutes en moyenne) se succèdent sans aucune place pour les développements instrumentaux ambitieux d’antan. Les influences punk, jazz et progressives sont quasi-enterrées, tout comme les loufoqueries passées qui faisaient pourtant la signature du groupe. Seuls les textes cryptiques épris de réflexions métaphysiques obscures matinées de science-fiction sont conservés, et si personne ne regrettera de ne plus entendre les chants de grenouilles ou les voix trafiquotées à l’extrême qui ont longtemps fait figure de repoussoir, il est cependant désarçonnant de voir à quel point The Mars Volta embrasse le mainstream.


Misant tout sur la voix surnaturelle de Cedric Bixler-Zavala et sur un sentiment d’immédiateté mélodique, le combo texan nous propose en majorité des compositions préformatées adaptées aux standards radiophoniques. Et disons-le clairement, ils peinent à convaincre dans cet exercice, notamment sur les ballades de la première partie du disque, à l’instar de "Shore Story" et "Vigil" qui versent dans le sirupeux emphatique et sont plus vite oubliées qu’écoutées. La discrétion d’Omar Rodriguez-Lopez (aucun riff sur l’album…) amène logiquement Cedric Bixler-Zavala à prendre toute la place avec ses immenses qualités vocales mais aussi ses excès, son chant perçant s’avérant tout simplement insupportable sur "No Case Gain" ainsi que sur son pendant plus psychédélique "Collapsible Shoulders". On s’agacera des textures électro un peu trop baveuses de "Graveyard Love" et on aura dès lors tôt fait de vilipender ce nouvel album, un brin d’amertume dans les oreilles.


Ce serait pourtant émettre un jugement trop expéditif car sous la fadeur apparente, cette nouvelle formule cache de vraies réussites, notamment lorsque le groupe renoue avec les colorations latines et les rythmiques élancées de "Blacklight Shine" et de l’excellent et malheureusement bien trop court "Que Dios Te Maldiga Mi Corazon". Le titre "Blank Condolences" se paye également un refrain assez accrocheur et apporte un peu de joie lorsqu’Omar Rodriguez-Lopez daigne égrener quelques notes sur sa guitare. Il faudra également prêter attention aux détails pour apprécier les délicieux claviers jazzy en arrière-plan de la rythmique électro lourde de "Equus 3" ou les multiples textures sonores qui tapissent "Flash Burns From Flashbacks". Ce nouveau crû convainc surtout dès que le chant se fait plus mesuré et nuancé à l’image de la fragilité ressentie sur le très aérien "Cerulea", et lorsque la finesse des arrangements jazzy prend le dessus sur l’émouvante ballade "Palm Full Of Crux" composée en hommage aux compagnons de route passés et décédés. Point d’orgue de cette vulnérabilité affichée, "Tourmaline" s’avère poignante de bout en bout et offre un instant suspendu hors du temps. En clôture de l’album, "The Requisition" renoue en partie avec l’esprit Mars Volta originel avec une structure plus éclatée et des tics de composition qui se rappellent à notre bon souvenir (cette désespérante fin abrupte pile quand le morceau allait prendre son envol).


En définitive, The Mars Volta est assurément un album paradoxal. Il est le signe d’un grand courage de la part du duo texan qui a délibérément pris le risque de s’aliéner une partie de ses auditeurs les plus investis, d’autant plus que leurs attentes étaient forcément grandes pour un retour souhaité aussi ardemment depuis 10 ans. Les deux musiciens d’El Paso n’ont pas hésité à envoyer valdinguer toutes ces attentes au nom de leurs propres envies (on écarte d’emblée tout calcul mercantile, Mars Volta a toujours vendu des albums, même et surtout au paroxysme de leur folie). En cela, cet album est synonyme d’une certaine audace qu’on ne peut que saluer à condition que l’on accepte que nos idoles passées puissent avoir envie d’évoluer de leur côté sans nous demander notre avis. Et dans le même temps, le choix d’aller allégrement se vautrer dans le conventionnel ne sied pas du tout au groupe, qui perd là une partie de la raison de son existence : mettre un joyeux bordel. On ne peut donc pas s’empêcher de penser que le groupe s’égare et que ce choix est surtout synonyme d’un énorme potentiel gâché.


De toute évidence, si la simplification d’un registre perçu comme indigeste par le plus grand nombre a certainement permis d’ouvrir la musique du combo texan à un nouveau public, ce rapprochement commercial a également été vécu comme une désillusion, voire même une trahison. En ce qui nous concerne, la déception prédomine encore. On vous laisse vous faire votre propre opinion. 

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