
English Teacher
This Could Be Texas
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1- Albatross / 2- The World's Biggest Paving Slab / 3- Broken Biscuits / 4- I'm Not Crying, You're Crying / 5- Mastermind Specialism / 6- This Could Be Texas / 7- Not Everybody Gets to Go to Space / 8- R&B / 9- Nearly Daffodils / 10- The Best Tears of Your Life / 11- You Blister My Paint / 12- Sideboob / 13- Albert Road


Le groupe du Lancashire emmené par Lily Fontaine nous propose cet album aux multiples couleurs et textures qui met en lumière toute sa virtuosité. Le voyage commence immédiatement par un envol avec "Albatross" qui fait montre de la recette qui sera employée toute la suite de l’œuvre : de jolis motifs mélodiques à la guitare, parfois même à la basse, semblant spiraler et flotter en l’air, qui s’accouplent à des rythmes dictés précisément, souvent changeants et inhabituels. La transition avec "The World’s Biggest Paving Slab" est parfaite et nous emmène sur quelque chose d’alléchant en termes de saveurs sonores, je veux parler de cette mélodie musclée qui semble galoper vers un refrain explosif complété par des touches aériennes de synthétiseurs. Par ailleurs, la qualité des arrangements fait qu’il y a toujours quelque chose à redécouvrir lorsqu’on écoute les pistes de cet album. Son son post-punk teinté de Jazz, ce qui semble être un vrai phénomène Outre-Manche, est néanmoins assez unique du fait de la technique des musiciens qui pour la plupart sont des ressortissants du conservatoire. Une discipline assurée qui se ressent jusque dans le phrasé impeccable de certaines lignes mélodiques à la guitare par exemple sur "This Could Be Texas".
Après quelques morceaux qui, peut-être, nécessiteront plusieurs écoutes pour pouvoir être pleinement appréciés, la tracklist débouche sur le titre éponyme qui nous propose un commentaire politique doux-amer déposé sur de jolis couplets au piano entrecoupés de refrains et d’interludes toujours plus surprenants. Le piano de Douglas Frost (qui est aussi le batteur) joue effectivement des parties émouvantes dans plusieurs morceaux de l’album, en particulier "You Blister My Paint", un titre qui ne manque pas de vous prendre aux tripes, évoquant une romance désabusée et ancrée dans l’ère des mass-médias.
D’autres titres comme "R&B" et "Nearly Daffodils" mettent en avant le bassiste du groupe, Nicholas Eden, qui est capable tout aussi bien des arrangements les plus subtils que des riffs les plus dynamiques, celui des Daffodils est unique en son genre évoquant une sorte d’arabesque pleine d’effets sonores qui structure le morceau de manière originale à la fois rythmiquement et au niveau de la texture. Une vraie toile de fond. C’est dans cet univers florissant que Fontaine dévoile des textes tantôt assez banals tantôt très accrocheurs mais toujours avec une voix d’une netteté agréable. Autre expérimentation du groupe, l’utilisation de l’autotune, chose assez rare dans le rock indé, sur le refrain des "Best Tears of Your Life" qui peut laisser perplexe mais ajoute une nouvelle couche d’originalité à cet album plein de rebondissements.
L’œuvre se termine plus tranquillement sur des ambiances éthérées, au bord de la mélancolie mais toujours en trahissant l’ennui. On se retrouve alors dans une atmosphère poétique et vaporeuse qui contraste avec les rythmes entraînants, presque tapageurs, rencontrés plus tôt. La promenade prendra fin sur Albert Road, un beau final où les guitares reprennent le dessus comme pour marquer la fin de la parade à coups de saccades. This Could Be Texas est un bel album qui vaut de prêter l’oreille à ses sonorités audacieuses, même si dans ce méli-mélo on se demande parfois qui fait quoi. N’est-ce pas là le charme ?